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Mucoviscidose : bientôt des médicaments spécifiques

En France, 6 000 personnes souffrent de cette affection qui détruit progressivement les poumons et parfois le pancréas. À son origine, une mutation du gène CFTR qui code pour une protéine cruciale dans la régulation du transfert des ions chlore hors des cellules. Faute d'une protéine CFTR normale, les sécrétions muqueuses, trop épaisses et adhérentes, obstruent les voies respiratoires et digestives. Dernièrement, les traitements symptomatiques (kinésithérapie, antibiotiques...) ont permis d'améliorer considérablement la survie et le quotidien des malades. Mais l'âge moyen de décès reste très jeune : 24 ans.

Dès l'identification du gène CFTR, en 1989, les chercheurs ont rêvé de thérapies géniques, remplaçant le gène défectueux par un gène sain. Jusqu'ici, leurs espoirs ont été déçus. L'administration de gènes portés par un vecteur viral a montré une certaine efficacité lors d'essais cliniques, contrebalancée par des réactions inflammatoires gênantes.

Les spécialistes ont désormais les yeux tournés vers l'Angleterre, où un consortium teste une thérapie génique originale avec un vecteur synthétique, mieux toléré par l'organisme. Le gène est délivré par aérosol. «Une étude pilote vient d'être conduite chez une vingtaine de patients en état stable, indique le Pr Pierre Lehn, président du conseil scientifique de VLM. Si ses résultats, attendus fin juillet, sont concluants, l'équipe britannique passera à l'étape suivante, une administration mensuelle pendant un an.»

D'autres chercheurs parient sur des thérapies protéiques, visant, en fonction du type de mutation en cause, à activer ou à corriger la protéine CFTR malade. «Il s'agit de traitements à la carte, qui pourraient s'associer à une thérapie génique», précise Franck Dufour, directeur scientifique de VLM. Selon lui, l'une des molécules les plus avancées est le VX770 (laboratoire Vertex), un activateur de CFTR. Un essai de phase III (dernière étape avant la demande d'AMM) va débuter aux États-Unis et en Europe.

Ses résultats seront connus en 2010. Dans les mois à venir, les spécialistes attendent aussi avec impatience les conclusions d'études cliniques de phase II avec deux correcteurs de CFTR : le VX809 (Vertex) et le Miglustat (laboratoire Actelion, un médicament déjà prescrit dans une autre maladie rare, la maladie de Gaucher). L'enjeu est d'autant plus important que ces deux molécules seraient efficaces sur un type de mutation présent chez plus de 70 % des malades.

Enfin, une autre thérapie prometteuse, le PTC124 (PTC Therapeutics), est aussi en bonne voie. Destiné aux malades avec une mutation particulière dite à «codons stop» - soit 15 % des mucoviscidoses - ce médicament par voie orale vient d'être évalué chez trente petits patients français et l'essai de phase III se poursuit.

En cas de succès, le PTC124 pourrait être commercialisé dans les trois ans à venir pour les mucoviscidoses à codons stop. Mais ce médicament, spécifique non pas d'une maladie mais d'une mutation, pourrait avoir d'autres indications. Myopathies, hémophilie... plus de 2000 maladies génétiques rares sont dues dans 10 à 15 % des cas à une mutation à codons stop.

Le Figaro

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