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Le larynx artificiel bientôt à l'essai
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Parviendra-t-on un jour à éviter la trachéotomie (incision chirurgicale pratiquée dans la trachée en vue de faciliter la respiration), souvent inéluctable après une ablation du larynx ? C'est, par des chemins différents, l'objectif poursuivi par plusieurs équipes. La greffe totale devrait rester exceptionnelle car inapplicable aux patients traités pour un cancer. D'ailleurs, seules deux tentatives ont été menées à ce jour. Autre technique testée en Italie : reconstituer le larynx à partir d'une côte du patient, modifiée pour lui donner la forme de l'organe et vascularisée par implantation dans l'avant-bras, puis mise en place en la reliant aux vaisseaux du cou.
En France, le Professeur Christian Debry, chirurgien ORL des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, mise sur une autre voie : un larynx artificiel grâce auquel il espère, à terme, rendre inutile la trachéotomie. Dans les prochains mois, son équipe doit procéder à un premier essai sur une dizaine de patients. Près de 1200 personnes subissent chaque année une trachéotomie définitive dans notre pays où l'on recense 20.000 «trachéotomisés». Cette intervention consécutive à l'ablation du larynx en raison d'un cancer le plus souvent associé au tabac est presque toujours synonyme de mise à l'écart sociale et professionnelle pour le malade.
Organe complexe, le larynx remplit normalement trois fonctions : il permet de parler grâce aux cordes vocales qui modulent la voix, mais aussi de respirer et de s'alimenter sans «fausse route», grâce à la fermeture réflexe de la trachée lors du passage des aliments vers l'œsophage. Son ablation impose souvent la création d'une trachéotomie définitive pour permettre la respiration, l'alimentation continuant à se faire par la voie normale. «Notre objectif, indique le Professeur Debry, c'est d'éviter la trachéotomie définitive grâce à une reconstitution totale du larynx selon un procédé qui associe les techniques chirurgicales et l'utilisation de biomatériaux poreux. Implantée à l'emplacement du larynx, la prothèse permet - c'est le plus important et le plus difficile - une respiration et une déglutition synchronisées grâce à un double système de valves, ce qui rend possible la fermeture de la trachéotomie et permet donc de restaurer une voix, chuchotée dans un premier temps.»
Cette prothèse, sur laquelle le chirurgien et les chercheurs de l'unité 977 Biomatériaux et ingénierie tissulaire de l'Inserm travaillent depuis de longues années, est rigide comme le cartilage du larynx, afin d'éviter tout risque de lyse (digestion par l'organisme). Sa microstructure, en billes de titane de 200 à 600 microns, est conçue pour favoriser sa colonisation par les cellules musculaires et cartilagineuses qui vont reconstituer peu à peu les tissus. La prothèse comprend deux parties dont la pose se fera en deux temps. La partie biofonctionnelle, inamovible, sera posée par voie chirurgicale juste après l'ablation du larynx, avant le traitement par irradiation qui doit intervenir dans les deux mois. L'autre partie, fonctionnelle, sera posée par endoscopie quelques semaines plus tard et viendra se clipper sur la première. Elle devra être changée périodiquement. «Si la technique fonctionne, nous espérons qu'elle se substituera peu à peu à la trachéotomie», confie le Professeur Debry.
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- Publié dans : Médecine
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