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L'IA réinvente la mammographie

À l'occasion du salon VivaTech, la start-up Hope Valley AI, qui vient d'être créée à La Rochelle, a présenté la première version d'une application smartphone qui devrait faciliter la détection précoce des signaux faibles d'anomalies mammaires, précurseurs d'un cancer. « Les études ont montré qu'un nombre significatif de patientes ayant déclaré un cancer du sein avaient auparavant des symptômes très ténus et non visibles. Cette application sera donc destinée à sensibiliser et guider les femmes, grâce à une IA conversationnelle, pour un premier auto-examen clinique », détaille Hakima Berdouz. L'application sera officiellement lancée à l'occasion de la prochaine campagne "Octobre rose" de sensibilisation au cancer du sein.

L'entreprise voit déjà plus loin et son application smartphone doit constituer la première brique pour développer « une médecine préventive ultra-personnalisée ». La seconde sera un système de « mammographie du futur ». A l'inverse des appareils actuels, la "Mammope" en préparation n'utilisera pas les rayons X mais un système d'imageries multimodales (ultrasons, thermographie infrarouge, vision par ordinateur) et fera appel à l'intelligence artificielle. Hakima Berdouz, à l'origine du projet, ne vient pas de la santé mais du monde du nucléaire. Cette ingénieure chercheuse, spécialiste de l'ingénierie mathématique du risque, a travaillé près de 25 ans au CEA afin d'anticiper les problèmes rencontrés au sein des centrales nucléaires, notamment en s'appuyant sur l'IA. Ce sont ces compétences et technologies qu'elle applique désormais à la santé. En 2020 en effet, le CEA demande à ses chercheurs de proposer des pistes de lutte contre la pandémie de Covid, et plus largement en faveur de la santé.

Hakima Berdouz a d'abord appliqué ses travaux à une maladie rare auto-immune, le lupus systémique. Le projet associe pendant deux ans l'AP-HP, l'Université Sorbonne Nouvelle et le Centre national des maladies auto-immunes. « J'ai vérifié que cela permettrait peut-être de sauver des vies. Ce fut une révélation », se rappelle-t-elle. A partir de 2022, elle travaille sur le cancer du rein qui, à la différence du lupus systémique, a une dimension génétique. Elle fait tourner son algorithme sur une base de données américaine.

« Nous sommes parvenus à prédire la survenue à deux ans d'une forme de cancer agressif. Et ce à partir de l'expression d'une dizaine de gènes quand les méthodes précédentes exigeaient d'en analyser des centaines », précise-t-elle. La chercheuse se mue alors en entrepreneuse en ciblant le cancer du sein mais en choisissant une stratégie alternative. Alors que la plupart des start-up qui parient sur l'IA pour détecter cette maladie le font à partir des systèmes d'imagerie actuels, Hope Valley AI fait le pari d'un nouvel appareil. L'appareil est développé en partenariat avec Aurys Industrie et le groupe Doliam. Une première étude clinique de 24 mois va être lancée au CHU de Tours.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Les Echos

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