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Maladie d’Alzheimer : un meilleur mode de vie réduit les risques, même avec de mauvais gènes...
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Des scientifiques de l’Inserm et de l’université de Bordeaux ont montré qu’adopter un mode de vie plus sain peut retarder l’apparition de la démence et ralentir le déclin cognitif, même chez les personnes présentant un risque génétique élevé pour la maladie d’Alzheimer. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication scientifique parue dans la revue Alzheimer’s & Dementia.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui représente la première cause de démence. Elle se caractérise par un déclin cognitif majeur (troubles de la mémoire, des fonctions exécutives et de l’orientation dans le temps et l’espace…). Plusieurs facteurs génétiques et environnementaux peuvent augmenter le risque de développer la maladie, même si l’âge reste le facteur de risque le plus important. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement curatif à la maladie d’Alzheimer. La maladie évolue de plus sur des dizaines d’années avant que les premiers symptômes n’apparaissent. La recherche se penche donc naturellement vers la prévention, dans l’espoir de limiter les symptômes et/ou ralentir la maladie. Une des pistes les plus étudiées actuellement consiste à s’intéresser à la combinaison de facteurs de risque modifiables, liés au mode de vie. Des travaux pour étudier si un meilleur profil de facteurs de risque modifiables peut être protecteur et retarder le développement de la maladie, et si la relation est modifiée par le risque génétique des individus, ont déjà été publiés aux Etats-Unis, aux Pays-Bas ou en Angleterre, mais elles ont donné des résultats contradictoires.
Cette nouvelle étude de l’Inserm, la première en France, avait donc pour but de s’intéresser à cette question afin d’aller plus loin sur le sujet. Les chercheurs et chercheuses ont suivi 5170 participants de plus de 65 ans de l’étude des 3 cités, pour une durée allant jusqu’à 17 ans. Au début du suivi, aucun n’avait un diagnostic de démence. Au cours du suivi, les scientifiques ont étudié à la fois l’incidence de la maladie (nombre de personnes développant une démence, dont 2/3 environ de la forme Alzheimer), ainsi que l’évolution des performances cognitives des participants (ceux qui sont sur la voie de la maladie développent un déclin cognitif accéléré).
Pour étudier les facteurs de risque modifiables de la démence, les scientifiques ont par ailleurs utilisé et attribué à chaque participant un score de risque appelé LIfestyle for BRAin health score (LIBRA). Le LIBRA comprend un score pondéré de 12 composantes, notamment des facteurs liés au mode de vie (mauvaise alimentation, inactivité physique, faible engagement dans des activités cognitives stimulantes, consommation d’alcool nulle ou élevée et tabagisme), à la santé cardio-métabolique (antécédents de maladie cardiaque, diabète, taux de cholestérol élevé, obésité et hypertension), au dysfonctionnement rénal ou encore à la dépression. Enfin, pour caractériser le risque génétique de chaque participant, les scientifiques ont utilisé deux critères différents. Le premier était la présence ou non du gène APOE-ε4, qui est le principal facteur de risque génétique de développer la maladie d’Alzheimer. Le deuxième était un score de risque génétique qui regroupe les autres facteurs de susceptibilité génétique de la maladie.
A partir de ces données, les scientifiques ont mené des analyses statistiques pour évaluer si la susceptibilité génétique individuelle influençait la relation entre le score LIBRA et le risque de développer une démence, ainsi que les trajectoires de déclin cognitif. Leurs résultats montrent que plus une personne a un score LIBRA élevé, en faveur d’un plus grand nombre de facteurs dans le sens défavorable à la santé, plus elle a un risque de développer la maladie, et ce quels que soient ses prédispositions génétiques pour l’Alzheimer.
Cela suggère que des programmes de prévention ciblant les facteurs modifiables liés au mode de vie pourraient bénéficier à tous, même aux personnes qui présentent une prédisposition génétique à la maladie d’Alzheimer. « Encourager ces personnes à modifier certains de leurs comportements, agir sur des facteurs de risque modifiables, est susceptible d’apporter des bénéfices significatifs pour réduire le vieillissement cognitif et retarder les symptômes de la maladie d’Alzheimer », souligne Cécilia Samieri, directrice de recherche Inserm et dernière auteure de l’étude.
L’équipe souhaiterait désormais s’intéresser aux facteurs de risque génétiques d’un point de vue plus global – ou "pangénomique". Là où cette étude ne s’est focalisée que sur les gènes associés à la maladie d’Alzheimer, il pourrait être utile de regarder tout le génome. L’hypothèse est qu’il y aurait peut-être des sous-groupes de la population générale pour lesquels les stratégies de prévention seraient plus efficaces, non pas parce qu’elles présenteraient certains variants génétiques liées à Alzheimer mais parce qu’elles seraient porteuses de variants spécifiques à certains facteurs de risque, comme les gènes liés au métabolisme de la nutrition par exemple. Mettre en place une telle étude nécessiterait cependant de s’intéresser à un très grand nombre de participants.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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