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Internet à Haut débit : une étonnante disparité entre les pays développés

L'internet du futur est-il déjà là? Oui mais inégalement réparti. Les connexions à l'Internet en sont un exemple. Bien qu'il y ait un consensus sur le fait que la bande large est le futur de l'Internet, les statistiques de l'OCDE indiquent une disparité étonnante dans l'adoption du haut débit à travers le monde développé (voir le diagramme). La Corée du Sud arrive en tête avec 9,2 connexions à bande large pour 100 habitants, comparés à 2,25 aux USA et à 0,08 en Grande-Bretagne, en dépit de la popularité de l'Internet dans chacun des trois pays. L'ironie de ce constat est qu' alors que les sociétés de télécoms construisent à grands frais des réseaux de téléphonie mobile de troisième-génération, dont personne ne sait si ils trouveront des clients pour les rentabiliser, ces sociétés semblent incapables ou peu disposées à fournir des connexions à bande large à des prix raisonnables que tous leurs clients leurs réclament! Il y a pourtant abondance de demande pour les 2 grands types d'accès au haut débit : l'ADSL et le câble. L'ADSL utilise les lignes téléphoniques classiques en cuivre et les modems câble transmettent des données via les fibres optiques et les câbles coaxiaux utilisés pour la télévision. Selon Merrill Lynch, une banque d'affaires, le frein au développement du haut débit réside dans les conditions économiques de la fourniture d'accès. Deutsche Telekom, opérateur historique en Allemagne a enregistré 630.000 demandes d'abonnement à l'ADSL l'année dernière, mais n'a pu en satisfaire que 135.000. En Grande-Bretagne, il faut parfois des mois pour obtenir une connexion ADSL, et les modems câble ne sont disponibles que dans des zones très localisées. En Amérique, les fournisseurs indépendants d'ADSL tels que Covad ont le plus grand mal à survivre et NorthPoint, un autre fournisseur, a mis la clé sous la porte. Pourquoi le haut débit est-il plus aisément disponible en Corée du Sud et au Canada que dans d'autres pays, même ceux qui ont la plus forte proportion d'utilisateurs Internet? Selon l'OCDE, plusieurs facteurs expliquent cette situation paradoxale. Le plus important est le degré de concurrence sur le marché, que les gouvernements ont généralement encouragé en permettant la construction d 'infrastructures rivales au réseau téléphonique, le plus souvent des réseaux câblés. Mais l'existence de cette concurrence n'est pas suffisante. Les compagnies de câble peuvent faire plus d'argent en vendant des services à forte marge, tels que les canaux de TV haute qualité, à leurs abonnés. En attendant, le réseau téléphonique est habituellement aux mains d'un monopole d'Etat, ou d'un opérateur historique, qui est peu disposé à renoncer à sa rente de situation en offrant le haut débit meilleur marché. Le résultat est que le haut débit ne décolle pas. En Scandinavie, les réseaux câblés sont possédés par des sociétés de telecoms et le manque de concurrence qui en résulte peut expliquer pourquoi aucun pays scandinave n'est dans les six premiers pour la pénétration à bande large, alors que ces pays comptent la plus forte proportion d'internautes au monde. Pour faire évoluer les choses, il faut favoriser la concurrence sur la boucle locale de manière à ce que les nouveaux arrivants puissent faire des offres ADSL attractives, et inciter ainsi les compagnies de câble à entrer dans la compétition en offrant des modems-câble. Le Canada a été un des premiers pays d'OCDE à dégrouper sa boucle locale, la Grande-Bretagne un des derniers. C'est une raison de la profonde disparité entre ces 2 pays dans la disponibilité de la bande large . Pourtant le dégroupage n'est pas suffisante pour obtenir l'accès facile à la bande large car cet accès dépend aussi de la coopération et de la bonne volonté de l'opérateur historique. En Grande-Bretagne et aux USA, ces opérateurs ont freiné accès à l'ADSL en multipliant les obstacles et les exigences financières abusives. Les autorités de régulation au USA peuvent seulement infliger des amendes que les opérateurs historiques préfèrent payer pour garder leurs rentes de situation. Un autre problème est un manque de techniciens pour installer des connexions ADSL. En Corée du Sud, l'opérateur historique a formé une armée de 2.500 techniciens pour installer l'ADSL. Mais la Corée du Sud est un cas particulier. Sa population est fortement concentrée, ce qui a rendu la construction des réseaux concurrents bon marché et facile. Le résultat est une concurrence féroce entre le câble et les fournisseurs d'ADSL: plus de 2 millions de nouvelles connexions ADSL ont été installées pendant la seule année 2000 . On constate donc que la grande diversité de situation dans l'adoption du haut débit est le résultat de plusieurs facteurs, politiques, économiques et techniques. Il n'y a pas de solution simple pour les gouvernements. Ils doivent vérifier que le dégroupage de la boucle locale se fasse dans des conditions qui ne soient pas dissuasives pour les nouveaux arrivants et favorisent la concurrence entre opérateurs de télécoms, d'une part, et entre télécoms et câble, d'autre part.L' OCDE observe cependant une accélération de accès au haut débit : au cours du premier trimestre 2001, le nombre de lignes ADSL a crû de 73% en France, 90% en Grande-Bretagne et 113% en Allemagne. Des signes encourageants qui laissent espérer un véritable décollage pour 2002.

Brève rédigée par @RT Flash

The Economist :

http://www.economist.com/business/displayStory.cfm?Story_ID=666610

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