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Edito
Covid 19 : quelles leçons pouvons-nous tirer de cette pandémie mondiale 5 ans après ?

Il y a 5 ans, le 16 mars 2020, tous les Français se sont retrouvés confinés à leur domicile. Une épidémie virale, apparue en novembre 2019 à Wuhan, en Chine, se propage à travers le monde. Le 26 février 2020, un premier patient français décédait dans l’Oise du Covid-19, une maladie infectieuse respiratoire causée par le SARS-CoV-2, un virus très contagieux, encore largement inconnu à l'époque. En quelques semaines, cette pandémie très violente va déferler sur le Monde, saturer les hôpitaux, mettre à genoux l’économie et placer les dirigeants et les scientifiques du monde entier face à une crise sanitaire d'une ampleur inédite depuis un siècle. Le bilan officiel de l’OMS était de 6,9 millions de morts du Covid-19 au 3 mai 2023. Mais ces chiffres sont certainement bien en deçà de la réalité. De nombreux pays, par manque de moyens sanitaires, ont mis beaucoup de temps à détecter le virus et à l'identifier formellement comme cause de décès. L’OMS a estimé, pour la seule période 2020-2021, que près de 15 millions de personnes dans le monde étaient décédées directement ou indirectement du Covid. Finalement, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a revu ce bilan à la hausse et estimé que la pandémie de Covid a fait au moins 20 millions de morts au total, ce qui en fait la troisième épidémie mondiale la plus dévastatrice depuis plus d'un siècle, derrière la terrible grippe espagnole de 1918-1919 (environ 60 millions de morts) et le Sida (environ 35 millions de morts à ce jour).
En juillet 2022, une vaste modélisation de l’Imperial College de Londres a estimé le nombre de décès supplémentaires qui auraient probablement eu lieu dans le monde à cause de l'épidémie de Covid, si nous n'avions pas disposé des vaccins. Ce travail très rigoureux montre que la vaccination a évité entre 60 % et 80 % des décès mondiaux dus au Covid. Les chercheurs ont analysé la dynamique de l'épidémie dans 185 pays durant l’année 2021, afin de modéliser comment aurait probablement évolué cette pandémie sans la vaccination, en prenant naturellement en compte et en pondérant de nombreux facteurs, tels que l’âge des populations, les taux de contamination, la vitesse de propagation de l'infection, les performances des systèmes de santé et l’efficacité des vaccins utilisés. Grâce à ces données, les chercheurs ont estimé le nombre de personnes qui auraient dû décéder si les vaccins n'avaient pas été disponibles et que l’épidémie avait suivi la même évolution que celle observée, dans une première phase, en 2021 (Voir Imperial). Ils ont estimé que, sans les vaccins, il y aurait eu 19,8 millions de décès supplémentaires dans le monde. La vaccination aurait donc évité près de 80 % des décès liés au Covid durant la première année de la vaccination. L'étude, qui a exclu la Chine de son champ (les statistiques chinoises étant considérées comme peu fiables), souligne que le nombre de cas et décès dans le monde entier a été largement sous-estimé, notamment en Afrique, où le nombre de victimes du Covid 19 serait finalement de 1,24 million, contre 229 000 initialement recensés par l'OMS. « Nos résultats sont l’évaluation la plus complète à ce jour de l’impact global remarquable que la vaccination a eu sur la pandémie », souligne Oliver Watson, qui a dirigé l’étude. Ce travail précise également que plus du tiers des décès évités durant la première année de la vaccination l’ont été grâce à l’initiative Covax, qui a permis aux pays pauvres d'accéder à ces vaccins.
En janvier 2024, une autre étude de l'OMS a montré que, depuis leur introduction, en décembre 2020, les vaccins contre la COVID-19 ont permis de réduire d’au moins 57 % le nombre de décès dus à la pandémie, sauvant ainsi plus de 1,4 million de vies dans la Région européenne de l’OMS. De manière attendue, la plupart des personnes sauvées étaient âgées de 60 ans ou plus. La première dose de rappel, à elle seule, aurait sauvé 700 000 vies. Ce vaste et solide travail montre une diminution de 57 % de la mortalité chez les personnes âgées de 70 à 79 ans et une baisse de 54 % des décès chez les adultes de 60 à 69 ans. Dans le groupe d’âge des 50 à 59 ans, la mortalité était diminuée de 52 %. C’est le groupe des plus de 80 ans qui a tiré le plus d’avantages de la vaccination, avec une réduction de 62 % de la mortalité. Chez les personnes âgées de 25 à 49 ans, l’administration d’une deuxième dose de vaccin a entraîné une réduction de 48 % de la mortalité. On voit donc que, même dans ce groupe, considéré a priori comme moins vulnérable face à ce virus, le nombre de décès aurait pratiquement doublé sans la vaccination. Sans surprise, ce sont les pays qui ont lancé tôt des programmes de vaccination couvrant une large part de la population (Belgique, Danemark, Irlande, Islande, Israël, Malte, Pays-Bas et Royaume-Uni, entre autres) qui ont eu les meilleurs résultats en ce qui concerne le nombre total de vies sauvées grâce à la vaccination (Voir OMS).
En France, l’impact des confinements et de la panoplie de mesures de restriction des contacts sociaux, d’une part, des vaccins, d’autre part, a été évaluée sur la période entre mars 2020 et octobre 2021. Ces estimations, publiées en mars 2024, confirment l’ampleur de l’efficacité de ces deux boucliers sanitaires déployés contre le Covid-19. Le premier confinement très sévère, en particulier, a réduit de 84 % le nombre de nouvelles contaminations. Quant aux vaccins, arrivés en octobre 2021, ils ont évité 159 000 décès sur la période étudiée. Sans eux, la mortalité liée à l’épidémie aurait donc plus que doublé, puisque le Covid-19 a tué, sur la même période, 116 000 personnes, estime l’Insee. Ce travail de modélisation confirme aussi « l’importance des prises de décision rapides en cas d’épidémie émergente, à la diffusion exponentielle », comme le souligne Rodolphe Thiébaut, de l’université de Bordeaux (Inserm et Inria), qui a coordonné l’étude. Si le premier confinement avait été instauré dès le 10 mars au lieu du 17 mars 2020, quand la première vague a déferlé sur la France, de 13 000 à 26 000 vies auraient été épargnées, montre l’étude (Voir Science Direct).
Ce travail du plus grand intérêt montre que le premier confinement a été le plus efficace, diminuant la transmission de 84 %. Le deuxième l’a freinée de 74 % et le troisième, bien moins sévère, de 11 %. Un couvre-feu à 18 heures ou à 20 heures a respectivement fait baisser de 68 % et de 48 % le risque de contaminations. Les fermetures d’écoles ont, quant à elles, réduit de 15 % la transmission. Quant aux simples "gestes barrière" (port du masque, lavage des mains, aération, limite des contacts et respect des distances physiques…), ils ont diminué le risque de 10 % à près de 50 %, selon les périodes. Ce calcul estimant à 159 000 le nombre de vies sauvées par les vaccins, jusqu'en octobre 2021, est cohérent avec une autre étude de l'OMS qui estime, pour sa part, que les vaccins anti-covid ont permis de sauver environ 120 000 vies en France entre décembre 2020 et mars 2023.
Cinq ans après le début de cette pandémie mondiale qui a révélé la fragilité de nos économies et profondément ébranlé nos sociétés, quelles leçons peut-on tirer de cette crise ? Pour le professeur Arnaud Fontanet, médecin épidémiologiste des maladies émergentes à l’Institut Pasteur et chercheur, titulaire de la chaire Santé publique au Collège de France, et membre du conseil scientifique mis en place pour la gestion de la pandémie de Covid-19, l'analyse fine des différentes politique publiques mises en œuvre par les états européens montre à quel point le confinement précoce général, associé à une fermeture immédiate des lieux publics, grands vecteurs de contamination, s'est avéré rétrospectivement justifié et efficace pour limiter au maximum la transmission de ce virus très contagieux et en réduire, autant que ce peut, la mortalité. Le Professeur Fontanet cite en exemple, la Norvège et la Finlande, qui ont réussi à limiter drastiquement la mortalité, en prenant des mesures fortes et précoces de confinement, dès le 11 mars 2020, alors que seuls quelques dizaines de personnes étaient hospitalisées. Grâce à ces mesures énergiques, ces pays ont vu, dès la fin mars, le pic d'épidémie à un niveau très inférieur à la moyenne européenne.
