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L’excès de protéines est mauvais pour les artères

Dépasser les quantités journalières recommandées par les experts peut en réalité s’avérer nocif, comme le suggère une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature Metabolism. En effet, des chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont observé qu’une alimentation trop riche en protéines augmente les taux de leucine circulante, ce qui, en agissant sur les monocytes/macrophages, exerce un effet pro-athérogène. L’association entre les régimes riches en protéines et l’athérosclérose a déjà été largement démontrée dans des modèles animaux. Des recherches antérieures menées par le même groupe d’étude avaient montré que les régimes riches en protéines favorisent l’athérosclérose chez les souris génétiquement prédisposées en activant une voie de signalisation cellulaire particulière, la voie mTOR (mammalian target of rapamycin, cible de la rapamycine chez les mammifères).

La consommation de grandes quantités de protéines active la protéine kinase mTOR dans les monocytes/macrophages et inhibe le processus d’autophagie, ce qui favorise la formation de plaques athéroscléreuses. Les chercheurs états-uniens ont émis l’hypothèse selon laquelle l’activation de mTOR pourrait dépendre d’acides aminés "pathogènes" spécifiques. Deux études cliniques ont été menées auprès de 23 adultes des deux sexes. Les participants ont reçu soit un repas liquide riche ou pauvre en protéines (étude 1), soit un repas standard à deux occasions distinctes pour lesquels les protéines représentaient 15 % ou 22 % de l’apport énergétique (étude 2). Après les repas, des échantillons de sang ont été prélevés pour déterminer les taux d’acides aminés dans le plasma et pour isoler les monocytes, avec des mesures ultérieures de l’activation de mTOR et de l’activité d’autophagie. Les chercheurs ont déterminé que le principal activateur de mTOR dans les monocytes/macrophages était la leucine et que la voie n’était activée que lorsque la consommation de protéines et les taux de leucine circulante dépassaient un certain seuil.

Pour tester cette hypothèse, des expériences in vivo ont été menées en nourrissant des souris selon des régimes fournissant différentes quantités de protéines, dans certains cas avec de la leucine ajoutée. Des expériences ont confirmé le rôle des protéines dans l’activation de mTOR et le fait que la leucine est nécessaire et suffisante pour médier les effets nocifs d’une consommation élevée de protéines sur l’athérogenèse. Là encore, un effet de seuil est apparu. « Les taux de consommation de protéines recommandés varient en fonction de différents paramètres (sexe et âge) et dépendent du poids corporel », explique la Dre Erna C. Lorenzini, titulaire d’un PhD et professeure associée de sciences techniques diététiques appliquées à l’Université de Milan. « En général, une quantité comprise entre 0,8 et 1 g/kg de poids/jour est recommandée pour les adultes en bonne santé. Les personnes dénutries atteintes de sarcopénie ou d’affections entraînant des besoins énergétiques très élevés, telles que certaines maladies dégénératives chroniques (comme la BPCO ou la cachexie), ont besoin d’un apport en protéines plus important (jusqu’à 1,5 à 2 g/kg de poids/jour). Dans le cadre de l’insuffisance rénale, en revanche, les protéines doivent être limitées en fonction du stade d’avancement de la maladie ».

« En ce qui concerne la leucine, un acide aminé essentiel, le besoin pour les adultes est de 14 mg/kg de poids corporel », ajoute la professeure, « soit environ 1 gramme par jour pour un individu de 70 kg ». Les produits animaux (viande, poisson, œufs, produits laitiers) et les aliments d’origine végétale (légumineuses et soja) sont riches en leucine (et en autres acides aminés à chaîne ramifiée). Les acides aminés à chaîne ramifiée font partie des compléments alimentaires les plus utilisés par les sportifs. Ils ne sont pourtant bénéfiques et nécessaires que dans certains cas. « Une alimentation variée et adaptée aux besoins de chacun apporte toutes les protéines et tous les acides aminés dont nous avons besoin, en particulier ceux qui nous sont indispensables, dont la leucine, et ce même pour les sportifs non professionnels », avertit la Dre Lorenzini. « Une supplémentation inappropriée en protéines et en acides aminés peut conduire à un apport excessif ».

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Nature Metabolism

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