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Mieux comprendre les déficits de mémoire des patients schizophrènes et des sujets sains âgés

La mémoire de travail qui consiste à maintenir et à traiter des informations pendant des courtes durées dépend du bon fonctionnement de régions spécifiques du cerveau. Cette faculté tend à décliner chez les patients schizophrènes comme chez les personnes âgées saines. Jean-Claude Dreher, directeur de recherches au Centre de neurosciences cognitives (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1), en collaboration avec une équipe américaine du National Institute of Mental Health (Bethesda, Maryland), vient de montrer pour la première fois que les déficits de mémoire de travail des schizophrènes et des sujets âgés s'accompagnent de différences d'activation du cortex préfrontal, malgré des déficits de mémoire de travail identiques. Ces résultats permettent de mieux comprendre les mécanismes cérébraux sous-tendant les perturbations de la mémoire de travail des schizophrènes et des sujets âgés. Ils sont publiés en ligne le 17 février 2012 dans la revue américaine Biological Psychiatry.

Quels sont les mécanismes cérébraux accompagnant les déficits de mémoire de travail des schizophrènes ? Comment ces changements cérébraux peuvent-ils être comparés à ceux observés au cours du vieillissement sain qui entraîne aussi des perturbations de mémoire de travail similaires ? Afin de répondre à ces questions, l'équipe de recherche a comparé par imagerie médicale les activations cérébrales de deux groupes, des sujets sains âgés et des patients schizophrènes non-médicamentés.

Les études passées montrent que les patients schizophrènes présentent des déficits de mémoire de travail s'accompagnant d'un dysfonctionnement du cortex préfrontal dorsolatéral. Dans cette nouvelle étude, chaque patient schizophrène est apparié à un sujet sain âgé ayant une performance de mémoire quasi-identique. Grâce à cette approche originale, il est possible de tester si le déficit de performance de mémoire de travail des patients schizophrènes est le résultat ou la cause du dysfonctionnement du cortex préfrontal. Jusqu'à présent, le doute subsistait. En effet, les patients schizophrènes étaient comparés à des sujets jeunes et sains « contrôle » dont les performances de mémoire de travail étaient meilleures que celles des malades. Ces différences de performance entre groupes (schizophrènes et sujets jeunes) ne pouvaient donc mettre en évidence la relation entre la maladie et le dysfonctionnement du cortex préfrontal.

Cette nouvelle étude montre que les patients schizophrènes ont une réduction d'activation du cortex préfrontal tandis que les sujets sains âgés sur-activent cette région dans une tâche de mémoire de travail. Grâce à cette information, les chercheurs peuvent affirmer que la réduction d'activation du cortex préfrontal des schizophrènes fait partie de la neurophysiopathologie de la maladie. Le déficit de performance de mémoire de travail des schizophrènes est donc le résultat d'un dysfonctionnement du cortex préfrontal.

Les mécanismes neuronaux sous tendant les déficits de mémoire de travail caractérisant les deux groupes de sujets sont ainsi différentiés. Chez les sujets âgés, l'étude démontre que les déficits de mémoire de travail ne sont pas nécessairement accompagnés d'une réduction d'activation du cortex préfrontal telle qu'observée chez les malades schizophrènes. A terme, l'amélioration des déficits cognitifs des patients schizophrènes et des sujets âgés par des agents pharmacologiques pourrait donc viser à cibler des régions cérébrales plus spécifiques.

CNRS

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