En Suède, le gouvernent a compté sur la responsabilité collective de la population, mais a fait le choix de laisser les écoles, bars et restaurants ouverts. L’idée, qui pouvait se défendre alors, était de confiner seulement la population des plus de 70 ans, considérée comme particulièrement vulnérable. Mais les faits ont montré que ce choix n'a pas permis de protéger suffisamment les seniors, car le virus, très contagieux circulait de manière massive en population générale. Résultat : l’excès de mortalité en Suède a été de 80 % supérieur à celui de la France, à l'issue de la première vague. Une commission d’enquête indépendante est venue confirmer ces mauvais résultats et a recommandé un changement de stratégie qui a été cette fois appliqué avec vigueur. Ce changement de cap a porté ses fruits et la Suède est revenue dans le peloton de tête en matière de mortalité, vers la fin de la pandémie.
Le Professeur Fontanet souligne que les 20 millions de vies qui ont été sauvées (autant que le nombre personnes décédées de la pandémie jusqu’à la fin de l’année 2022), grâce aux vaccins, constituent une extraordinaire illustration de la révolution médicale que représente l'arrivée des vaccins ARN, sûrs, efficaces et bien plus rapides à produire que leurs homologues classiques. Et pour cet éminent scientifique, il ne fait pas de doute que le vaccin a bien permis de freiner la diffusion du virus. Cette conviction s'appuie sur plusieurs études solides, dont une étude de l’Institut Pasteur, publiée en juin 2021 (Voir Institut Pasteur) qui a montré qu'une personne non-vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée, et une étude britannique qui a montré que, même après une seule dose de vaccin, le risque de transmission est « divisé par deux » (Voir The New England Journal of Medicine). Le Professeur Fontanet souligne que, sans ces vaccins, si l'on tient compte des caractéristiques du virus (nombre de reproductions autour de 3), et un taux de létalité de 0,7 %, la France aurait pu avoir jusqu'à 600 000 morts. Pour la première fois cet hiver, on constate que la grippe saisonnière a entraîné plus de décès que le Covid-19 mais le SARS-CoV-2, en dépit du fort niveau d'immunité collective atteint par la population, continue d'être présent et de menacer certaines populations, notamment les personnes âgées et fragiles sur le plan immunitaire.
S’agissant des origines de cette pandémie hors norme, il est à présent admis par la communauté scientifique que ce virus a circulé dans le marché Huanan de Wuhan et l'on sait que les deux tiers des premiers patients avaient eu des contacts avec ce marché, où la trace génétique d’animaux susceptibles d’être infectés par le SARS-CoV-2 a bien été retrouvée. En revanche, on ne sait toujours pas, et on ne le saura probablement jamais, si ce virus est d'origine naturel ou sorti accidentellement du laboratoire de Wuhan (WIV) qui travaillait sur des coronavirus de chauves-souris. Si l'on replace cette pandémie dans un contexte historique et épidémiologique plus large, on ne peut que constater une accélération inquiétante de l'apparition de nouvelles maladies infectieuses depuis vingt-cinq ans, comparé aux périodes précédentes. La fin du XXe siècle a été marquée par le VIH et Ebola. Depuis le début du XXIe siècle, nous avons connu trois nouveaux bétacoronavirus (SRAS, MERS, Covid-19), la grippe A (H1N1), Ebola en Afrique de l’Ouest, Zika et mpox. Ces différentes épidémies virales sont incontestablement liées une augmentation des contacts avec la faune sauvage, favorisée par la déforestation et les marchés d’animaux, et des conditions d’élevage caractérisées par des concentrations élevées d’animaux dans les élevages industriels, ce qui ne peut que favoriser les échanges de nouveaux virus. Autre facteur aggravant, l’augmentation des populations de vecteurs animaux, associés à l'accélération du réchauffement climatique. Il faut donc bien comprendre que pour mieux prévenir de futures pandémies, il est indispensable de ne pas se cantonner à la dimension biologique et médicale et lutter plus activement contre le dérèglement climatique, la déforestation, et les marchés d’animaux sauvages, en modifiant profondément les conditions de l'élevage domestique industriel.
L’épidémie de Covid-19 a également révélé la nature systémique particulière de cette infection au Covid 19 et a montré qu’au-delà des décès qui surviennent lors de la phase aiguë de la maladie, certains patients vont développer un syndrome post-infectieux grave et invalidant, baptisé Covid long, dont les conséquences médicales et sociales ont été longtemps largement sous-estimées. Une enquête de Santé publique France, fin 2022, a estimé à 4 % la proportion de la population adulte qui souffrait de Covid long. Mais de récents travaux estiment plutôt à 15 % cette proportion, soit un malade sur six. Et même si les symptômes neurologiques, digestifs ou cardiaques tendent à s’atténuer avec le temps, certains patients mettent jusqu'à 2 ans pour récupérer pleinement leur santé. Heureusement, on constate que le risque de Covid long est plus faible chez les personnes infectées aujourd’hui, comparé à celles qui ont été infectées en début d’épidémie, alors que la population n’avait pas d’immunité. Mais la prise en charge de ces Covid longs reste un défi de santé publique et une priorité pour la recherche.
En septembre 2023, les représentants de 13 pays d’Europe de l’Ouest impliqués dans la gestion de la pandémie de Covid-19 ont comparé les stratégies utilisées dans chacun des pays pour contrer la pandémie. Cinq ans après le début de la pandémie, il est très intéressant de décortiquer cette étude à laquelle a également participé le Professeur Arnaud Fontanet. Ce travail a évalué les différentes stratégies nationales utilisées pendant la période du 27 janvier 2020 au 3 juillet 2022 (Voir BMC Global and Public Health). Sur la période d’étude retenue, on constate que les pays scandinaves (Norvège, Danemark et Suède) et l’Irlande sont ceux qui ont le mieux résisté : l’excès de mortalité cumulatif y a été de 0,5 à 1 pour 1000 habitants. Les trois pays suivants sont l’Allemagne, la Suisse et la France, avec un excès de mortalité cumulatif compris entre 1,4 et 1,5. Viennent ensuite l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Belgique (entre 1,7 et 2,0). Enfin, l’Italie arrive en queue de peloton, avec un excès de mortalité cumulatif de 2,7.
Cette étude s'est particulièrement focalisée sur la première vague (qui s’est étendue de la fin du mois de janvier à la fin du mois de juin 2020), car elle permet de tirer les leçons des stratégies déployées et de faire des recommandations très utiles, si une nouvelle pandémie comparable survenait. Pour estimer l'efficacité des mesures de restriction des contacts sociaux (confinement, couvre-feux, fermetures…), l'étude a observé quel était le taux d’admission hebdomadaire à l’hôpital de patients atteints de Covid-19 lorsque ces mesures sont entrées en vigueur. L'étude montre que l’excès de mortalité sur cette période a été le plus faible dans les pays qui ont pris les mesures les plus précoces. La France a connu une situation intermédiaire, en comparaison avec ses voisins européens. Le confinement a permis en effet de stabiliser l'épidémie naissante dans les régions du sud et de l'Ouest du pays. Les pays avec l’excès de mortalité le plus élevé pendant la première vague ont été l’Espagne et le Royaume-Uni. Tous deux ont été victimes d’épidémies d’emblée généralisées sur l’ensemble du territoire, et le Royaume-Uni a été le dernier pays d’Europe de l’Ouest à décider des mesures fortes de contrôle de l’épidémie (le 24 mars 2020).
Cette étude fait clairement apparaître que les pays qui ont pris des mesures tôt sont ceux où l’excès de mortalité s'est révélé le plus faible. Ainsi, les pays scandinaves (Norvège, Suède et Danemark) se positionnent avec l'Irlande en tête du peloton, avec 0,5 à 1 décès supplémentaire pour 1 000 habitants. Ces pays sont aussi ceux qui ont le mieux résisté au plan économique. En optant pour la mise en œuvre de mesures de restriction sociale précoces, les états concernés ont subi moins de pertes de production en 2020, année d'explosion de la pandémie. Au Danemark et en Norvège, le PIB a diminué de moins de 5 %, alors qu'il a diminué d'environ 10 % en Espagne ou en Italie (7,9 % en France).L'Italie est le pays européen qui a le plus souffert, avec environ 200 000 morts, une surmortalité estimée à 2,7 pour 1 000 habitants, et un PIB qui a reculé de 9 %.
