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Les labos nous préparent une santé de génome
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Des médicaments plus nombreux, plus efficaces, plus rapides à mettre au point: depuis quelques années, les progrès de la génétique font espérer une révolution de la recherche pharmaceutique. Aujourd'hui, ces promesses commencent à se concrétiser. Les premiers candidats-médicaments issus de la génomique - la science de l'identification des gènes et de leur fonction - atteignent en effet le stade des essais sur l'homme. Fin février, GlaxoSmithKline a révélé le succès de tests effectués sur un traitement destiné à éviter l'athérosclérose (pathologie entraînant le durcissement des artères) : ce produit prend pour cible une enzyme responsable de la formation des plaques d'athérosclérose, dont le rôle a été mis en évidence par la société Human Genome Sciences. En janvier, le groupe allemand Bayer et la société américaine Millennium avaient annoncé l'entrée en phase clinique du premier anticancéreux issu de leur collaboration dans la génomique. Plus avancé encore : le suisse Novartis en est au stade final d'essais sur une molécule qui bloque l'action de la protéine responsable d'une forme de leucémie chronique. Cette maladie est peu répandue, mais le produit pourrait aussi agir sur des protéines responsables d'autres cancers (sein, prostate), ce qui lui ouvrirait des perspectives plus larges. Le séquençage du génome humain, qui vient d'être réalisé en parallèle par le consortium public Human Genome et par la firme privée Celera, devrait renforcer ce flux de nouveaux médicaments. Avec l'annonce que le génome humain contient 30 000 gènes au lieu des 100 000 attendus, la fonction des gènes se révèle toutefois plus complexe à réaliser : chaque gène ne code pas une seule protéine, mais plusieurs. Pour comprendre totalement le mécanisme des maladies, les scientifiques vont donc devoir étudier les protéines : « La localisation des protéines, leurs modifications, les altérations même mineures de leurs interactions peuvent avoir des effets spectaculaires sur la physiologie cellulaire », note Craig Venter, patron de Celera. Il n'en reste pas moins que les gènes jouent un rôle important dans la plupart des maladies. « Même les maladies infectieuses comportent des facteurs génétiques », souligne Francis Collins, directeur de l'institut américain de recherche sur le génome humain, qui estime que le décryptage des gènes « va permettre de découvrir les composantes de la majorité des maladies ». Pour la première fois dans l'histoire de l'industrie pharmaceutique, les chercheurs sont en mesure d'identifier les gènes et les protéines qui mènent à une maladie, et cela va multiplier les pistes de nouveaux médicaments. La recherche classique remontait de la maladie jusqu'à la fonction déficiente, mais se contentait souvent de traiter les symptômes. La stratégie actuelle part du gène, analyse sa fonction et met ainsi en évidence des cibles d'intérêt thérapeutique : récepteurs qui enregistrent le message de l'ARN, enzymes qui contrôlent le processus métabolique, anticorps qui stimulent le système immunitaire, etc. Les médicaments qui agiront sur les cibles s'attaqueront à la cause même des maladies. Ces médicaments pourront être des gènes, des protéines, mais aussi des molécules chimiques classiques. « Les médicaments actuels agissent tout au plus sur 400 cibles biologiques. Même si nous n'avons que 30 000 gènes au lieu de 100 000, cela nous fait des milliers de nouvelles cibles à trouver », note Paul Rosteck, chercheur chez Eli Lilly. On estime pour l'instant que 5 000 à 10 000 le nombre de ces cibles présentent un intérêt thérapeutique. Mais la génomique ouvre surtout l'espoir de traiter des maux jusqu'ici incurables (comme la maladie d'Alzheimer) ou imparfaitement soignées (comme le cancer). . Un certain nombre des 300 anticancéreux qui sont en phase de développement sont issus de la génomique. Deux démarches existent. Les uns, comme Millennium, ont l'ambition de trouver un « supermédicament » qui agirait contre toutes les formes de cancer. Les autres cherchent à faire des anticancéreux « personnalisés », qui collent au profil génétique du malade. Déjà l'Herceptin, lancé par Genentech (Groupe Roche) en 1998 pour le cancer du sein à métastases, ne s'adresse qu'aux 30 % de malades présentant une altération d'un certain gène. Mais le processus va encore s'affiner: AstraZeneca s'est allié avec l'Institut Curie pour établir la carte d'identité génétique de chaque type de tumeur. Aujourd'hui on estime que 25 % des projets de recherche préclinique de l'industrie pharmaceutique dérivent de la génomique. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour mieux comprendre l'action des gènes et des protéines, et pour trouver de nouvelles catégories de cibles vraiment innovantes. Le séquençage du génome humain n'est pas une fin, c'est un début.
Expansion :
http://www.lexpansion.com/article_milieu.asp?id=827&rub=4
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