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Mise en service de la plus grande chaufferie de paille en France

Début mai a été inaugurée la plus importante chaufferie à paille de France. Créée par des agriculteurs d'Echalot, en Côte d'Or, cette installation fournit en chaleur le site voisin du commissariat à l'énergie atomique (CEA) de Valduc. Regroupés dans la Sarl Agro-Energie, Charles Schneider et son père Jacques, céréaliers qui pratiquaient également le commerce de la paille, ont proposé en 2002 au CEA, basé sur leur commune, de lui fournir de l'énergie issue de la biomasse pour son chauffage domestique. Ils se sont inspirés de chaufferies visitées au Danemark, en Allemagne, en Pologne et en Autriche, des installations rarement réalisées par des agriculteurs.

Le CEA a accepté leur proposition, motivé par sa qualité écologique et son coût, inférieure au prix du fuel venant de Suisse avec lequel il se chauffait. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), pour qui cette chaufferie constitue un projet pilote, le Conseil Régional de Bourgogne et le Conseil Général de Côte d'Or ont participé à hauteur de 50 % au coût de sa construction, qui s'élève à 2,35 millions d'euros. Père et fils ont financé le reste et comptent rentrer dans leur frais d'ici 12 ans, durée du contrat signé avec le CEA. Celui-ci s'est engagé à acheter 20.400 MWh (MégaWattheure) par an minimum à un prix défini et révisable en fonction de différents paramètres, soit 36,05 euros le MWh en 2005, toutes prestations comprises (achat de combustible, entretien, maintenance, amortissement des installations).

D'une puissance de 5 mégawatts, la chaufferie est entrée en service à la mi-janvier et couvre les 2/3 des besoins selon le souhait du CEA. Elle doit utiliser chaque année quelque 5.000 tonnes de paille et pour diversifier la ressource 800 tonnes de bois. « La paille possède un pouvoir calorifique (environ 4100 kWh/tonne) très élevé et contribue à supprimer 3000 t de fuel lourd, seule énergie utilisée par l'ancien système de notre client », se félicitait Charles Schneider, gérant d'Agro-Energie dans « Le Moniteur » du 17 février 2006. Des déchets de scierie complètent la performance énergétique de la paille déchiquetée et sécurisent la production, en cas de rupture d'approvisionnement. Notons qu'en Bourgogne, il se trouve des gisements importants non exploités. Les déchets d'industries du bois, qui auparavant partaient en décharge (interdit depuis 2002), ont bien souvent trouvé une valorisation en chaufferie, mais pas encore dans leur totalité.

La paille est stockée sous forme de bottes carrées en quatre endroits, distants en moyenne de 5 km. La capacité totale de stockage est de 5 000 tonnes, correspondant aux besoins d'une année. La chaleur est acheminée sur le site du CEA par un réseau enterré de 1.400 mètres. Globalement, ce système permet concomitamment au CEA d'éviter le rejet dans l'atmosphère de 29 tonnes de soufre et 6.390 tonnes de gaz carbonique. La chaufferie, qui a commencé à tourner cet hiver, emploie un salarié à temps plein et un autre en contrat d'insertion. Une dizaine d'exploitants agricoles doivent à terme fournir la paille nécessaire.

LM

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