Il faut enfin évoquer les conséquences très importantes de cette pandémie en matière économique et sociale, avec l’accélération spectaculaire et irréversible du télétravail qui est passé de 25 % en 2017 à 38 % en 2025 et le développement de nouveaux outils d’accès numériques à la santé et aux services publics. Partout sur le territoire, les collectivités locales ont su innover, en mettant en place des services de solidarité, notamment en matière de soutien aux personnes âgées et en situation de handicap. De nombreuses communes, dont Bron, dans le Rhône, ont installé une carte interactive des commerces de proximité. Beaucoup de communes ont également mis en place des plates-formes de soutien à l’économie locale et de simplification des démarches, comme l’accès aux marchés publics. Grâce au fort taux d’équipement de la population (95 %) en téléphones mobiles, les autorités de santé ont pu proposer des applications dédiées qui ont considérablement facilité la mise en œuvre de la stratégie « détecter, tracer, isoler ». Il faut enfin évoquer la forte montée en puissance de l'espace-santé personnel en ligne. Ce nouvel outil numérique, lancé début 2022 a conquis plus vite que prévu le grand public et fin 2024, plus de 15 millions de Français avaient déjà activé leur espace santé numérique et 300 millions de documents de santé permettant le suivi des patients, ont été déposés dans ces espaces numériques personnels.
Même s'il est impossible de prévoir où et quand, il est malheureusement probable que notre planète devra un jour faire face à une autre pandémie d'envergure car de nombreux facteurs démographiques, climatiques et environnementaux restent réunis pour qu'une telle catastrophe puisse hélas se reproduire. Mais si nous savons tirer toutes les leçons, et elles sont nombreuses, de cette pandémie de Covid 19, nous pourrons affronter de manière beaucoup plus efficace celles qui surviendront dans le futur. Les gouvernements savent à présent à quel point la rapidité de réaction, pour décider d'un éventuel confinement et lancer une vaccination massive, est importante dans ce genre de situation. Chaque jour perdu est en effet synonyme de milliers d'hospitalisations et de décès supplémentaires. A cet égard, rappelons qu'une simulation réalisée par des chercheurs de l’université et du CHU de Bordeaux, de l’Inserm et de l’Inra, a montré que si un vaccin avait été disponible après 100 jours, 70 000 vies auraient été sauvées en France et qu’un confinement en France une semaine plus tôt aurait permis d’éviter 20 000 décès (Voir Inserm).
Il est donc capital de se donner les moyens, au niveau national, européen et mondial, de détecter et d'analyser plus rapidement les nouveaux agents pathogènes potentiellement dangereux pour l'homme et de concevoir, puis mettre en production encore plus rapidement, les médicaments et vaccins nécessaires pour combattre ces épidémies très précocement et sauver ainsi le maximum de vies humaines. Parallèlement, il est également urgent d'agir plus vigoureusement au niveau international sur les causes climatiques, environnementales et économiques qui favorisent grandement l'émergence de ces nouveaux virus issus du monde animal et potentiellement capables de déclencher des zoonoses planétaires. A cet égard, on ne peut que s'inquiéter de la nouvelle politique des Etats-Unis, marquée par une défiance incompréhensible vis à vis de la science, une réduction drastique de l'effort de recherche scientifique et un déni persistant du changement climatique en cours. Il faut aussi développer de nouveaux outils et applications numériques qui permettront d'identifier, de contacter et de traiter plus rapidement les populations les plus à risques et de mieux gérer en temps réel l'évolution spatio-temporelle de l'épidémie. Enfin, il est primordial que, dans ce genre de crise sanitaire d'une gravité exceptionnelle, les décisions politiques rapides, et souvent inévitablement difficiles, qui doivent être prises pour maîtriser la situation, le soient de manière concertée et éclairée, en s'appuyant sur toutes les connaissances et compétences scientifiques disponibles, et s'élaborent dans la transparence, en s'inscrivant dans un débat démocratique qui doit rester essentiel dans nos démocraties libérales européennes, qui ont finalement bien mieux géré cette pandémie que les états totalitaires, la condition de la confiance et de l’adhésion de la population aux mesures prises par les pouvoirs publics...
René TRÉGOUËT
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
e-mail : tregouet@gmail.com
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Matière |
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Matière et Energie
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Les champignons, en tant qu’organismes eucaryotes, ont longtemps captivé l’humanité grâce à leur potentiel médical, tout en jouant un rôle essentiel dans notre quotidien, que ce soit comme aliment dans la gastronomie ou comme agents pathogènes. Le mycélium, par exemple, est déjà utilisé dans l’impression 3D pour fabriquer des objets tels que des haut-parleurs ou des tuiles. Ces micro-organismes sont donc d’une grande polyvalence. Récemment, les chercheurs de l’Empa ont mis en évidence une nouvelle capacité des champignons : leur potentiel à générer de l’électricité. Ces batteries fongiques imprimées en 3D pourraient représenter une avancée majeure vers une alimentation durable en électricité !
Dans le cadre d’un projet de recherche de trois ans soutenu par la Gebert Rüf Stiftung, des chercheurs ont développé une batterie fongique biodégradable à base de cellulose et de bois, qui fonctionne grâce à l’alimentation plutôt qu’à la recharge. Bien que cette batterie fongique imprimée en 3D génère une quantité d’énergie modeste, elle est néanmoins suffisante pour alimenter un capteur de température pendant plusieurs jours. Cela la rend particulièrement prometteuse pour des applications dans le secteur agricole ou la recherche environnementale, notamment pour fournir de l’énergie à des capteurs situés dans des zones reculées.
Mais qu’est-ce qu’une batterie fongique imprimée en 3D et de quoi est-elle constituée ? En réalité, il ne s’agit pas d’une batterie traditionnelle, mais d’une pile à combustible microbienne. Cela signifie que des micro-organismes, comme tous les êtres vivants, transforment les nutriments en énergie. La pile à combustible microbienne capte une partie de cette énergie sous forme d’électricité, en exploitant le métabolisme des micro-organismes. De plus, les champignons utilisés dans cette pile jouent des rôles complémentaires : à l’anode se trouve un champignon de levure dont le métabolisme libère des électrons, tandis qu’à la cathode, un champignon de pourriture blanche produit une enzyme spécifique. Cette enzyme capte ensuite les électrons et les conduit hors de la cellule. Contrairement à une batterie classique, ces champignons ne sont pas ajoutés après coup, mais font partie intégrante de la cellule dès le départ.
« Pour la première fois, nous avons combiné deux types de champignons pour créer une pile à combustible fonctionnelle », explique Carolina Reyes, chercheuse à l’Empa. L’impression 3D intervient ensuite pour fabriquer les composants de cette batterie fongique. Grâce à la fabrication additive, les chercheurs ont pu concevoir les électrodes de manière à optimiser l’accès des micro-organismes aux nutriments. Pour ce faire, les champignons ont été intégrés à de l’encre d’impression, un processus qui s’est révélé complexe.
« Il est déjà difficile de trouver un matériau dans lequel les champignons peuvent se développer correctement. De plus, l’encre doit être facile à extruder sans endommager les cellules, et bien sûr, elle doit être conductrice d’électricité et biodégradable », explique Gustav Nyström, responsable du laboratoire Cellulose et matériaux du bois. Travailler avec des matériaux vivants et combiner des domaines aussi variés que la microbiologie, la science des matériaux et l’ingénierie électrique, a constitué un autre défi majeur. Carolina Reyes a dû apprendre de nouvelles techniques et les appliquer aux encres d’impression 3D. Grâce à leur expérience préalable dans l’impression 3D de matériaux biologiques, l’équipe a pu développer une encre à base de cellulose adaptée, que les champignons peuvent également utiliser comme source de nutriments. Cela permet à la batterie de se dégrader après utilisation.
Le principal avantage de la batterie fongique imprimée en 3D réside dans sa non-toxicité et sa biodégradabilité, ce qui ouvre la voie à une utilisation dans divers secteurs à l’avenir. Les chercheurs ont pour objectif d’améliorer la performance et la durée de vie des batteries, tout en explorant l’utilisation d’autres types de champignons.
3dnatives du 21.01.2025 : https://www.3dnatives.com/batterie-fongique-biodegradable-imprimee-3d-21012025/#...
