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L'informatisation de l'hôpital sauve des vies

Dans le monde entier, la plupart des centres médicaux souffrent encore d'un important retard technologique par rapport aux agences bancaires, aux usines de production... voire au garage du coin ! Mais dans quelques rares établissements, comme, à Boston, le Brigham & Women's Hospital et le Massachusetts General Hospital, le personnel, des grands patrons aux internes, utilise massivement les technologies de l'information, révolutionnant ainsi la pratique de la médecine. Ici, le dossier en papier, emblème de l'univers médical, cède la place à un fichier électronique, consultable à tout instant et réactualisé en permanence. Les médecins y saisissent leurs prescriptions - qu'il s'agisse d'ordonnances ou d'analyses de laboratoire - dans un logiciel qui détecte instantanément les erreurs. Dans le service de radiologie, les images numériques remplacent progressivement les anciens films radio, si faciles à égarer. Le Brigham et le General sont les deux piliers de la faculté de médecine de Harvard (Massachusetts) et figurent parmi les meilleurs hôpitaux du monde. Pourtant, même dans des établissements aussi prestigieux, la généralisation de l'informatique a induit des améliorations stupéfiantes. Elle a réduit de 55 % la fréquence des erreurs thérapeutiques graves et fait chuter de 81 % le nombre total d'erreurs médicales, indique John Glaser, directeur informatique de la société Partners Health Care System, qui possède les deux hôpitaux. Selon l'Institut américain de médecine, les erreurs médicales provoquent chaque année la mort de 44 000 personnes aux Etats-Unis - un bilan plus lourd que celui du sida ou du cancer du sein. Sans compter que ces erreurs médicales sont très onéreuses : John Glaser chiffre ainsi à 10 millions de dollars les économies réalisées chaque année par le Brigham Hospital depuis que le système informatisé des commandes a été mis en place. Alors que l'usage de telles technologies est plus que courant dans les entreprises, il en va autrement des milieux médicaux. Les méthodes de ces deux hôpitaux sont ainsi à l'avant-garde. 95 % des médecins et plus de 90 % des hôpitaux continuent de s'appuyer sur des documents papier. Le système du Brigham Hospital repose sur le principe de la création d'un dossier électronique par personne, alors que le patient américain possède 11 dossiers médicaux en moyenne. Les gains d'efficacité s'avèrent prodigieux. Alors que les dossiers papier, souvent mal classés, s'égarent, les dossiers électroniques sont toujours accessibles et plus faciles à utiliser. Mais c'est lorsqu'il est associé au système de saisie des prescriptions que le dossier électronique donne toute sa mesure. Aujourd'hui, les alertes automatisées aux allergies modifient 60 prescriptions par jour au Brigham Hospital. Et l'on n'a là qu'un modeste aperçu des fabuleuses améliorations que le système peut apporter. En premier lieu, il évite au personnel de déchiffrer l'écriture des médecins, notoirement illisible et source d'erreurs fréquentes. Il permet de commencer les soins plus tôt en alertant les médecins par un bip dès que les analyses du laboratoire reviennent en indiquant qu'un patient est en danger. « En proposant des médicaments aussi efficaces mais moins onéreux, la gestion électronique a limité la croissance annuelle du budget médi caments à 5 % au cours des cinq dernières années, alors qu'elle atteint 13 % à 15 % dans d'autres systèmes d'assurance-maladie », explique le président du Brigham, Jeffrey Otten. De même, de nombreux examens radiologiques sont planifiés via les technologies Web. Grâce au Net, le délai nécessaire à la planification des examens ne représente plus que 15 % du temps autrefois consacré à cette tâche, explique Ramin Khorasani, responsable informatique de ce service. Les deux pionniers de Boston font encore figure d'exception. Mais leur cas sera devenu banal d'ici à la fin de la décennie.

Le Monde : http://interactif.lemonde.fr/article/0,5611,2865--141462-0,FF.html

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