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Notre cerveau déforme les souvenirs pour mieux les mémoriser

Prenons trois membres d’une même famille relatant ensemble un événement commun passé. Le premier donne une version, le second la sienne et le troisième évoque une histoire encore quelque peu différente. Cette différence dans les récits n’est pas le fruit du hasard dans la mesure où les souvenirs sont subjectifs. Les événements réels font l’objet d’une déformation et d’une distorsion pouvant s’expliquer de manière scientifique.

Une équipe de chercheurs de l’Université d’État de l’Oregon (États-Unis) a publié une étude sur ce sujet dans la revue JNeurosci le 22 février 2021. Selon eux, cette déformation permet au cerveau de mieux se rappeler des souvenirs que nous avons vécus.

Dans le cadre de l’étude, les scientifiques ont demandé à des volontaires de mémoriser des visages associés à des objets. L’objectif était de retrouver le bon objet en présentant le visage correspondant. Toutefois, les objets en question étaient très semblables les uns par rapport aux autres malgré des différences notables au niveau des couleurs.

Les participants pouvaient se souvenir de couples visage-objet après un jour d’entraînement intensif. Le lendemain, les participants devaient retrouver un objet correspondant à tel ou tel visage en particulier. Une roue de couleur fut utilisée pour les aider à se rappeler de la couleur de l’objet en question.

Or, les chercheurs ont remarqué que les volontaires exagéraient les différences de couleurs entre des objets très similaires. Par exemple, si deux objets étaient de couleur brune, mais que l’un d’entre eux tirait un peu sur le rouge, les participants s’en souvenaient comme étant complètement rouge.

Par la suite, les volontaires devaient imaginer l’objet correspondant à un visage tout en subissant une imagerie par résonance magnétique (IRM). Les chercheurs disent avoir focalisé leur attention sur le cortex pariétal, la zone du cerveau contenant les souvenirs lorsque nous essayons de nous en rappeler. Or, selon les données obtenues, l’exagération des souvenirs se reflète dans cette partie du cerveau. En fonction de la difficulté éprouvée pour différencier les objets, les participants exagéraient leurs souvenirs, mais cette même exagération était aussi le fait de l’activation du cortex pariétal.

Les scientifiques ont également remarqué un autre phénomène intéressant. L’intensité de l’exagération allait de pair avec une certaine “qualité” du souvenir. Selon les scientifiques, le cerveau doit stocker une quantité très importante de souvenirs. Or, la superposition de souvenirs est inévitable, surtout que certains se ressemblent et engendrent donc des interférences. La déformation des souvenirs serait donc un comportement adaptatif pour permettre au cerveau de résoudre ces fameuses interférences et consolider les souvenirs.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Science Post

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