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Le logiciel libre entre en classe
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Force est en effet de le constater : la plupart des élèves du primaire et du secondaire sont, dans le cadre de leur initiation à l'informatique, plus accoutumés à utiliser des logiciels propriétaires (Windows, Word, Mac, etc.) que leurs équivalents « libres ». Et, pourtant, entre l'école et le « libre », il y a plus d'un atome crochu, plaident sans cesse les chantres du logiciel libre. Question de morale, sinon d'économie. Doit-on seulement enseigner aux enfants le maniement d'un outil dûment estampillé d'un logo commercial ou plutôt leur transmettre autonomie et polyvalence ? Dans le système éducatif, l'intérêt que suscite le logiciel libre ne date pas d'hier. Le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a ainsi signé, en octobre 1998, un accord-cadre avec l'Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres (AFUL), portant sur le « déploiement de l'informatique libre dans le système éducatif français ». L'accord prévoit, entre autres, « le soutien de l'AFUL à des projets de mise en réseau de lycées, collèges et écoles, grâce à des logiciels libres » et « l'assistance technique et pédagogique de l'AFUL à la formation des personnels de l'éducation nationale ». La gratuité des logiciels libres, si elle peut favoriser l'égalité devant l'outil informatique, présente aussi un réel intérêt pour les établissements eux-mêmes. Les coûteuses licences d'exploitation qu'ils doivent acheter auprès des éditeurs pourraient, à l'avenir, peser lourdement en faveur du « libre ». C'est cependant en contournant le cadre de l'enseignement scolaire que le « libre » pourrait forcer avec le plus de succès la porte du système éducatif. Notamment en investissant les infrastructures réseaux des établissements, l'administration ou la gestion des bibliothèques. L'introduction du logiciel libre à l'école pose aussi des problèmes plus profonds en termes d'éducation. L'informatique, dans le primaire tout au moins, n'est pas enseignée en tant que telle, mais comme outil utilisé dans le cadre d'autres matières. « Le problème est de savoir si l'école doit former des citoyens ou des consommateurs ! », insistent les promoteurs du « libre ». Pour eux, l'école doit permettre aux élèves d'acquérir une « culture informatique » et non les seules fonctions de base de tel ou tel outil, qu'il soit dominant sur le marché ou non. Un projet qui relève de la gageure. « Aujourd'hui, confie un responsable de l'AFUL, 80 % des enseignants ne sont pas suffisamment sensibilisés à ces questions. » Et la plupart, sans doute, ne font pas de distinction entre les logiciels libres et les autres... Introduire le « libre » à l'école, c'est aussi expliquer ce qu'il est... et ce qu'il n'est pas.
Le Monde :
http://interactif.lemonde.fr/article/0,5611,2894--141446-0,FF.html
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