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Un microscope intelligent identifie les atomes à la vitesse de la lumière
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Ablascan est un microscope dopé à l'intelligence artificielle, qui identifie les atomes des matériaux qui passent sous son laser à la vitesse de la lumière. Issue de l'Institut Lumière-Matière, une unité de recherche mixte de l'université Claude-Bernard de Lyon et du CNRS, cette technologie « va permettre de révéler en 15 minutes ce qui met trois jours à être analysé en laboratoire avec les techniques conventionnelles utilisées aujourd'hui », précise Florian Trichard, docteur en chimie et fondateur d'Ablatom, la start-up deeptech à l'origine de cette invention. « Nous allons identifier quasi instantanément les atomes et éléments chimiques qui nous sont invisibles dans la matière ».
Cette rapidité, la start-up la doit à la technologie laser LIBS (Laser Induced Breakdown Spectroscopy, ou spectrométrie sur plasma induit par laser). « Le principe est assez simple : on prend une impulsion laser très brève qu'on focalise sur la surface du matériau », poursuit le chercheur-entrepreneur. « Cette dernière nous permet d'échantillonner et de sublimer quelques nanogrammes de matière et de la vaporiser à une vitesse supersonique, permettant de disloquer toutes les molécules en atomes pour fabriquer un plasma. Le plasma émet de la lumière, qu'on analyse en séparant les longueurs d'onde pour caractériser les atomes. C'est cette technique qui nous permet d'être 10 à 100 fois plus rapides que ce qui existe actuellement, on change d'ordre de grandeur ».
Mais la vitesse ne fait pas tout. Ablascan peut aussi détecter tout le tableau périodique des éléments, ce qui inclut la détection des éléments légers, comme le lithium, avec une exactitude inégalée, révélant certaines traces jusqu'alors invisibles. « C'est une ressource critique à l'échelle mondiale », souligne Florian Trichard. « On peut donc intervenir aussi bien dans sa détection au moment de l'exploration pour son extraction, que dans la cartographie de son vieillissement dans les batteries, ou au moment du recyclage de ces dernières en fin de vie, car il ne faut pas perdre cette ressource précieuse ».
La start-up lyonnaise, qui a suscité l'intérêt du PDG de Michelin, Florent Menegaux, de passage au CES, compte déjà divers clients dans l'industrie et les centres de recherche, dont elle ne révèle, pour l'heure, pas les noms. Mais Ablascan laisse déjà entrevoir quelques cas d'usage, comme l'amélioration de l'extraction de ressources critiques, comme le cuivre, dans les roches, ou encore la caractérisation des matériaux en vue de leur recyclage, mais aussi la fragilisation des métaux dans les centrales nucléaires avant qu'un accident ne se produise. Autre piste prometteuse : l'instrument peut également explorer le développement de nouveaux matériaux, en accélérant les recherches sur les couches minces utilisées dans la microélectronique ou les batteries de nouvelle génération par exemple. Cette capacité à explorer rapidement des propriétés chimiques encore inconnues stimule l'innovation dans des secteurs tels que les énergies renouvelables et l'économie circulaire.
Le Point du 11.01.2025 : https://www.lepoint.fr/innovation/nucleaire-energie-recyclage-ce-microscope-revolutionne-l-analyse-des-materiaux-11-01-2025-2579733_1928.php
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