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Des chercheurs du Laboratoire de catalyse et spectro-chimie (LCS) de l'université de Caen, en collaboration avec l'Institut des matériaux poreux de Paris (CNRS/ES-PCI Paris/ENS/Université PSL) et l'entreprise de purificateurs d'air Teqoya, ont mis au point un nouveau matériau capable de capturer le formaldéhyde, un composé organique volatil (COV) toxique et cancérigène, difficile à éliminer avec les méthodes actuelles et présent dans de nombreux matériaux, notamment les panneaux de particules, contreplaqués, peintures, vernis, cires ou encore dans les meubles.
Ces chercheurs ont mis en lumière l'efficacité d'un nouveau matériau appelé MOF (Metal-Organic Framework), capable de capturer et de stocker durablement le formaldéhyde. Les MOF fonctionnent comme de véritables "éponges moléculaires" : des structures cristallines constituées d'atomes métalliques reliés par des molécules organiques, formant un réseau tridimensionnel avec de minuscules pores. Des pores qui, dans ce cas précis, ont été spécialement étudiés pour piéger les molécules de formaldéhyde et seulement les molécules de formaldéhyde.
« Le matériau que nous avons développé, avec mon collègue parisien Christian Serre dont c'est la spécialité, est conçu pour être à la fois efficace et écologique. Sa fabrication est réalisée à basse température en utilisant de l'eau comme solvant et avec des composants – le pyrazole et l'hydroxyde d'aluminium – à la fois peu coûteux et non toxiques. Le résultat est un matériau capable de capturer le formaldéhyde de façon efficace, sélective, sans jamais relarguer ce polluant dans l'air », explique Marco Daturi.
En plus de son efficacité, la durée de vie du matériau défie celle des solutions actuelles, qui doivent être remplacées régulièrement. « Après un an d'utilisation, le filtre peut être rincé à l'eau pour éliminer les polluants et immédiatement réutilisé. Ce processus peut être répété jusqu'à dix fois. À l'issue de ces dix années d'utilisation, le filtre peut ensuite être retourné au fabricant qui pourra alors facilement récupérer ses constituants pour refaire un filtre neuf », précise le professeur Daturi.
Concrètement, le MOF anti-formaldéhyde se présente sous la forme d'une poudre blanche, semblable à de la farine, que les chercheurs façonnent en petites billes insérables dans un filtre pour purificateur classique. Ces billes peuvent également être combinées avec d'autres types de MOF, conçus pour capturer d'autres polluants, comme les oxydes d'azote, qui sont courants dans les environnements urbains ou proches des grands axes routiers. « Nous avons procédé à des tests qui montrent que, avec notre nouveau matériau, quelques dizaines de minutes suffisent pour traiter une grande pièce, avec un seul purificateur. Car il suffit que l'air passe dans le filtre une seule fois pour voir la concentration en formaldéhyde baisser drastiquement », souligne Marco Daturi.
Nature Communications : https://www.nature.com/articles/s41467-024-53572-z?
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Espace |
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Espace et Cosmologie
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L’industriel General Atomics et la Nasa viennent de tester avec succès un nouveau moteur nucléaire de fusée. Ce petit réacteur nucléaire repose sur un principe simple : les réactions en chaîne chauffent brutalement de l’hydrogène afin de provoquer une violente éjection. La poussée obtenue avec cette méthode promet d’être beaucoup plus importante que celle des moteurs actuels, surtout alimentés au kérosène. Les ingénieurs ont testé la résistance du combustible radioactif soumis à des températures de 2300°C, contre 600°C dans un réacteur classique au sol. Toutefois, lorsque le procédé sera au point, les experts espèrent pouvoir réduire de moitié la durée d’un voyage vers la planète Mars, prévu à l’origine pour durer au moins six mois, une durée jugée excessive et dangereuse pour les astronautes, à cause de l'exposition chronique aux radiations cosmiques.
La question de la sécurité revient bien évidemment sur la table. Personne n’envisage de faire décoller cette fusée depuis le sol. Le réacteur nucléaire serait plutôt emporté à bord d’une fusée classique, avec toutes sortes de précautions pour éviter le moindre emballement du cœur d’uranium en cas d’accident au décollage. Les réactions de fission ne seraient alors enclenchées qu’une fois dans l’espace, en orbite. Une mesure de sécurité qui concerne aussi les astronautes, qui seraient, selon eux, protégés des radiations.
Le projet emballe la communauté spatiale et les nouvelles ambitions des États-Unis. Dans son discours d'investiture, le 20 janvier 2025, Donald Trump a notamment exprimé l’ambition de planter le drapeau américain sur Mars. Une obsession d’Elon Musk, un de ses nouveaux ministres, qui désire tout bonnement coloniser cette planète. Avant même ces déclarations, la Nasa, en collaboration avec l’armée américaine, avait annoncé des premiers tests en orbite d’un prototype nucléaire dès 2027. Un calendrier pourrait donc encore s’accélérer sous l’impulsion de la nouvelle administration. Récemment, l’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé avec plusieurs industriels l’idée d’un démonstrateur de fusée à fission pour 2035. On le voit, l’énergie nucléaire pourrait donc bien s’imposer dans la conquête de l’espace.
General Atomics : https://www.ga.com/ga-successfully-tests-nuclear-thermal-propulsion-reactor-fuel...
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Santé, Médecine et Sciences du Vivant
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Des chercheurs de la MedUni Vienna et de l'Hôpital Universitaire de Vienne ont mené un essai clinique prometteur sur le TVEC, un virus oncolytique utilisé contre le cancer de la peau. En phase II, il a réduit la taille des carcinomes basocellulaires chez tous les patients, facilitant leur ablation et, dans certains cas, entraînant une régression complète de la tumeur. Selon l'Institut national du cancer, les carcinomes basocellulaires cutanés (CBC) représentent 90 % des cancers de la peau diagnostiqués en France. Ils sont les plus fréquents (70 % des cancers cutanés) et les moins graves, car leur développement, limité à la couche basale de l’épiderme, reste localisé. Souvent situés sur le visage, une zone particulièrement exposée au soleil, ces carcinomes peuvent toutefois devenir difficiles à traiter chirurgicalement lorsqu'ils sont localement avancés.
Le traitement utilisé dans cet essai clinique est le TVEC (talimogene laherparepvec), une version modifiée du virus de l’herpès conçue pour attaquer spécifiquement les cellules cancéreuses. Autorisé uniquement pour les métastases superficielles du mélanome (cancer de la peau plus agressif), ce médicament (également commercialisé sous le nom Imlygic) cible les cellules tumorales tout en stimulant le système immunitaire. Dans cet essai clinique, il montre également une efficacité contre une forme moins agressive de cancer cutané : le carcinome basocellulaire.
Dans cette étude, 18 patients atteints de tumeurs difficiles à traiter ont reçu six injections intralésionnelles de TVEC sur une période de 13 semaines avant l'ablation chirurgicale programmée. L'objectif était de réduire la taille des tumeurs pour éviter des interventions lourdes nécessitant des greffes de peau ou des lambeaux cutanés (morceau de peau et de tissu sous-jacent déplacé d'une zone à une autre pour couvrir une plaie ou une zone de peau manquante).
Les résultats de l’étude sur le TVEC sont particulièrement encourageants : 55,6 % des patients ont répondu positivement au traitement, et dans un tiers des cas, la tumeur a complètement disparu. De plus, six mois après le traitement, aucun patient n’avait connu de récidive ni de diminution de son espérance de vie. Chez la moitié des patients, la tumeur a pu être réduite à tel point qu'une opération avec fermeture directe de la plaie a été possible. Dans un tiers des cas, l'examen histologique ultérieur n'a même montré aucune cellule tumorale vivante. Toutes les tumeurs traitées ont au moins diminué de taille et aucune d'entre elles n'a continué à se développer sous l'effet du traitement. Ces résultats ouvrent la voie à une approche pré-chirurgicale innovante pour traiter les carcinomes basocellulaires avancés. .
EurekAlert : https://www.eurekalert.org/news-releases/1071710
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La durée d'immunité vaccinale varie selon le vaccin et le sujet vacciné. Connaître la durée de protection vaccinale est donc d'une importance capitale pour la mise en œuvre des stratégies de vaccination en santé publique. Depuis longtemps, les scientifiques cherchent à savoir pourquoi certains vaccins permettent à l’organisme de produire des anticorps pendant des décennies, voire à vie, tandis que d'autres ne confèrent une protection que pour quelques mois.
