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Mordue par son chien et sauvée par des sangsues

En Suède, pour reconstruire le visage d'une femme défigurée par son chien, les chirurgiens ont utilisé des sangsues.

Ce sont au total 358 sangsues médicinales (spécifiquement élevées) qui ont permis le succès de l'opération qu'une femme suédoise a subie cet été après avoir été grièvement mordue par son chien. Dans son malheur, elle a eu de la chance puisque ses parents ont eu le bon réflexe : ils ont "récupéré" le morceau de visage arraché lors de la morsure (une partie de la lèvre supérieure, le nez et une partie de la joue) et l'ont maintenu au frais. Des chirurgiens de l'hôpital universitaire de Malmö ont alors entrepris une intervention aussi compliquée que désespérée pour reconstruire la face de leur patiente. Elle aura duré 15 heures et donc nécessité l'usage de nombreuses sangsues.

Même si l'idée d'avoir de telles bestioles placées sur la peau n'est pas très séduisante, cela fait bien longtemps que les chirurgiens ont recours à ces précieux "auxiliaires de santé". Dès le début du XIXe siècle, John Friedrich Dieffenbach, considéré comme le "père" de la chirurgie plastique, en avait utilisé pour la première fois avec succès, notamment pour la reconstruction de nez. Après une période d'oubli, ces animaux ont progressivement fait leur retour dans les services de chirurgie réparatrice et traumatologique. En France, le pionnier est le Professeur Baudet, spécialiste de la chirurgie plastique au CHU de Bordeaux, qui s'en est servi dès le début des années 1970 lors de la réimplantation des doigts. Cette technique a, depuis, fait école dans de nombreux services en France et à travers le monde.

  • Sans douleur

En pratique, les sangsues médicinales absorbent le "vieux" sang et elles accélèrent les processus de décongestion des hématomes, car elles sont particulièrement attirées par le sang désoxygéné. Elles stimulent l'irrigation des cellules menacées de nécrose en maintenant l'oxygénation du tissu et elles y injectent un liquide qui contient un anticoagulant puissant. Le tout sans provoquer de douleur. "En assurant le drainage et en remplaçant le retour veineux partiellement ou totalement, elles permettent d'attendre qu'une néovascularisation veineuse se mette en place", précise sur son site sangsue-medicinale.com la société Ricarimpex.

L'équipe chirurgicale pose les sangsues là où c'est nécessaire et les laisse prendre tranquillement leur repas (cela dure en moyenne une demi-heure et elles peuvent tripler de volume). Les bestioles se détachent ensuite spontanément (elles sont alors plongées dans un désinfectant puissant et éliminées dans les incinérateurs de l'hôpital). Cette technique a donc été utilisée avec succès à Malmö. Pour la petite histoire, l'éleveur de sangsues local ne pouvant faire face à la demande, il a dû faire venir en urgence du "renfort" de Grande-Bretagne.

"Le plus important a été de rétablir la circulation du sang dans la partie qui avait été arrachée, ce que nous avons réussi à faire une heure après le début de l'intervention", a raconté Stina Klasson, le spécialiste qui a réalisé l'opération. Ce chirurgien se félicite de voir sa patiente capable aujourd'hui de respirer, de manger et de parler.

Le Point

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