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L'Europe lance « Jules Verne », son ravitailleur de l'espace
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L'Europe vient de franchir, le 9 mars, une nouvelle étape dans ses capacités de conquête de l'espace, un mois après l'amarrage de son laboratoire Columbus à l'ISS, avec le lancement de l'ATV, futur vaisseau de ravitaillement de la Station spatiale internationale. Pour l'Europe, la mission de l'ATV (Automated Transfer Vehicle) représente plusieurs premières : il s'agit du plus gros véhicule jamais lancé par une fusée Ariane 5, qui a dû être modifiée, l'Europe effectuera pour la première fois un rendez-vous spatial automatisé, et le vol sera suivi d'un centre de contrôle spécial construit à Toulouse.
L'ATV, dont le premier exemplaire a été baptisé Jules Verne, est un véhicule de 20 tonnes destiné à ravitailler l'ISS en eau, ergols, vivres et matériel scientifique, et à rehausser son orbite. Chargé ensuite des déchets de la Station, il sera à la fin de sa mission de six mois précipité dans l'atmosphère où il se désintègrera.
Concrètement, Jules-Verne est un cargo du gabarit d'un bus à impériale londonien. D'un poids de 20 tonnes, il est capable d'en transporter jusqu'à 9 de cargaison, soit trois fois plus que les actuels ravitailleurs russes.
Le premier défi de ce bijou technologique sera de s'arrimer à la Station spatiale (ISS) qui gravite à 400 kilomètres au-dessus de nos têtes. Sous contrôle terrestre, l'ATV devra atteindre une cible de 60 centimètres de diamètre alors qu'il file comme l'ISS à une vitesse de 28 000 km/h.
Une fois arrimé, début avril, Jules-Verne finira de se délester de ses 8,3 tonnes de matériel. Près de 6 tonnes de cette charge sont du carburant. Une partie aura servi au voyage de cargo qui dispose ainsi de l'autonomie nécessaire pour atteindre son orbite, assurer son rendez-vous avec la station, s'y accrocher et la quitter à la fin de mission, six mois plus tard.
Pour l'ESA, la mission ATV Jules-Verne va bien au-delà d'une seule opération cargo. L'ESA prévoit de construire 5 ATV d'ici à 2015 afin de remplacer les navettes américaines dont la retraite est prévue pour 2010. Après cette date, seules les navettes russes Soyouz feront les allers et retours habités vers l'ISS.
Avec ce projet, l'Europe acquiert la maîtrise des techniques de rendez-vous spatial pour l'assemblage de vaisseaux. Son amarrage à un module russe de l'ISS, environ deux semaines après le lancement, sera en effet automatisé, sans intervention humaine.
Cette capacité est essentielle pour la construction de stations spatiales, mais également pour des missions humaines vers la Lune ou d'autres planètes, ou encore pour envisager un projet de retour d'échantillons de Mars.
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