Les vaccins viraux vivants atténués, tels que ceux contre la variole et la fièvre jaune, induisent des réponses anticorps qui peuvent durer toute la vie. Cela est observé également par exemple avec le vaccin ROR, même si des rappels sont recommandés. Pour d’autres types de vaccins, on observe des réponses anticorps décroissantes, comme avec le vaccin inactivé à sous-unités contre la grippe saisonnière, les vaccins contre Bordetella pertussis, Salmonella Typhi et Neisseria meningitidis, le vaccin antipaludique (RTS, S), et les vaccins candidats contre le VIH.
Les adjuvants sont des composants des vaccins qui renforcent l'ampleur et la durabilité de la réponse immunitaire. Pendant plus de 70 ans, les sels d'aluminium insolubles (alun) ont été les seuls adjuvants autorisés, mais au cours des trois dernières décennies, le nombre d'adjuvants disponibles autorisés dans les vaccins a augmenté : à titre d’exemple, l’adjuvant à base d'huile dans une émulsion d'eau (MF59 et AS03) utilisé dans les vaccins contre la grippe, adjuvants contenant l'agoniste TLR4 3-O-desacyl-4′-monophosphoryl lipid A, utilisés dans les vaccins contre le virus respiratoire syncytial (VRS), le virus de l'herpès zoster et le virus du papillome humain (HPV). Un oligonucléotide est utilisé dans le vaccin contre l'hépatite B et, plus récemment, un adjuvant à base de saponine appelé Matrix M a été inclus dans le vaccin recombinant contre la Covid-19 et le vaccin antipaludique R217.
Il est possible aujourd’hui de réaliser une analyse complète des réseaux cellulaires et moléculaires qui déterminent la réponse immunitaire à la vaccination et de définir ainsi des signatures moléculaires prédisant la réponse des anticorps à la vaccination. Cela a par exemple été réalisé avec les vaccins contre la fièvre jaune, la grippe saisonnière mais aussi avec d’autres vaccins. Une récente méta-analyse de plus de 3000 échantillons sanguins prélevés sur 820 adultes dans le cadre de 28 études portant sur 13 vaccins a révélé une signature plasmocytaire capable de prédire la réponse des anticorps à de nombreux vaccins.
Cependant, aucune étude conduite à ce jour n'avait permis de définir une signature cellulaire ou moléculaire capable de prédire la durée de réponse immunitaire. Une équipe de chercheurs de la Stanford School of Medicine (Etats-Unis) a conduit des recherches avec pour objectif d'identifier les facteurs qui influencent l'ampleur et la durée de la réponse des anticorps. Ils ont identifié une signature moléculaire dans le sang, induite quelques jours après la vaccination, prédisant la durée de la réponse immunitaire apportant selon les auteurs « une nouvelle compréhension des mécanismes fondamentaux sous-jacents à la durabilité des vaccins ».
Une première étude avait été conduite sur un vaccin expérimental contre la grippe aviaire H5N1 administré avec et sans l'adjuvant AS03. Au total, 50 sujets en bonne santé ont été inclus et ont reçu de manière aléatoire, soit 2 doses du vaccin contre la grippe aviaire avec l’adjuvant, soit 2 doses sans adjuvant. Des prélèvements sanguins ont été effectués dans les 100 premiers jours suivant la vaccination. Les chercheurs ont identifié une signature moléculaire apparaissant dans le sang dans les jours suivant la vaccination, corrélée à la durée de la réponse des anticorps, cela des mois après la vaccination. Il s’agissait de morceaux d’ARN, présents initialement dans les mégacaryocytes de la moelle osseuse, que les plaquettes emportent lorsqu’elles s’en détachent avant de pénétrer dans la circulation sanguine.
La preuve de cette signature moléculaire portée initialement par les mégacaryocytes a été apportée chez des souris vaccinées avec le vaccin contre la grippe aviaire. L’activation des mégacaryocytes par de la thrombopoïétine (TPO) améliorait la durabilité des réponses d'anticorps induites par le vaccin. Suite à ces travaux, un programme d’apprentissage automatique (IA) a été développé pour identifier des modèles "d’immunité" ; il était fondé sur cette signature associée aux plaquettes, qui prédisait la longévité de la réponse des anticorps.
En utilisant ce programme, l’analyse des données de réponses vaccinales (anticorps) de 244 participants, ayant reçu 7 vaccins différents, dont le vaccin contre la grippe saisonnière, la fièvre jaune, le paludisme et la Covid-19, a confirmé que les mêmes molécules d’ARN plaquettaire – signes d’activation des mégacaryocytes – étaient associées à une production d’anticorps plus durable pour les différents vaccins. Ces travaux ont permis « d'identifier une signature transcriptionnelle moléculaire dans le sang, liée aux plaquettes, induite quelques jours après la vaccination, qui prédit la durabilité de la réponse vaccinale et apporte aussi une nouvelle compréhension des mécanismes fondamentaux sous-jacents à la durabilité des vaccins ». L’objectif est aujourd’hui de développer des tests sanguins pour déterminer, en utilisant cette nouvelle signature moléculaire, la durée de vie probable d’un vaccin, puis de valider ces tests lors d'études portant sur d'autres vaccins, cela dans diverses populations dans le monde. Cela permettrait, non seulement d’accélérer les essais cliniques de vaccins, mais de développer à terme des plans de vaccination personnalisés.
Nature Immunology : https://www.nature.com/articles/s41590-022-01328-6
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Les patients atteints de maladie inflammatoire de l’intestin subissent généralement davantage de dépistages sous forme de coloscopies pour détecter des cellules précancéreuses dans les intestins. Dans le cadre de nouvelles recherches menées par l'Institute of Cancer Research au Royaume-Uni, des chercheurs ont trouvé un moyen de mieux prédire lesquelles de ces cellules se transformeraient en cancer. Le professeur Trevor Graham de l’ICR a déclaré que « la plupart des personnes atteintes de colite ulcéreuse ou de la maladie de Crohn ne développeront pas de cancer de l’intestin. Mais pour ceux qui souffrent de ces maladies et qui montrent des signes de précancer, des décisions difficiles doivent être prises ».
Le professeur explique que les patients à risque peuvent être suivis régulièrement, dans l’espoir que les cellules ne se transforment pas mais dans certains cas, ils se font retirer l’intestin pour garantir qu’ils n’auront pas de cancer. C’est pourquoi, pour éviter d’en arriver là, les scientifiques ont développé un algorithme précis à plus de 90 % pour déterminer si un patient serait atteint d’un cancer colorectal au cours des cinq prochaines années. « Notre test et notre algorithme donnent aux personnes atteintes de maladie inflammatoire de l’intestin et aux médecins qui les soignent, la meilleure information possible afin qu'ils puissent prendre la bonne décision sur la façon de gérer la situation », explique Trevor Graham.
Le Docteur Iain Foulkes, directeur exécutif de la recherche et de l'innovation chez Cancer Research UK, espère que ce test permettra de gagner du temps et de l'argent mais avant tout d’offrir les meilleurs soins possibles aux patients concernés. « Le traitement du cancer de l'intestin a beaucoup plus de chances d'être efficace si vous contractez la maladie plus tôt », a-t-il déclaré, ajoutant que « grâce à cette recherche, nous pouvons concentrer nos ressources sur le traitement des personnes atteintes de maladie inflammatoire de l’intestin qui présentent un risque très élevé, économisant ainsi un temps précieux aux services de santé. Nous pouvons également donner la tranquillité d’esprit aux personnes les plus à faible risque et éliminer la peur du cancer de l’intestin à l’avenir ». Les premiers tests ont été effectués avec des échantillons de tissus, mais les chercheurs espèrent pouvoir utiliser leurs résultats pour créer un test sanguin qui puisse être utilisé comme un outil de diagnostic dans les hôpitaux.
BMJ : https://gut.bmj.com/content/early/2025/01/29/gutjnl-2024-333353
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Les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques sont devenues un problème critique pour les hôpitaux du monde entier. Chaque année, ces infections difficiles à traiter causent des dizaines de milliers de décès et alourdissent considérablement la prise en charge des patients hospitalisés. Dans ce contexte, la capacité des laboratoires hospitaliers à identifier rapidement et précisément les superbactéries responsables devient un enjeu central pour limiter la propagation de ces pathogènes et ajuster les traitements.
