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Un même gène impliqué dans le développement du mélanome et du cancer du sein
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Des chercheurs américains ont trouvé un gène commun entre le mélanome, la forme la plus sévère de cancer de la peau, et le cancer du sein. Cette découverte fondamentale pourrait bien poser les bases d'une nouvelle classification des cancers qui s'appuierait sur le génome du cancer et non sur sa localisation.
Les mélanomes sont de redoutables cancers de la peau, qui se développent au niveau des mélanocytes, cellules responsables de la couleur de la peau. Le mélanome touche les personnes de tous âges mais reste exceptionnel avant la puberté. Il apparaît essentiellement sur la peau, cependant il peut également survenir sur l'oeil (choroïde ou conjonctive) ainsi que sur les muqueuses. Les mélanomes et plus généralement tous les types de cancers sont des maladies génétiques. En effet, ils sont dus à des mutations c'est-à-dire à des modifications qualitatives et/ou quantitatives des gènes. Ces mutations apparaissent très souvent au cours de la vie de façon sporadique et c'est pourquoi les cancers ne sont pas, en général, héréditaires (seuls 10 % des cancers le sont).
Michael Berger et ses collègues du Broad Insitute (Cambridge, Maine) et du Dana-Farber Cancer Institute (Boston, Maine) ont séquencé le génome de 25 mélanomes. Les résultats de cette étude ont été publiés en ligne le 9 mai 2012, dans la revue scientifique Nature. En accord avec les résultats de précédents travaux sur les mélanomes, les gènes BRAF et NRAS apparaissent comme les plus significativement mutés. En revanche plus surprenant, les scientifiques américains ont découvert que le gène PREX2, initialement connu pour son rôle dans le cancer du sein, été également muté dans 11 échantillons (soit 44 % des mélanomes). Dans une cohorte plus grande de validation, comportant 107 tumeurs, la fréquence de cette mutation reste de 14 %. En complément de ces résultats, une étude chez la souris montre que la présence d'un gène PREX2 muté accélère le développement des tumeurs .
Bien que les mécanismes précis du fonctionnement de PREX2 restent encore à élucider, il semble qu'il interagisse avec le gène PTEN, connu comme un suppresseur de tumeur et un facteur de contrôle de la croissance des cellules normales. PREX2 acquerrait son caractère oncogénique à travers des mutations perturbant ou inactivant certaines fonctions cellulaires. Ce mécanisme est inhabituel ; les oncogènes "classiques" tels que BRAF et NRAS, sont souvent caractérisés par des mutations qui rendent les protéines hyperactives. La cancérologue et généticienne, Yardena Samuels, du US National Human Genome Research Institute à Bethesda (Maryland), pense que ces résultats mèneront peut-être à la création d'une nouvelle classe de gènes responsables du cancer.
En parallèle de cette découverte, l'étude met en évidence la corrélation entre l'exposition aux ultraviolets (U.V.) et l'augmentation du taux de mutations génétiques, confirmant ainsi le rôle du soleil dans le développement des cancers de la peau. Le mélanome qui provient d'un patient ayant subi une exposition aux U.V. très importante présente environ 111 mutations par million de paires de bases (mbp). En comparaison, les tumeurs provenant de parties du corps peu exposées au soleil, comme la plante des pieds, ont autour de 3 à 14 mutations par mbp. Laura Brockway-Lunardi, directrice scientifique de l'association Melanoma Research Alliance (Alliance pour la Recherche sur le Mélanome), qui a financé en partie ces recherches, met l'accent sur ces résultats qui sont particulièrement importants "étant donné l'incidence croissante de cette maladie notamment chez les jeunes femmes, à cause d'une forte exposition au soleil ou de la fréquentation des centres de bronzage".
Les cellules des mélanomes sont particulièrement résistantes et la chimiothérapie et la radiothérapie restent très peu efficaces pour ce type de cancer. En août 2011, un médicament appelé Vemurafenib, qui cible et inhibe l'activité des protéines mutantes BRAF (intervenant dans la croissance et la survie normale des cellules) dans les mélanomes a été validé par la Food and Drud Administration (FDA). Vemurafenib permet une réduction de 63 % du risque de décès et de 74 % du risque de progression, par rapport à une chimiothérapie. Cependant, seule la moitié des cas de mélanomes est due à une mutation du gène BRAF. C'est pourquoi le laboratoire a développé en parallèle un test de génétique moléculaire, dit compagnon, permettant à partir d'une biopsie de la tumeur de déterminer si la mutation est présente ou non et donc de savoir si le patient répondra au traitement.
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- Publié dans : Biologie & Biochimie
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