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L'impact de la pollution sur la santé fait débat

«Près de 30000 décès anticipés sont attribuables à la pollution atmosphérique. 7 à 20 % des cancers seraient imputables à des éléments environnementaux dont les produits chimiques», a déclaré le ministre de l'Écologie et du Développement durable, Serge Lepeltier, en ouverture des deuxièmes rencontres parlementaires Santé et Environnement sur les impacts des pollutions chimiques sur la santé. Un thème particulièrement polémique, objet de controverses passionnées, d'autant qu'il persiste encore bien des inconnues. «Mais ce n'est pas parce qu'il n'existe pas de certitudes qu'il ne faut pas en parler, bien au contraire», soutient Nathalie Kosciusko-Morizet, jeune et brillante députée de l'Essonne, polytechnicienne de formation. Présidente du groupe Santé et Environnement à l'Assemblée nationale, elle a réussi à mettre en place ces rencontres, le 8 décembre dernier, en dépit de l'hostilité manifeste de certains parlementaires et industriels à ce débat d'actualité. Récemment, quatorze ministres européens de l'Environnement ont accepté de participer à une expérimentation peu banale : la recherche de produits chimiques d'origine industrielle dans leur sang . Cinquante-cinq substances potentiellement toxiques sur cent trois ont été ainsi détectées. Parmi les trente-sept produits chimiques découverts dans le sang du ministre français, figurait le DDT, alors que cette substance est en principe interdite dans notre pays depuis au moins trente ans.

Au vu de ces résultats, on peut se demander si nous sommes tous pollués, voire si nous naissons tous pollués. A cette question choc, les réponses que l'on a pu entendre à l'Assemblée nationale sont très contrastées. Pour le professeur William Dab, le directeur général de la Santé, «nous passons d'un état d'oubli et de déni à un état d'inquiétude - peut-être excessive. (...) Mais, une chose est sûre, nous sommes face à une incertitude scientifique forte. Cinq sur six substances chimiques mises sur le marché ne sont pas évaluées». Or, il en existe des dizaines de milliers. «Reste à savoir quelle est la probabilité avec laquelle ces dangers se manifesteront dans les populations». En dehors du cancer, d'autres maladies sont liées à des modifications de l'environnement, tout particulièrement chez l'enfant. A commencer par l'asthme et les allergies qui ont doublé depuis une vingtaine d'années dans les pays industrialisés. «La pollution atmosphérique liée au trafic routier générateur de particules fines issues des moteurs Diesel augmente la réaction inflammatoire des bronches, caractéristique de la maladie asthmatique», précise le Pr André Denjean (hôpital Robert-Debré, Paris), spécialiste en physiologie, tout en ajoutant qu'«il ne faut pas occulter la nocivité du tabagisme passif pour les enfants. C'est même le premier des contaminants aériens». Thierry Michelon, spécialiste de la gestion des risques des milieux à la Direction générale de la santé, souligne que. «Les pouvoirs publics ne communiquent pas sur les sujets santé-environnement alors qu'ils disposent pourtant de millions d'informations.» S'interrogeant sur cette difficulté à communiquer sur de «l'incertain», il souligne aussi que «les questions soulevées par la population sont complexes. Il y a urgence à recueillir plus de données fiables et sur de longues périodes. Comme par exemple l'initiative de l'INVS de mettre en place le suivi de 10 000 à 20 000 enfants, de la préconception à l'âge adulte, afin de déterminer les répercussions à long terme d'éventuelles expositions à différents polluants (étude EFESE).

Figaro

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