Une étude menée par des chercheurs du Barts Health NHS Trust et de la Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA), a présenté une méthode de séquençage ADN adaptée aux besoins cliniques. Standardisée et validée sur des échantillons réels, cette approche permet d’obtenir un diagnostic fiable en moins de 48 heures. Même lorsque les bactéries sont indétectables par les techniques classiques de culture.
Ces chercheurs ont misé sur le séquençage du gène 16 S de l’ARN ribosomique, un outil reconnu pour son universalité dans la détection bactérienne. Ce séquençage permet d’identifier rapidement les bactéries, même en cas de faible charge ou après une antibiothérapie préalable. Concrètement, on lit directement l’empreinte génétique des micro-organismes. Jusqu’ici, cette technique restait cantonnée à quelques laboratoires de référence en raison de l’absence de protocole harmonisé. D’autre part, on manquait cruellement de matériaux de contrôle permettant d’en garantir la fiabilité. Comme le souligne Ian Butler, co-auteur, « chaque laboratoire développait ses propres méthodes. Ce qui entraînait des écarts significatifs dans la sensibilité et la précision des résultats ». Il demeurait alors difficile de comparer ou valider à l’échelle nationale.
Pour y remédier, les chercheurs ont établi un processus de standardisation, conçu spécifiquement pour les besoins des hôpitaux du NHS face aux superbactéries. Ce protocole repose sur l’utilisation de matériaux de référence fournis par le National Measurement Laboratory (NML) et par la MHRA elle-même, désignée centre collaborateur de l’OMS. La validation de cette méthode standardisée a été réalisée à partir de 34 échantillons cliniques issus de patients hospitalisés pour des infections sévères. Ces échantillons furent prélevés sur des sites anatomiques stériles (liquide céphalo-rachidien, prélèvements osseux, liquides articulaires). Ils présentaient tous un historique de résultats négatifs en culture conventionnelle ou de séquences partielles obtenues par la méthode Sanger, souvent insuffisantes pour identifier avec certitude l’agent pathogène. Pour chaque échantillon, l’ADN a été extrait, amplifié en ciblant les régions V1-V2 et V1-V9 du gène 16S, puis séquencé avec la technologie ONT MinION. Ce double ciblage permet d’explorer une plus large portion du matériel génétique des bactéries. Cela augmente les chances de détecter précisément toutes les bactéries présentes. On peut repérer également celles des infections mixtes où plusieurs espèces sont impliquées. Ce dernier cas représente actuellement un vrai défi pour les méthodes classiques.
Les résultats de cette évaluation clinique sont particulièrement significatifs. La méthode a identifié avec succès un agent pathogène dans 100 % des échantillons analysés. Et cela y compris dans les 12 cas classés négatifs par PCR 16S Sanger. Ce taux de détection repose sur la capacité du séquençage à analyser en temps réel des fragments de 1 500 paires de bases. Ils couvrent ainsi la totalité du gène 16 S. Ces performances confirment que la combinaison d’une méthodologie standardisée et d’une technologie de séquençage longue portée permet d’améliorer drastiquement la précision des diagnostics microbiologiques en milieu hospitalier. Même sur des infections complexes ou à très faible charge bactérienne.
Les infections nosocomiales, c’est-à-dire celles contractées à l’hôpital, touchent chaque année des milliers de patients. Quand une bactérie résistante s’installe dans un service, chaque heure perdue complique la situation. Cela prolonge les hospitalisations et met en danger les patients les plus fragiles. Avec cette nouvelle technologie, les médecins disposent enfin d’un outil capable d’identifier, en seulement deux jours, la bactérie en cause. De plus, ils peuvent déterminer les antibiotiques qui resteront efficaces pour la combattre. Au-delà de l’impact immédiat pour chaque patient, cette technologie représente un levier majeur pour l’ensemble du système de santé. En ciblant avec précision les traitements, elle réduit la pression antibiotique qui favorise l’apparition de nouvelles superbactéries. Chaque infection résistante évitée, c’est un risque en moins de voir émerger une souche encore plus difficile à traiter. Ce séquençage rapide permet aussi de comprendre comment une bactérie circule dans un établissement. Un avantage pour stopper sa propagation avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Ce n’est donc pas seulement une avancée technique. Mais il s’agit d’un changement stratégique dans la manière dont les hôpitaux protègent leurs patients, leurs soignants et l’efficacité future des antibiotiques.
Frontiers in Cellular and Infection Microbiology : https://www.frontiersin.org/journals/cellular-and-infection-microbiology/article...
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Selon une étude du CIRC de Lyon, avec environ 2,5 millions de personnes diagnostiquées en 2022, le cancer du poumon demeure le plus fréquent dans le monde. Si la majorité des cas restent diagnostiqués chez les hommes (1,6 million), l'écart avec les femmes a tendance à se réduire (910.000 cas). Parmi les quatre principaux sous-types de cancer du poumon, l'adénocarcinome est devenu prédominant chez les femmes dans 185 pays du monde et, chez les hommes, dans 150 pays (hormis ceux d'Europe de l'est et d'Asie de l'ouest), selon cette analyse de données du CIRC.
En 2022, il représentait ainsi près d'un cas de cancer du poumon sur deux chez les hommes (45,6 %, soit 717.211 cas), et six sur dix (59,7 %, soit 541.971 cas) chez les femmes, contre respectivement 39 % et 57,1 % estimés en 2020. Il arrive ainsi loin devant les trois autres types : le carcinome épidermoïde (29,4 %), le carcinome à petites cellules (11,5 %), étroitement lié à la consommation de tabac, et le carcinome à grandes cellules (6,5 %), plus rare.
Des changements dans la fabrication des cigarettes et dans les pratiques du tabagisme depuis les années 1950 ont pu jouer dans cette évolution. Mais la prévalence du tabagisme continue de diminuer dans de nombreux pays, tandis que la proportion de cancers du poumon chez les non-fumeurs a augmenté, observent les chercheurs. Le cancer du poumon chez les non-fumeurs est même devenu « la cinquième cause de mortalité liée au cancer dans le monde, se manifestant presque exclusivement sous forme d'adénocarcinome et le plus souvent chez les femmes et les populations asiatiques », souligne l'étude.
Après une série d'analyses, elle conclut que « la pollution de l'air peut être considérée comme un facteur important qui explique partiellement la prédominance croissante de l'adénocarcinome -lequel représente 53 à 70 % des cas de cancer du poumon chez les non-fumeurs dans le monde ». Parmi les adénocarcinomes diagnostiqués en 2022, près de 200.000 étaient ainsi associés à la pollution de l'air ambiant par les particules fines : 114.486 cas chez les hommes et 80.378 cas chez les femmes, selon leur estimation.
Depuis 2019, environ 99 % de la population mondiale vit dans les zones ne répondant pas aux critères de qualité de l'air de l'OMS, selon les chiffres de l'organisation. Dans « certains pays à économie en transition rapide tels que la Chine, où une hausse constante des concentrations de particules fines dans la pollution atmosphérique a été observée, l'exposition aux combustibles utilisés pour le chauffage domestique et la cuisine pourrait expliquer la survenue de cancers du poumon chez les femmes », selon l'étude.
En effet, les incidences d'adénocarcinomes attribuables à la pollution atmosphérique les plus élevées ont été relevées en Asie de l'est, en particulier en Chine. Cette étude souligne la nécessité d'une surveillance continue de l'évolution du risque de cancer du poumon. D'autant que si les taux d'incidence du cancer du poumon chez les hommes ont diminué dans la plupart des pays depuis 30 à 40 ans, ils ont augmenté chez les femmes. « Ces tendances divergentes selon le sexe » doivent guider « spécialistes de la prévention du cancer et décideurs politiques » vers des « stratégies de lutte contre le tabac et la pollution atmosphérique adaptées aux populations à haut risque », estime le chercheur du CIRC Freddie Bray, qui a mené l'étude.
The Lancet : https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(24)00428-4/abstract
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Comment savoir quels seront les effets secondaires d’un nouveau médicament sur la santé sans être obligé de mettre en souffrance des animaux, voire des êtres humains. Tel est le défi qu’entend relever NETRI, start-up industrielle qui a inauguré son usine de production ultra moderne dans le biodistrict de Gerland, à Lyon. Au terme d’une décennie de recherche académique, cette inauguration constitue une nouvelle étape dans la fulgurante ascension de cette start-up lyonnaise au concept révolutionnaire.
