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Les lois invisibles du réseau
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L'Internet chahute les législations nationales, menace la souveraineté des Etats, suscite la mobilisation des polices du monde entier pour combattre les nouvelles formes de cybercriminalité. Dans le même temps, les défenseurs des libertés publiques s'alarment du fichage permis par les réseaux et des menaces qui pèsent sur la liberté d'expression. Le Net est-il une forme d'anarchie high-tech ou l'émergence de Big Brother? Ni l'un ni l'autre. «L'Internet n'est rien par nature, c'est une construction artificielle et nous pouvons choisir la façon dont il est bâti», plaide Lawrence Lessig, 38 ans. Ce professeur de droit américain, enseignant à l'université de Harvard et expert auprès du gouvernement américain dans son procès contre Microsoft, est l'auteur de Code informatique et autres lois du cyberespace, un livre publié l'année dernière aux Etats-Unis Dans le cyberespace, l'architecture c'est le code informatique: les protocoles de communication et les logiciels qui font fonctionner l'ensemble du réseau. Lessig prend l'exemple d'AOL. Les abonnés peuvent accéder à l'Internet, mais passent 90 % de leur temps à l'intérieur du système d'AOL, qui est une sorte de club fermé. L'architecture d'AOL implique un contrôle social fort de ses abonnés, inclus dans le code informatique. Ce n'est pas un accident si l'on n'y trouve pas d'espace public dans lequel les internautes pourraient rencontrer des centaines de personnes, rallier des gens à une révolution ou critiquer AOL. Au lieu de ça, il y a juste des «chat rooms» où un maximum de 23 personnes peuvent discuter ensemble. C'est l'architecture d'AOL. Son patron, Steve Case, peut parler à toute la communauté, mais l'inverse est impossible. Par ailleurs, AOL est en mesure de surveiller tout ce que les gens font à l'intérieur du système. Ils promettent de respecter votre vie privée, mais il n'y a aucun doute qu'ils utilisent l'information recueillie pour affiner la façon dont ils vous proposent des produits. La plupart des gens ne s'en rendent pas compte. Lessig souligne que dans le monde physique, la plupart des contraintes architecturales sont visibles, dans le cyberespace, c'est très simple d'imposer des contraintes invisibles et c'est un danger pour nos sociétés. Si les gens ne savent pas que la régulation existe, on se trouve face à une loi invisible. Où se trouve alors la démocratie se demande Lessig? celuici-ci précise qu'il n'est pas opposé à toute régulation mais qu'elles doivent être publiques, pas masquées. Lessig montre qu'avec l'explosion du nombre de connexions à l'Internet, nous sommes passés d'un modèle principalement dominé par la recherche universitaire à un modèle plus complexe. L'IETF s'occupe toujours de l'architecture de base du réseau, mais d'autres organismes sont apparus, avec d'autres objectifs. Surtout, les entreprises privées, comme Microsoft ou Sun, développent leurs propres normes. Toutes ces forces interagissent pour produire l'architecture de l'Internet. Les choix émanent donc uniquement des entreprises et des gens qui bâtissent le cyberespace. Une plus grande publicité sur le code est nécessaire. La plupart des gens ne comprennent pas ce que font ces organismes et ces entreprises. Cet état de fait n'est pas satisfaisant si nous voulons préserver les valeurs que nous estimons démocratiquement importantes.
article résumé par @RTFlash
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