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L'aspirine pourrait aider à prévenir le cancer chez l'homme mais pas chez la femme

Des hommes ayant pris de l'aspirine pendant cinq ans ont réduit légèrement leur risque de cancer de la prostate, mais les femmes qui en ont absorbé de faibles doses pendant dix ans n'ont pas vu baisser leur risque de contracter un cancer, selon deux nouvelles études aux résultats contradictoires. Ces conclusions divergentes n'aident pas à trancher le débat sur la question de savoir si l'aspirine et d'autres médicaments anti-inflammatoires pourraient être utilisés pour prévenir le cancer. Des médecins familiers de ces recherches pensent que les modalités et les doses différentes appliquées dans les deux études expliquent ces disparités. "Je pense que le débat n'est pas terminé", souligne le Dr Peter Greenwald, directeur de la prévention du cancer à l'Institut national américain du cancer.

L'étude sur les femmes, publiée dans le "Journal of the American Medical Association", a porté sur 40.000 participantes. Elle fait partie des recherches les plus longues sur la question et a utilisé de faibles doses, un peu plus élevées que l'aspirine pour bébé, prises un jour sur deux. Elle n'a découvert aucun effet sur les risques de lymphome, de cancers colorectal, du sein et d'autres cancers, même si les résultats pour le cancer du poumon étaient moins concluants. Ces résultats contredisent plusieurs études de taille plus modeste et moins rigoureuses, qui ont souvent utilisé des doses plus élevées et fréquentes.

Dans les travaux sur les hommes, publiés dans le "Journal of the National Cancer Institute", les chercheurs de la Société américaine contre le cancer ont suivi 70.000 sujets pendant neuf ans et les ont interrogés sur leur consommation d'aspirine et d'autres médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (NSAID), dont l'ibuprofen. Les hommes qui ont pris des doses standard de 325 milligrammes de ces médicaments tous les jours pendant au moins cinq ans voyaient leur risque de cancer de la prostate se réduire de 18 %, par rapport à ceux qui prenaient des doses occasionnellement ou sur une durée plus courte, selon les chercheurs.

Dans ce genre d'étude, on ne peut exclure que les hommes qui ont décidé de prendre de l'aspirine étaient généralement en meilleure santé et moins susceptibles de contracter un cancer, a nuancé le Dr Julie Buring, de l'Hôpital Brigham and Women's de Harvard, qui a conduit l'étude sur les femmes. Mais elle a noté que sa propre étude n'écartait pas pour autant la possibilité que des doses plus élevées puissent éventuellement protéger les femmes du cancer. Le Dr Buring a également précisé que son équipe avait choisi d'étudier la plus faible dose d'aspirine possible pour réduire les risques d'effets secondaires chez les participantes. Selon une théorie, les effets anti-inflammatoires de l'aspirine pourraient prévenir le cancer, principalement colorectal, mais peut-être aussi de la prostate et du sein, souligne l'épidémiologiste de la Société américaine contre le cancer (ACS), Eric Jacobs, principal auteur de l'étude sur le lien aspirine-cancer de la prostate.

Il souligne toutefois que l'ACS "ne recommande pas que les hommes ou les femmes se mettent à prendre de l'aspirine ou tout autre NSAID pour prévenir le cancer". Ces médicaments peuvent en effet provoquer des effets secondaires graves et la preuve de leurs vertus anti-cancéreuses potentielles n'est pas clairement établie, selon l'ACS.

AP

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