Dans le nouveau bâtiment Bioserra 3, sur plus de 1100 mètres carrés de laboratoires, NETRI va multiplier par dix sa capacité de production pour fabriquer jusqu’à 500 000 dispositifs d’organes-sur-puces par an. Ces mini-organes humains sur puce seront couplés à des traitements d’IA et pourront prédire avec précision les effets cliniques de tel ou tel candidat-médicament. Véritable alternative à l'expérimentation animale, ce procédé cible principalement les marchés de la dermato-cosmétique, de la neurotoxicologie et des effets de la douleur. Les industriels de la pharmacie étaient jusqu’à présent dans l'incapacité de mesurer objectivement et précocement les effets secondaires de leur produit.
Or, 80 % des échecs en phase clinique sont dus aux douleurs induites par une chimiothérapie ou un vaccin ou bien par les effets indésirables d'un médicament, comme des vomissements. Concrètement, la start-up lyonnaise sera capable d’apporter des réponses prédictives sur la toxicité, l’efficacité et les modes d’action du médicament, qu’il soit en phase de découverte, préclinique ou clinique. Aujourd’hui, NETRI commercialise déjà ses modèles d’organes-sur-puces dans les domaines de la douleur, de la dermo-cosmétique, des troubles neurologiques et de la santé nutritionnelle. .
Tout Lyon du 04.02.2025 : https://mesinfos.fr/69000-lyon/a-gerland-la-premiere-usine-francaise-d-organes-s...
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Le lien entre l’agent pathogène de la parodontite chronique -porphyromonas gingivalis et la maladie d’Alzheimer se confirme. Des protéases toxiques de cet agent, appelées gingipaïnes, ont en effet été identifiées dans le cerveau de patients atteints de cette dégénérescence cérébrale. La piste d’une cause infectieuse dans la maladie d’Alzheimer est l’objet de nombreux travaux sur cette forme de démence qui touche aujourd’hui plus d’un million de personnes en France. Et une étude récemment publiée dans Science Advances, qui établit ce lien entre la parodontite chronique et maladie d’Alzheimer, vient apporter un nouvel élément dans cet axe de recherche.
Ces travaux sur des modèles animaux démontrent que l’infection orale à porphyromonas gingivalis chez la souris a entraîné une colonisation du cerveau générant une production accrue d’un composant des plaques amyloïdes, ces agrégats qui se forment autour des neurones en empêchant ces derniers et les neurotransmetteurs de bien fonctionner. Même si le rôle de l’accumulation de ces plaques amyloïdes dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer est parfois remis en cause, elles restent encore un des marqueurs de cette forme de démence.
D'autres études prospectives de patients atteints de la maladie d’Alzheimer avec une parodontite chronique démontrent une baisse notable de la cognition sur une période de six mois par rapport aux patients Alzheimer sans parodontite chronique. D’où un certain crédit à accorder à l’hypothèse selon laquelle l’infection cérébrale par l’agent pathogène de cette maladie pourrait jouer un rôle dans la maladie d’Alzheimer.
Bien que ces travaux ne démontrent pas formellement que la parodontite chronique pourrait être une des causes de la maladie d’Alzheimer, ces recherches ont en revanche un intérêt majeur dans une évolution de la prise en charge de cette forme de démence. Elles montrent en effet que l’inhibition des gingipaïnes, les protéases toxiques de l’agent infectieux de la parodontite chronique, a le potentiel de modifier les observations réalisées sur des patients Alzheimer et que l’ADN de cet agent infectieux pourrait servir de marqueur diagnostique différentiel, la corrélation étant établie entre la maladie d’Alzheimer et la charge de gingipaïne dans le cerveau.
Science Advances : https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.aau3333
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L'Institut Curie va lancer un projet de plate-forme dédiée à un procédé expérimental de radiothérapie Flash, afin de traiter les tumeurs profondes à mauvais pronostic. Nommé FRATHEA et porté en collaboration avec le CEA (Commissariat à l'Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives), avec un financement de 37 millions d'euros de France 2030 (35 millions) et de la Région Ile-de-France (2 millions), ce projet étalé sur quatre ans prévoit d'implanter la plate-forme sur son site à Orsay, sur le plateau de Saclay. L’ambition de Curie est de disposer en 2028 de cette technologie de rupture, qui vise à soigner les cancers incurables pour lesquels les traitements actuels sont peu efficaces.
Objet de recherches depuis une dizaine d'années, la radiothérapie Flash est un procédé utilisant des électrons de basse énergie pour délivrer en quelques millisecondes des rayons très intenses, cinq fois plus puissants qu'une radiothérapie conventionnelle, afin de détruire les cellules tumorales, tout en épargnant les tissus sains. L'Institut Gustave Roussy a mis au point avec la société Theryq la première machine de radiothérapie Flash en France. Quant à lui, l'Institut Curie ambitionne avec son “irradiateur” - dont les essais cliniques doivent démarrer en 2028 - de cibler les tumeurs profondes (20 à 30 cm) afin de traiter des cancers aujourd'hui incurables, souvent inaccessibles car localisés près d'organes vitaux : tumeurs cérébrales, pédiatriques, cancers du poumon, du pancréas.
Pour ce faire, les chercheurs vont combiner la radiothérapie Flash avec l'utilisation des électrons de très haute énergie, ce qui sera une première mondiale. « Notre ambition est de pouvoir, dans le futur, guérir plus de patients atteints de cancers graves, avec moins d'effets secondaires, moins de séquelles et une pénibilité des traitements qui sera réduite », a résumé le Professeur Gilles Créhange, chef du département de radiothérapie de Curie.
Institut Curie : https://curie.fr/actualite/institutionnel/la-nouvelle-ere-de-la-radiotherapie-fl...
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Beaucoup de cancers deviennent difficile à soigner à cause de l’apparition de métastases, des tumeurs dites « secondaires » qui se développent à distance de la tumeur primaire. Des cellules cancéreuses peuvent en effet quitter cette dernière en empruntant les vaisseaux sanguins ou lymphatiques qui l’irriguent, puis en ressortir au niveau d’autres organes et coloniser ces nouveaux territoires. À Strasbourg, l’équipe de Jacky Goetz, directeur de recherche Inserm, étudie les détails de ce phénomène afin de découvrir les meilleurs moyens de le contrer. Ses derniers résultats identifient une piste thérapeutique potentielle, avec une cible moléculaire et des molécules capables de bloquer son activité. Dans le modèle expérimental du poisson-zèbre, cette approche diminue la capacité des cellules cancéreuses à s’organiser pour quitter la circulation sanguine pour atteindre de nouveaux organes.
Jacky Goetz et ses collaborateurs s’intéressent de longue date à la façon dont les cellules tumorales réussissent à s’extirper des vaisseaux sanguins. Ce n’est pas une chose aisée car elles doivent pour cela traverser l’endothélium, la couche de cellules qui tapisse la face interne des vaisseaux et veille à l’imperméabilité du système vasculaire en contrôlant les échanges entre le sang et les tissus environnants. Certaines cellules cancéreuses peuvent se déformer pour réussir à franchir cette paroi, mais de précédents travaux de l’équipe strasbourgeoise ont montré qu’elles sont entre outre capables d’embrigader des cellules endothéliales afin de se créer une route de sortie. Les cellules cancéreuses peuvent en effet conduire celles de l’endothélium à former des protrusions qui, tels de petits bras, vont les entourer jusqu’à les isoler entièrement de l’intérieur des vaisseaux, pour finalement les libérer dans les tissus adjacents.
Pour mieux comprendre comment l’endothélium se remodèle au contact des cellules tumorales, l’équipe a exploré les mécanismes moléculaires qui contrôlent la forme des cellules endothéliales et ce qu’il en advient en présence de cellules tumorales. Sous la supervision du chercheur Inserm Naël Osmani, les scientifiques se sont plus particulièrement penchés sur les modifications de l’agencement des molécules d’actine, l’un des principaux composants du squelette qui donne leur forme aux cellules. Lors d’expériences conduites chez des poissons-zèbres, ils ont observé que lorsque des cellules cancéreuses s’arrêtent dans la circulation sanguine, la paroi vasculaire s’active localement et le squelette d’actine des cellules endothéliales se remodèle. Ils ont ensuite noté que la sortie (ou « extravasation ») des cellules tumorales était fortement diminuée lorsqu’ils empêchaient la réorganisation de l’actine. Enfin, ils ont montré que contrairement aux cellules tumorales, des billes inertes ne sont pas en mesure d’induire le remodelage de l’endothélium. Ce dernier point souligne l’importance d’un dialogue chimio-biologique entre les cellules cancéreuses et endothéliales au cours de ce processus.
