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Un laboratoire lyonnais développe un nouveau type d'analgésique sans effets secondaires

Le groupe Stragen, dont le siège social est à Genève et la R&D à Lyon, a annoncé l’inclusion du premier patient dans l’essai clinique de phase IIa de «STR-324» : un analgésique «nouvelle génération» qui n’est pas un dérivé de la morphine.

Les analgésiques les plus utilisés dans le monde sont pour la plupart des dérivés opioïdés (dérivés de la morphine). Ils sont puissants contre la douleur mais ils ont des effets indésirables non négligeables sur le système gastro-intestinal, cardio-respiratoire, sans compter le risque d’addiction lorsque la douleur persistante incite à augmenter les doses et la durée du traitement.

«STR-324» agit différemment des dérivés opioïdes qui se répandent dans tout le corps, explique Victor Juarez Perez, directeur scientifique de Stragen à Lyon. Cette nouvelle molécule intervient localement, à l’endroit de la douleur initiale… Lorsque vous vous blessez, votre organisme réagit et génère immédiatement des enképhalines à l’endroit de la blessure. Ces enképhalines sont de puissants analgésiques naturels qui vont atténuer la sensation de douleur. Mais cet effet est momentané. Très rapidement, ces enképhalines vont être dégradées par des enzymes et la douleur revient. «STR-324» cible ces enzymes et les inhibe : les enképhalines vont donc être efficaces plus longtemps contre la douleur.

C’est l’Institut Pasteur qui a découvert le mécanisme délicat de la gestion de la sensation de douleur par l’organisme : il y a d'abord le traumatisme qui provoque une douleur. Ensuite, l'organisme réagit à cette douleur en générant des enképhalines qui vont l’atténuer. Enfin, l’organisme régule la production des enképhalines grâce à des enzymes qui viennent les dégrader rapidement.

Parallèlement, l’organisme régule ces enzymes par une autre molécule qui vient les bloquer. Cette autre molécule naturelle s’appelle «l’opiorphine». L’opiorphine a été le sujet d’une autre recherche menée par le docteur Philippe Sitbon, médecin anesthésiologiste au Centre de cancérologie Gustave Roussy de Paris et chercheur Inserm.

« Nous avions remarqué que cette opiorphine avait une action limitée dans le temps car, elle aussi, se dégradait très vite » indique le docteur Sitbon. « En collaboration avec le laboratoire Stragen, nous avons donc trouvé un dérivé plus stable de cette opiorphine : le STR-324. Une étude effectuée sur un modèle animal a ensuite prouvé que le STR-324 avait un effet de longue durée sur la sensation de douleur ». Le laboratoire Stragen s'est donc attaché à mettre au point une alternative à la morphine, sur la base d’une molécule créée par notre organisme : l’enképhaline, un peptide libéré par les neurones lors de sensations douloureuses trop intenses. « Au même titre que les endorphines, bien connues des sportifs de haut niveau, les enképhalines permettent d’abaisser le seuil de la douleur ou de lutter contre la fatigue », décrit Patrick Couvreur, principal auteur de la recherche et professeur de biopharmacie à l’Université Paris-Saclay.

L’étude clinique de phase I a confirmé l’absence d’événements indésirables, précise Jean-Luc Tétard, PDG et Fondateur du groupe Stragen. Si cette nouvelle étude de phase II confirme son potentiel analgésique, le STR-324 apportera un traitement plus efficace à des millions de patients souffrant de douleurs, sans effets secondaires de type opioïde. Contrairement à la morphine, qui agit principalement sur le système nerveux central, les nanoparticules de leu-enképhaline-squalène, de par leur taille, ne parviennent pas à passer la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau. C’est pourquoi, lorsqu’elles sont injectées par voie intraveineuse, elles se limitent à agir au niveau du système nerveux périphérique et plus particulièrement dans la zone inflammatoire douloureuse. En clair : la leu-enképhaline est libérée au bon endroit et au bon moment, sans générer de toxicité dans l’organisme.

Cet essai de phase II a s’effectuera «en double aveugle» sur 116 patients au centre médical de l’Université de Leiden aux Pays-Bas. Cela permettra de déterminer la dose optimale pour atténuer des douleurs postopératoires. L’efficacité de ce candidat-médicament sera jugée par rapport aux résultats obtenus sur un groupe de patients «placébo» explique Victor Juarez Perez, directeur scientifique de Stragen à Lyon.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Science Advances

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