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Des neurones ressuscités

Prendre des cellules de cerveau foetal humain, en isoler les cellules souches, cultiver, puis injecter à des souris. Laisser infuser plusieurs mois, et déguster les résultats. Aussi simple qu'elle paraisse, la recette mise au point par l'équipe du Pr. Nobuko Uchida (Stemcells Inc), et dévoilée lors d'un récent symposium à Keystone (Colorado), est du grand art. En effet, si des travaux sur des cellules souches de cerveau animal ont déjà été rapportés, c'est la première fois que de telles expériences font appel à des cellules humaines. De plus, après injection dans des cerveaux de souris, ces cellules ont survécu et se sont transformées en cellules nerveuses adultes (notamment neurones). Mieux, après sept mois, elles sont toujours vivantes, et ont migré dans des zones spécifiques du cerveau. Elles se comporteraient même, pour certains aspects, comme des cellules normales, annonce prudemment le communiqué de la société Stemcells. S'ils se confirment, ces résultats offrent de formidables perspectives dans le traitement des maladies neurodégénératives. Parkinson, Alzheimer, chorée de Huntington, sclérose latérale amyotrophique... toutes ces affections, dont certaines touchent des centaines de milliers de personnes en France, se caractérisent en effet par la mort de populations de neurones spécialisés. Voie de recherche très active depuis dix ans dans de nombreuses disciplines, les cellules souches (précurseurs de cellules différenciées adultes) sont d'autant plus étudiées en neurologie qu'on a longtemps cru qu'il n'en existait pas dans le cerveau. Aujourd'hui, on sait qu'elles existent dans le cerveau foetal mais aussi adulte. Sous l'effet de facteurs de croissance, ces cellules souches sont capables d'évoluer en neurones, ou en autres cellules nerveuses (astrocytes). Mais si les premières étapes (isolement et culture de ces cellules souches) semblent en voie d'être maîtrisées, "le challenge actuel est de les faire se différencier, poursuit le Dr Privat. Les cellules semblent se spécialiser différemment selon le site où elles ont été implantées, mais cela reste à prouver. De même qu'il reste à vérifier que leur intégration est non seulement anatomique, mais aussi fonctionnelle." Autre application potentielle des cellules souches en neurologie : les paralysies dues à une section traumatique de la moelle épinière. Il y a quelques mois, des chercheurs américains ont ainsi réussi rendre de la mobilité à des rats paraplégiques! Dès le dixième jour après la greffe (des cellules souches issues d'embryons de souris), les animaux ont pu se soutenir sur leurs pattes arrières, et ont retrouvé une coordination entre pattes avant et arrière.

Science &Avenir : http://www.sciencesetavenir.com/actualites/page8.html

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