Toujours dans le modèle du poisson-zèbre, l’équipe a ensuite cherché à comprendre la séquence d’activation qui mène au remodelage endothélial. Elle s’est notamment intéressée aux échanges d’ion calcium (Ca2+), connu pour jouer un rôle important dans la signalisation cellulaire et notamment dans l’organisation du squelette des cellules. Et en effet, il est apparu que l’arrêt des cellules tumorales dans le système vasculaire conduit à une augmentation de l’entrée de Ca2+ dans les cellules endothéliales adjacentes. Les échanges de Ca2+ entre les cellules et leur environnement sont régulés par différents canaux présents dans la membrane cellulaire, qui agissent telles des portes d’entrée sélectives, tantôt ouvertes, tantôt fermées. En bloquant certains de ces canaux calciques avec une molécule déjà utilisée dans le traitement de l’hypertension artérielle ou en prévention des angines de poitrine, la nifédipine, les scientifiques ont obtenu une diminution de l’entrée des ions calciums dans les cellules endothéliales, en particulier dans celles en contact avec les cellules tumorales arrêtées. Cet effet s’est accompagné d’une réduction de la réorganisation de l’actine et de l’extravasion des cellules tumorales.
L’ensemble de ce travail indique donc que des cellules tumorales peuvent induire une entrée de calcium dans les cellules endothéliales, conduisant à la réorganisation de leur squelette. Il en résulte un remodelage de la paroi vasculaire qui permet aux cellules tumorales de quitter la circulation sanguine pour s’établir dans les tissus adjacents. La bonne nouvelle est que, au moins chez le poisson-zèbre, l’utilisation d’un inhibiteur des échanges calciques peut bloquer ce processus… et donc la formation ultérieure de métastases.
Inserm actualité du 6-02-2025 : https://www.inserm.fr/actualite/cancer-une-nouvelle-piste-pour-lutter-contre-la-...
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Des scientifiques de l'Institut Walter et Eliza Hall (WEHI) en Australie, ont mené l'une des plus grandes études ophtalmologiques jamais réalisées. En analysant plus de 50.000 images de rétines à l'aide de l'intelligence artificielle, ils ont découvert que l'épaisseur rétinienne pourrait devenir un indicateur clé dans la détection précoce de maladies telles que le diabète de type 2, la démence ou encore la sclérose en plaques.
La rétine fait partie du système nerveux central, tout comme le cerveau et la moelle épinière. Or, de nombreuses maladies, notamment neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer et métaboliques comme le diabète, sont liées à des altérations de ce système. Avec près de 3 milliards de personnes dans le monde souffrant d’un trouble neurologique, l'intérêt de nouvelles méthodes de dépistage apparaît plus que jamais crucial. « Nos travaux démontrent que l’imagerie rétinienne peut agir comme une fenêtre sur le cerveau, en révélant des liens avec des maladies neurologiques comme la sclérose en plaques et bien d'autres affections », abondent les chercheurs dans un communiqué.
L'analyse a mis en évidence de nouveaux facteurs génétiques influant sur l'épaisseur de la rétine (sa croissance, son développement...), renforçant son potentiel en tant que “biomarqueur diagnostique”. Les scientifiques ont ainsi pu identifier un « amincissement de la rétine lié à 294 gènes qui jouent un rôle crucial dans l'évolution de maladies ».
L'étude souligne que l’intelligence artificielle a été déterminante pour croiser la masse de données génétiques et les informations de santé des participants, offrant une cartographie rétinienne sans précédent. Ces découvertes viennent compléter les connaissances scientifiques autour de l'oculomique, un domaine émergent qui utilise l’examen de l’œil pour prédire et diagnostiquer des maladies de manière non invasive. Les chercheurs espèrent que leurs travaux permettront d'intégrer l'analyse rétinienne aux examens médicaux courants, à l'image des mammographies pour le dépistage du cancer du sein.
Nature communications : https://www.nature.com/articles/s41467-024-55635-7
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Les chercheurs du Dana-Farber Cancer Institute de Boston ont annoncé des résultats prometteurs pour leur vaccin thérapeutique contre le cancer du rein. Neuf patients, dans un essai clinique, ont été traités pour le carcinome à cellules rénales à cellules de stade III ou IV (une forme de cancer du rein). Ces patients ont généré une réponse immunitaire anti-cancer réussie après le début d'un vaccin contre le cancer personnalisé. Les vaccins ont été administrés après la chirurgie pour éliminer la tumeur et sont conçus pour former le système immunitaire du corps à reconnaître et à éliminer les cellules tumorales restantes. Au moment de la coupure des données (médiane de 34,7 mois), tous les patients sont restés sans cancer. « Nous sommes très enthousiasmés par ces résultats, qui montrent une réponse aussi positive chez les neuf patients atteints d'un cancer du rein », souligne le Docteur Toni Choueiri, qui dirige ces recherches.
Le traitement standard pour les patients atteints de carcinome à cellules rénales à cellules claires de stade III ou IV est une chirurgie pour éliminer la tumeur. La chirurgie peut être suivie d'une immunothérapie avec du pembrolizumab, un inhibiteur du point de contrôle immunitaire. Le pembrolizumab induit une réponse immunitaire qui réduit le risque de retour du cancer. « Les patients atteints de cancer du stade III ou IV sont à haut risque de récidive », explique Choueiri. « Les outils dont nous devons abaisser ce risque ne sont pas parfaits et nous recherchons sans relâche plus ».
Dans cet essai initié par les chercheurs, Choueiri et Braun ont traité neuf patients atteints de carcinome à cellules rénales à cellules de stade III ou IV avec un vaccin contre le cancer personnalisé après la chirurgie. Cinq patients ont également reçu l'ipilimumab avec le vaccin. Les vaccins sont personnalisés pour reconnaître le cancer individuel du patient en utilisant le tissu tumoral éliminé pendant la chirurgie comme guide. L'équipe extrait les caractéristiques moléculaires des cellules tumorales qui les différencient des cellules normales. Ces caractéristiques, appelées néoantigènes, sont de minuscules fragments de protéines mutantes qui existent dans le cancer mais pas dans aucune autre cellule du corps.
L'équipe utilise des algorithmes prédictifs pour déterminer lequel de ces néoantigènes à inclure dans le vaccin en fonction de sa probabilité d'induire une réponse immunitaire. Le vaccin est ensuite fabriqué et administré au patient dans une série de doses initiales suivies de deux boosters. « Cette approche est vraiment distincte des tentatives de vaccins dans le cancer du rein », explique Braun. « Nous choisissons des cibles uniques au cancer et différentes de toute partie normale du corps, de sorte que le système immunitaire peut être effectivement » dirigé « vers le cancer d'une manière très spécifique. Nous avons appris quelles cibles spécifiques dans le cancer sont les plus sensibles à l'attaque immunitaire et a démontré que cette approche peut générer des réponses immunitaires durables, ordonnant au système immunitaire de reconnaître le cancer ».
Lorsque l'équipe a lancé cette étude il y a huit ans, il n'était pas clair si cette approche pouvait fonctionner dans le cancer du rein. Il a été démontré qu'il avait le potentiel d'être efficace dans le mélanome, qui a beaucoup plus de mutations et donc de nombreux néoantigènes possibles. Mais le cancer du rein est une maladie avec moins de mutations, et donc moins de cibles pour fabriquer le vaccin. Il était important pour les enquêteurs d'apprendre autant que possible à partir de cette étude de phase précoce sur la façon dont le vaccin influence une réponse immunitaire à la tumeur.
Grâce à une série d'analyses, l'équipe a constaté que le vaccin a induit une réponse immunitaire dans les trois semaines, le nombre de cellules T induites par le vaccin a augmenté de 166 fois, et ces cellules T sont restées dans le corps à des niveaux élevés pour UP à trois ans. Des études in vitro ont également montré que les cellules T induites par le vaccin étaient actives contre les propres cellules tumorales du patient.
Dana-Farber :https://www.dana-farber.org/newsroom/news-releases/2025/cancer-vaccine-shows-pro...
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Hellobiz : https://hellobiz.fr/2025/02/11/ce-drone-cargo-hybride-souleve-272-kg-sur-555-km-...
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