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Un nouveau cap franchi dans la recherche contre le VIH
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A la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), le professeur Jeremy Luban et son équipe viennent de franchir une étape importante vers ce qui, dans plusieurs années, pourrait déboucher sur un vaccin contre le virus du sida. Les scientifiques sont parvenus à cerner le fonctionnement de la protéine TRIM-5 et le blocage temporaire qu’elle induit de la propagation du rétrovirus chez l’humain. Si on savait jusqu’ici que cette protéine joue bien un rôle décisif dans l’inhibition du VIH, les recherches du professeur Luban révèlent aujourd’hui avec précision comment elle opère. Publiés dans la revue Nature, ces résultats revêtent une importance capitale pour la recherche d’une solution thérapeutique efficace au problème du VIH.
Lorsqu’une personne est infectée par le VIH, dans un grand nombre de cas, le virus met plusieurs années avant de se propager dans ses cellules et de prendre la forme de la maladie qui lui est associée : le sida ou syndrome de l'immunodéficience acquise. Pour le professeur Jeremy Luban, du Département de microbiologie et de médecine moléculaire de l’UNIGE, ce « délai », qui dure en moyenne dix ans, pourrait bien résulter de la réponse immunitaire innée du corps humain à l’intrusion du virus et, plus particulièrement, du rôle joué par la protéine TRIM-5 dans ce cadre.
Le chercheur et son groupe viennent ainsi de porter au jour le fait que TRIM-5 fonctionne à la manière d’un récepteur qui reconnaît le comportement spécifique du rétrovirus VIH. Capable, grâce à ses mécanismes moléculaires propres, d’identifier la structure singulière du VIH, TRIM-5 donne immédiatement l’alerte au système immunitaire inné quand la molécule étrangère est présente dans l’organisme.
Pour saisir les implications de cette découverte, il est nécessaire de l’inscrire dans la continuité des recherches sur le VIH et de s’arrêter sur la part que Jeremy Luban y a prise. En effet, c’est en 2004 qu’un doctorant de son laboratoire, alors situé à l’Université Columbia de New York, a identifié la protéine cellulaire qui, chez la plupart des singes, empêche l'infection par rétrovirus. Le laboratoire a isolé ce gène et l’a testé sur des cultures de cellules humaines, puis chez des souris transgéniques présentant les mêmes caractéristiques immunitaires qu’un être humain préalablement infecté par le sida. Ce gène s’est montré aussi actif que son équivalent simiesque en tant qu’inhibiteur de la reproduction du virus. Dès lors, cette protéine a passionné de très nombreux chercheurs (elle a fait l’objet de 300 publications dans des revues scientifiques importantes en moins de deux ans) sans qu’on connaisse toutefois son mode de fonctionnement.
Les résultats des recherches de Jeremy Luban soulèvent beaucoup de nouvelles questions, à commencer par la différence d’« efficacité » de TRIM-5 entre le singe et l’humain. En effet, là où la protéine bloque de façon durable la progression du virus chez le singe, elle ne parvient pas à le faire aussi longtemps chez l’humain.
« On peut présumer que, chez l’humain, TRIM-5 bloque de façon trop faible l’avancée du virus vers le noyau de la cellule en raison du manque de force de sa liaison avec le coeur du VIH. Une voie d’investigation privilégiée actuellement, pour la conception d’un vaccin, est donc la recherche des possibilités de renforcement de cette liaison » déclare Jeremy Luban. Cependant, comme le précise aussitôt le scientifique, cet objectif est encore distant et réclame la poursuite des investigations sur le fonctionnement du VIH en général et de TRIM-5 en particulier.
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