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De nouveaux médicaments contre le cancer

De petites étoiles brillent dans ses yeux lorsqu'il raconte son premier essai de STI571, nom de code du Glivec, chez une malade atteinte d'un cancer de l'estomac très particulier appelé GIST (pour gastro-intestinal stromal tumor). "Elle était au bout du rouleau, le foie plein de métastases,raconte le professeur Jean-Yves Blay, de l'hôpital Edouard-Herriot et du Centre anticancéreux Léon-Bérard à Lyon. Elle a pris quatre comprimés par jour et elle a ressuscité ! En quelques jours, tout avait disparu. C'est le rêve de tout cancérologue : donner une pilule qui fait fondre les tumeurs et rend le malade à la vie." Cette belle histoire ne doit pas laisser croire que l'on a vaincu le cancer. Elle annonce cependant une véritable révolution avec la mise au point de médicaments très spécifiques et peu toxiques, nés grâce à la décortication du mécanisme moléculaire conduisant à la cancérisation. Le Glivec a été mis au point pour inhiber des enzymes dont la fonction est de transférer des radicaux phosphate sur des sites particuliers des protéines entourant une tyrosine. Ces enzymes sont des tyrosine-kinases. Elles jouent un rôle de premier plan dans la transmission intracellulaire des signaux de croissance intimant à la cellule l'ordre de se reproduire, mais sont aussi souvent impliquées dans les processus de cancérisation. La grande nouveauté de l'effet du STI571 est qu'il est durable. Les malades répondeurs ne voient plus leurs tumeurs progresser tant qu'ils sont traités. Mais il est difficile d'envisager d'arrêter le traitement ; la maladie devient chronique, tout arrêt thérapeutique voit la résurgence des tumeurs. La même démarche est appliquée pour les tumeurs dépendantes des récepteurs des facteurs de croissance épidermique, EGF-R. Ce sont aussi des protéines à activité tyrosine-kinase. L'EGF-R est surexprimé dans de très nombreux cancers attaquant les épithéliums, notamment ceux touchant la tête et le cou, les reins, les poumons, le côlon et le tissu cérébral. Un inhibiteur direct de son activité tyrosine-kinase, l'Iressa, est en cours de test. Par ailleurs, des anticorps spécifiquement dirigés contre la partie extracellulaire de ces récepteurs sont aussi en cours de tests. Ce ne sont là que quelques exemples parmi les plus significatifs des progrès thérapeutiques en cancérologie. L'avenir est à des produits parfaitement ciblés et adaptés, en outre, à chacun des malades. Il est vraisemblable aussi que les traitements comprendront une combinaison de molécules ne laissant pas la place à l'échappement thérapeutique. L'efficacité devient alors absolument remarquable. Mais, pour y parvenir, il faut encore beaucoup de recherche. "On ne peut plus concevoir un grand service de cancérologie sans son laboratoire de recherche incorporé. L'anatomie pathologique et la génétique sont au coeur de la nouvelle oncologie", constate Jean-Yves Pierga, praticien hospitalier-chercheur à l'Institut Curie.

Le Monde :

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3244--194465-,00.html

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