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Moderna et Sanofi préparent les premiers vaccins anti-grippe à ARN

Le basculement des vaccins vers la technologie ARN, plus souple, plus rapide à mettre en œuvre et plus précise, s'accélère : l’entreprise américaine de biotechnologies Moderna a annoncé le 7 juillet dernier avoir commencé les essais sur des humains d’un vaccin contre la grippe utilisant la technologie de l’ARN messager, la même que celle employée dans son vaccin contre le Covid-19.

Ces essais vont porter sur 180 adultes pour évaluer la sécurité et l’intensité de la réponse immunitaire provoquée par l’injection de ce produit, baptisé mRNA-1010. Si ces essais sont  concluants, ils pourraient donner naissance à une nouvelle génération de vaccins plus performants contre la grippe. Les actuels vaccins contre la grippe utilisent des virus inactivés, ayant perdu leur capacité à déclencher une infection, mais restant capables de provoquer une réponse du système immunitaire.

Les vaccins à ARN messager se concentrent eux sur une petite partie du virus. On injecte dans l’organisme des brins d’instructions génétiques appelées ARN messager, ordonnant à l’organisme de fabriquer cet antigène spécifique. Cette pointe, inoffensive en elle-même, est ensuite détectée par le système immunitaire qui va produire des anticorps. Et ces anticorps pourront ensuite combattre le virus en cas de réelle infection.

Moderna espère que cette technologie permettra un développement plus rapide des vaccins contre la grippe. Différentes souches peuvent par ailleurs être ciblées dans une seule et même injection. Le vaccin testé ciblera les sous-types de grippe A dits H1N1 et H3N2, ainsi que de grippe B, lignées Yamagata et Victoria. Au final, les vaccins antigrippaux disponibles chaque année ne sont généralement efficaces qu’à un maximum de 60 %. Les sociétés pharmaceutiques espèrent ainsi que les vaccins antigrippaux à base d’ARNm pourront être élaborés plus rapidement et être plus efficaces que les vaccins traditionnels.

Sanofi a également décidé de miser sur la technologie ARN pour développer une nouvelle génération de vaccins. Après le lancement, en mars dernier et avec son partenaire Translate Bio, d'un essai de phase I avec son vaccin contre le Covid-19, celui contre la grippe a commencé le 22 juin dernier. L’essai clinique de phase I, qui se déroulera aux États-Unis, permettra d’évaluer les profils de tolérance et d’immunogénicité (réponse immunitaire) du candidat-vaccin antigrippal monovalent (une seul souche virale) à ARNm chez un maximum de 280 participants.

Plusieurs doses des deux formulations vaccinales seront évaluées dans le cadre de cet essai qui sera mené auprès d’adultes en bonne santé âgés de 18 à 49 ans. Le but de cet essai est d'évaluer l'innocuité du produit et sa capacité à susciter une réponse immunitaire contre la souche grippale A/H3N2, responsable des formes les plus sévères de la maladie - en particulier chez les plus âgés et les plus jeunes.

Sanofi et Translate Bio vont tester deux types de nanoparticules lipidiques pour « emballer » l'ARN. La formulation est un élément critique dans le succès des vaccins ARN. Les données intermédiaires de l'essai sont attendues d'ici à la fin de 2021. « Les résultats orienteront les prochaines étapes de la stratégie et du programme relatifs aux vaccins antigrippaux », indiquent les partenaires.

Sanofi est aujourd'hui le leader mondial des vaccins contre la grippe saisonnière, avec deux technologies de production. La principale s'appuie sur la culture des différentes souches virales sur des oeufs de poule. Le choix des quatre souches virales entrant dans la composition du vaccin est arrêté par l'OMS l'hiver précédent.

Après récolte et inactivation des virus, des fragments - antigènes - sont ensuite conditionnés puis expédiés au début de l'automne dans les pays de l'hémisphère nord. Sanofi les fabrique en Amérique à Swiftwater (Etats-Unis) et Toronto (Canada) ainsi qu'en France, à Val-de-Reuil. Malgré les progrès accomplis, ce processus se déroule sur neuf mois. Et l'efficacité finale du vaccin dépend, à partir de la formule arrêtée par l'OMS, de la vitesse de mutation des souches virales ciblées dans l'intervalle.

Rappelons enfin, qu'en mars dernier, Pfizer a annoncé la conclusion d'un accord avec BioNTech, prolongeant ainsi le partenariat existant entre les deux sociétés pour développer des vaccins à ARN contre la grippe.

L’Organisation mondiale de la santé estime que la grippe est responsable d’environ 3 à 5 millions de cas de maladies graves chaque année, et provoque de 290 000 à 650 000 décès par an dans le monde. En France, la grippe tue encore de 8 000 à 12 000 personnes par an (pour  2 à 6 millions de personnes touchées chaque année  par le virus), et malheureusement, le taux de couverture vaccinale de la population à risque a diminué au cours des dernières années et n’était que de 47,8 % en 2019. Selon une étude de l'Institut de veille Sanitaire, la vaccination anti-grippe, malgré son niveau encore insuffisant,  aurait  permis d'éviter en moyenne 2 500  décès par entre 2000 et 2009…

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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