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L'Institut Pasteur met point un vaccin animal contre le charbon

Une équipe de l'Institut Pasteur de Paris, dirigée par Michèle Mock, de l'unité des Toxines et Pathogénie Bactérienne (CNRS URA 2172), a mis au point un vaccin animal expérimental contre la maladie du charbon démontrant l'efficacité dune préparation vaccinale originale sur des rongeurs, cobayes et souris. Elle espère maintenant développer un vaccin utilisable chez l'homme. La maladie du charbon (anthrax en anglais) touche les mammifères. Elle est due à une bactérie, Bacillus anthracis, qui survit dans l'environnement sous une forme résistante appelée spore. Après leur entrée dans l'organisme, les spores germent pour donner naissance à des bacilles (bactéries en forme de bâtonnets) producteurs de toxines, qui se multiplient rapidement. Toxémie et septicémie, en dehors de tout traitement, conduisent à la mort. A ce jour, aucun vaccin à la fois dépourvu d'effets secondaires et hautement protecteur contre les souches virulentes du bacille du charbon n'est encore disponible pour l'homme. Il existe seulement un vaccin acellulaire, mis au point dans les années soixante aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, qui est constitué d'un composant des deux toxines de la bactérie, la protéine PA (pour "protective antigen"). Toutefois, ce vaccin requiert plusieurs immunisations et s'avère surtout moins efficace que le vaccin atténué, composé de spores vivantes, qui est utilisé avec succès chez l'animal mais ne peut l'être chez l'homme en raison de ses effets secondaires toxiques. La protection conférée par ce vaccin acellulaire permet de bloquer l'effet des toxines, mais est sans effet sur l'infection due à la multiplication des bacilles. Les chercheurs sont donc partis du principe que, pour améliorer ce vaccin, il fallait viser la phase précoce de l'infection, afin de neutraliser les spores dès leur entrée dans l'organisme, et bloquer ainsi l'étape de germination. L'équipe de Michèle Mock a donc testé une préparation vaccinale composée du vaccin acellulaire actuel auquel ont été ajoutées des spores tuées. Cette combinaison a été expérimentée chez des cobayes, animaux couramment utilisés pour tester des vaccins contre la maladie du charbon, et chez des souris, très sensibles à l'infection et donc particulièrement difficiles à protéger. Une protection totale envers des souches virulentes de Bacillus anthracis a été obtenue chez les deux modèles animaux, dans des conditions où l'immunisation par la seule protéine PA échouait. Les chercheurs pensent que cette préparation vaccinale "pourrait servir de base à la première formulation, à usage humain, d'un vaccin sous-unitaire aussi protecteur que l'actuel vaccin vivant vétérinaire". Depuis les attaques au charbon qui ont fait cinq morts aux Etats-Unis, la recherche sur cette maladie et son agent s'est considérablement intensifiée. Plusieurs laboratoires, israélien et britannique notamment, ont annoncé la mise au point de vaccins expérimentaux, le génome du bacille a été décrypté, des tests de détection rapide ont été développés et les mécanismes d'action de la toxine du charbon ont été découverts.

Actualités de l'Institut Pasteur du 22-01-02 : http://www.pasteur.fr/externe

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