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Edito : Le logement s'adapte aux seniors grâce aux nouvelles technologies

En utilisant des technologies domotiques intelligentes et transparentes, il est à présent possible de maintenir les personnes âgées à domicile en préservant leur autonomie, leur confort et leur sécurité. A Nice, le projet Gerhome (pour Gerontology at Home), co-piloté par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) de Sophia Antipolis, l'Institut National de Recherche en Informatique et Automatique et le CHU de Nice vise ces objectifs ambitieux. (Gerhome)

Comme le soulignent ses concepteurs, Gerhome permet « de réduire les risques d'accidents domestiques (risques de chutes, de brûlures, etc.) et autres risques (canicule, etc.) ; de garder le lien avec les membres de la famille, l'entourage, le médecin ; d'adapter l'habitat afin de suivre et préserver l'autonomie des personnes vieillissantes ou encore, d'offrir d'autre services tels que le suivi médical (suivi des prises de médicaments, « monitoring » temps réel, etc.), la gestion de l'urgence, et l'aide à domicile ».

L'appartement pilote, qui sert de laboratoire aux chercheurs se compose de deux pièces bardées de capteurs et de caméras placées de manière à pouvoir enregistrer les mouvements et les diverses activités du locataire. Pourtant, il n'est pas question d'espionner la personne âgée. Toutes ces informations visent simplement à décrire le quotidien d'un aîné dans son logement, et à repérer les comportements qui pourraient paraître inhabituels.

En 2008, ce « laboratoire » est entré dans une première phase d'expérimentation. Suivis par des médecins gériatres du CHU de Nice participant au projet, quinze personnes âgées (de plus de 65 ans) volontaires ont été recrutées par le Comité départemental des retraités des Alpes-Maritimes. Chaque volontaire a passé quatre heures dans le laboratoire pour suivre un scénario construit sur certaines activités quotidiennes, préparer et prendre un repas, regarder la télévision, faire le ménage, se reposer. L'objectif : valider la capacité du système à reconstituer précisément les activités effectuées par l'occupant pendant la durée du scénario ».

Depuis 2009, une deuxième phase d'expérimentation vise à déployer le système Gerhome directement au domicile de personnes âgées volontaires et en chambres de maison de retraite dans la région niçoise.

Le secrétaire d'Etat à l'industrie, Luc Chatel, s'est rendu le 22 mai dernier à Sophia-Antipolis, sur le site du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), pour assister à des démonstrations d'applications développées par des entreprises membres du pôle de compétitivité Solutions communicantes sécurisées (SCS) dans les domaines des services mobiles sans contact et de l'e-santé. En présence du député-maire de Nice, Christian Estrosi, il a visité le projet GERHOME et a profité de sa visite pour annoncer la création du centre de référence national à Nice pour la prise en charge de la santé à domicile et de l'autonomie.

Il est vrai que notre pays doit faire face à un vieillissement inéluctable de sa population. En France, les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient 21 % de la population en 2005. Ils seront 24,6 % dès 2015 pour atteindre 30 % en 2050. En 2020, la France comptera près de 17 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, dont 4 millions de plus de 80 ans.

En ce qui concerne l'espérance de vie, elle poursuit sa progression constante en franchissant en 2006 le seuil des 77 ans pour les hommes (77,2 ans) et atteignant 84,1 ans pour les femmes. Mais la bonne nouvelle c'est que l'espérance de vie sans incapacité continue elle aussi d'augmenter : 60 % des Français ne deviendront jamais infirmes ni dépendants, quand bien même ils vivraient très vieux. Mieux encore, à 75 ans, c'est seulement 5 % de la population qui se trouve en mauvaise santé.

De récentes études montrent que les progrès réalisés par la médecine et l'amélioration de nos conditions de vie ne se bornent pas à prolonger la vie. Ils auraient aussi pour effet de retarder l'apparition des incapacités, y compris des plus lourdes. Néanmoins, compte tenu du vieillisement général de notre population, le nombre de personnes âgées dépendantes de plus de 60 ans devrait augmenter de 25 % d'ici 2020.

Face aux coûts de plus en plus lourds de la médecine et des soins et au souhait légitime de la plupart des personnes âgées de demeurer dans leur cadre de vie habituel, il est de l'intérêt de notre société de permettre le plus longtemps possible le maintien (ou le retour) à domicile des personnes en perte d'autonomie ou à risques (personnes âgées vivant seules, personnes handicapées ou souffrant de problèmes de santé chroniques, etc.), et retarder leur entrée en institution (maisons de retraite médicalisées, unités de long séjour, etc.). Sur le simple plan économique, le coût moyen journalier de l'hospitalisation à domicile est d'environ 170 euros, contre 240 euros en hospitalisation complète.

La généralisation des robots domestiques d'aide et d'assistance à la personne (voir article sur le projet Romeo), à l'horizon 2020, va permettre, combinée aux logements "intelligents", de maintenir, dans des conditions dignes, l'immense majorité des personnes âgées à domicile jusqu'au terme de leur vie.

Cette avancée, au-delà des outils technologiques, constitue une mutation économique, sociale et culturelle majeure car elle va permettre à nos aînés de rester actifs et créatifs tout au long de leur vie. Notre pays, qui a développé de remarquables compétences dans ce vaste domaine du maintien à domicile des personnes âgées, se dote ainsi d'un avantage compétitif majeur dans l'économie mondialisée de ce siècle mais se donne également les moyens de construire une société plus humaine et plus solidaire.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com

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