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Les nanotechnologies contre le cancer

Des marqueurs fluorescents qui aident le chirurgien à repérer en temps réel les contours de la tumeur maligne qu'il opère. Des médicaments «intelligents» capables d'être activés à distance dès qu'ils ont atteint leur cible... Comme d'autres domaines de la médecine, la cancérologie se met à l'heure des nanotechnologies. La plupart de ces minuscules outils, dont la taille est de l'ordre du milliardième («nano» en grec) de mètre, n'en sont qu'au stade de la recherche. Mais ils ouvrent, à moyen terme, des perspectives passionnantes tant pour diagnostiquer que pour soigner les cancers. Un symposium international, récemment organisé à Paris par l'Institut national du cancer (Inca) et l'Inserm, a fait le point sur ces recherches en «onconano».

Côté diagnostic, l'un des défis majeurs consiste à mettre au point des nanosondes capables de se fixer sur les cellules cancéreuses. Injectées dans l'organisme, elles peuvent ainsi révéler la présence d'une tumeur en émettant un signal, radioactif ou optique par exemple. «Le traceur idéal, qui marque à 100 % les cellules cancéreuses, et uniquement celles-ci, est sans doute un mythe», note d'emblée Philippe Rizo, directeur scientifique de Fluoptics, une start-up du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) qui travaille sur deux pistes prometteuses dont l'une, la nanoémulsion de fluorophore, permet d'illuminer le système lymphatique.

Ce traceur, à l'essai chez l'animal, repère les ganglions drainant une tumeur, c'est-à-dire les voies par lesquelles les cellules cancéreuses se disséminent dans le corps du patient. «En protégeant le fluorophore, notre nanémulsion permet d'obtenir une brillance très importante et une très grande stabilité, ce qui permettra d'appliquer cette technique à de nombreux types de cancer», poursuit M. Rizo.

Plus spectaculaire encore, Fluoptics développe un marqueur de la néoangiogénèse, autrement dit la formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui accompagne la croissance des tumeurs cancéreuses. Chez un malade sur quatre, ce traceur fluorescent se fixe aussi sur la tumeur elle-même. Couplé au système optique développé par Fluoptics, «cela aidera le chirurgien à visualiser directement les cellules potentiellement cancéreuses et les limites de la tumeur pendant l'intervention», prédit M. Rizo en précisant que les cancers de la cavité abdominale devraient être les premiers concernés.

Actuellement à l'étude chez de petits animaux, ce marqueur devra cependant passer par le même circuit de validation qu'un médicament. Selon le directeur scientifique de Fluoptics, les premiers essais cliniques sont prévus vers 2011.

«Les techniques de diagnostic par imagerie moléculaire sont prometteuses à assez court terme», confirme le Pr Jean-Yves Blay, cancérologue au centre Léon-Bérard, à Lyon. Mais pour ce praticien, les nanotechnologies auront bien d'autres applications dans le dépistage des cancers. «À l'avenir, ces outils permettront de réaliser de minuscules prélèvements, beaucoup moins traumatisants pour les malades que les biopsies d'aujourd'hui. Les laboratoires sur puce seront aussi très utiles pour étudier de façon très fine les caractéristiques des tumeurs, avec une série de biomarqueurs.» Un profilage indispensable en vue de traitements personnalisés.

Le versant thérapeutique des nanotechnologies est également en pleine ébullition. Le principe est séduisant : en plaçant les substances médicamenteuses dans des nanoenveloppes, on modifie profondément leur diffusion dans l'organisme. Soixante-dix fois plus petits qu'un globule rouge, les «nanovecteurs» franchissent aisément les barrières biologiques, à commencer par les membranes cellulaires.

Au final, l'efficacité est augmentée, et la toxicité du traitement réduite. Plusieurs nanomédicaments (notamment à base de liposomes et de protéines pegylées) sont déjà commercialisés. L'équipe du Pr Patrick Couvreur de la faculté de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine) développe de nouvelles générations de nanovecteurs.

Un composé à base de gemcitabine - une chimiothérapie déjà ancienne - et de squalène (le cholestérol du requin) est ainsi à l'étude. L'association de ces deux substances, qui entraîne la formation spontanée de nanoparticules, a déjà obtenu des résultats spectaculaires dans plusieurs types de cancers chez l'animal. Des travaux consistant à envelopper le duo gemcitabine-squalène dans des particules d'oxyde de fer sont également en cours. Objectif : activer le médicament à distance par un aimant quand il a atteint sa cible tumorale.

Figaro

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