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Un lien entre entre système immunitaire et désordre psychique

Pas évident d'imaginer qu'il puisse y avoir un lien direct entre le système immunitaire, qui permet de combattre virus et bactéries, et certaines maladies mentales. C'est pourtant ce que suggère le prix Nobel 2007 de médecine, Mario Capecchi, dans une étude publiée dans Cell. Avec son équipe, celui-ci a montré qu'une greffe de moelle osseuse, cette substance fondamentale du système immunitaire, permettait de guérir des souris atteintes d'un trouble comportemental bien identifié.

Capecchi a travaillé sur une population de souris souffrant d'une sorte de trouble obsessionnel compulsif (TOC) : elles se toilettent de manière pathologique et peuvent ainsi aller jusqu'à l'automutilation. Capecchi connaissait déjà bien cette maladie «mentale» puisque c'est lui qui avait montré un lien en 2002 entre ce désordre psychique chez la souris et la présence d'un gène mutant appelé Hoxb8.

Le mécanisme précis qui permettait d'expliquer comment ce gène pouvait conduire à la maladie restait toutefois assez vague. Les scientifiques savaient simplement qu'il générait certaines déficiences dans les microglies, des cellules particulières qui se forment dans la moelle osseuse. Capecchi a tout simplement imaginé que ces cellules, qui migrent après leur formation vers le cerveau, étaient la cause de la maladie.

Sur les 10 souris dont les chercheurs ont «échangé» le système immunitaire déficient par celui de souris saines (par greffe de moelle osseuse), 4 souris ont été complètement guéries et les 6 autres ont montré de considérables progrès puisque leurs poils ont commencé à repousser et leur plaies à cicatriser. Pour le moment, il reste difficile de comprendre comment les microglies ayant migré dans le cerveau peuvent modifier le comportement des animaux. «Nous pensons qu'elles affectent les circuits neuronaux d'une manière ou d'une autre», explique Capecchi.

Seule certitude, ce n'est pas en jouant sur la sensibilité à la douleur des souris que se manifeste le gène Hoxb8. Différentes équipes de scientifiques avaient en effet laissé entendre que ce gène induisait une diminution de la sensibilité qui aurait pu expliquer pourquoi ces souris pouvaient se toiletter jusqu'au sang. Cette théorie est battue en brèche par ces nouveaux travaux puisqu'aucun des cobayes n'a présenté d'accroissement de la sensibilité après la greffe.

Quelles applications pour l'homme ? Aucune pour le moment. Si le TOC animal étudié ressemble fortement à la trichotillomanie humaine (arrachage compulsifs de ses propres poils et/ou cheveux), Mario Capecchi souligne bien «ne pas proposer de faire des greffes de moelle osseuse sur des patients pour les guérir d'un quelconque trouble psychiatrique». Cette opération chirurgicale est en effet particulièrement risquée et n'est réalisée chez l'homme qu'en cas de vie ou de mort. Sans compter qu'elle est particulièrement coûteuse.

Mais l'implication du système immunitaire dans un modèle permettant de comprendre les causes physiologiques des TOC reste fascinante. Si quelques études avaient déjà montré des liens peu clairs des gènes qui favoriseraient certaines pathologies mentales et des problèmes immunitaires, c'est bien la toute première fois qu'un lien de cause à effet direct est observé entre système immunitaire et trouble comportemental. La transposition éventuelle de ces mécanismes chez l'homme ouvre des perspectives vertigineuses. Avec, en ligne de mire, la mise au point potentielle de nouveaux médicament permettant de traiter plus efficacement la dépression, la schizophrénie ou encore les TOCs.

LF

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