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L'exposition aux écrans diminue l’expression orale chez les enfants
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Une étude de l'Université d'Adelaïde, en Australie, suggère que le temps passé devant un écran entre l’âge de 1 an et de 3 ans pourrait empêcher les enfants de vivre un environnement familial riche en langage et en interactions. Argument supplémentaire pour limiter drastiquement le temps d’écran pendant la toute petite enfance. L’importance d’un environnement familial riche en langage pendant les premières années de vie est bien établie. L’exposition précoce au langage et son développement, l’épanouissement socio-émotionnel, le QI et le fonctionnement cérébral sont intimement liés. Cependant, il existe de grandes variations dans l’environnement familial en termes de langage.
Si parler avec ses enfants peut sembler une activité simple, de nombreux éléments de la vie moderne viennent interrompre à la maison les opportunités de se parler et d’interagir. L’usage du smartphone par les parents est négativement associé aux capacités de réponse et d’attention consacrées aux enfants. Il est important d’identifier tous les facteurs qui peuvent interrompre ces échanges. Des chercheurs australiens ont étudié l’association entre l’exposition des enfants aux écrans durant les premières années de vie et 3 mesures des échanges parents-enfants : (i) les mots prononcés par les adultes, (ii) les vocalisations des enfants, (iii) les interactions parents-enfants. L’étude LiLO (Language in Little Ones) a recruté des familles avec un enfant né à terme en 2017 d’un enfant sans handicap de langage diagnostiqué, et de langue anglaise prédominante à la maison.
Les paramètres de l’environnement linguistique familial (langage entendu et parlé) ont été enregistrés prospectivement tous les 6 mois dès l’âge de 6 mois. L’appareillage qui a permis ces mesures (LENA technology) consistait en un micro-processeur porté dans une poche d’un vêtement qui enregistrait tous les sons. Le logiciel fournissait grâce à des algorithmes le compte des mots prononcés par les adultes, des vocalisations émises par l’enfant, les conversations adultes-enfant, l’exposition aux écrans et aux bruits électroniques. Le compte automatique des mots d’adulte incluait tous les mots prononcés dans un rayon de 3 m adressés ou non à l’enfant. Les données étaient complétées par un agenda rempli par les parents. Les données ont ainsi été collectées à domicile de 2018 à 2021, tous les 6 mois, en moyenne 16 heures, un jour neutre ; les enregistrements devaient exclure les jours de crèche, de maladie et les jours de match à la télévision !
Une bonne concordance entre les enregistrements LENA et la transcription humaine pour chaque mesure des échanges parents-enfant a été constatée, moins bonne pour la télévision ou les bruits électroniques (71 % vs 81% pour les mots d’adulte). Les facteurs de confusion pris en compte étaient le sexe, l’âge de l’enfant, la présence d’autres enfants à la maison, le nombre d’activités domestiques, le niveau socio-économique, le niveau d’éducation de la mère, l’existence d’une détresse psychologique.
Pour cette étude EUiLO (Electronic Use in Little Ones), les données de 220 familles, parmi les 302 de l’étude LiLO, ont été utilisées. La cohorte comportait 120 filles (54,6 %) ; l’âge gestationnel était de 38,3 ± 1,5 semaines et l’âge des mères de 31,3 ± 4,8 ans. Les évaluations se faisaient à l’âge de 12, 18, 24, 30 et 36 mois. A l’âge de 12 mois, les enfants étaient exposés à domicile en moyenne à 1 h 28 min de temps d’écran (88 ± 108 min) quotidien, entendaient 14 998 ± 6873 mots d’adultes, émettaient en moyenne 1395 ± 523 vocalises et étaient engagés dans 369 ± 167 échanges de paroles. A l’âge de 36 mois, les temps d’écran étaient de 2 h 52 min (172 ± 135 min), le nombre de mots entendus de 16 302 ± 6655, de vocalises de 3 307 ± 1613, d’échanges de parole de 734 ± 404.
Les modèles linéaires ajustés à effets mixtes ont montré qu’une augmentation de temps d’écran était associée à une baisse des mesures des échanges parents-enfant dans toutes les variables et à tous les âges, les diminutions les plus importantes étant constatées à 36 mois. Chaque minute additionnelle de temps d’écran était associée à moins de mots d’adulte entendus de 6,6 (intervalle de confiance -11,7 à -1,5), de vocalisations de l’enfant de 4,9 (IC -6,1 à -3,7) et d’échanges de parole de 1,1 (IC -1,4 à -0,8). En d’autres termes, avec un temps moyen d’écran de 172 mn, sur 1 h les enfants pourraient manquer 1139 mots d’adulte, 843 vocalisations et 194 échanges de parole.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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- Publié dans : Neurosciences & Sciences cognitives
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