Edito : Internet à grande vitesse : le retard européen et plus particulièrement celui de la France menace notre compétitivité
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D'après un sondage Harris Interactive mené auprès de plus de 187.000 internautes américains, les accès au Net à haut débit sont en train de privilégier la technologie DSL (Digital Subscriber Line) au détriment du câble. Même si la part du haut débit est encore faible (36.000 personnes sur les 187.000 interrogées) et même si le DSL connaît des problèmes (technique et service clientèle), la part de ce dernier progresse bien. Elle a grimpé de plus de 100 % entre avril 2000 et janvier 2001, atteignant 5 millions de foyers, tandis que celle de l'Internet par câble croissait "seulement" de 41 % sur cette période. Au final, les internautes utilisant les deux modes d'accès sont presque équivalents aux Etats-Unis. (voir
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internet/internetnews.cfm?id=6069). L' Europe pour sa part ne rattrape que lentement les USA en matière de foyers connectés au Net : dans un rapport, la Commission Européenne remarque qu'en Europe « l'utilisation d'Internet est surtout passive (recherche d'informations et téléchargement). Tout le potentiel d'Internet n'est pas encore entièrement exploité en termes de commerce électronique et autres services interactifs. » Mais la Commission insiste sur le fait que les connexions à haut débit ont seulement commencé leur pénétration sur le marché de l'Union. Seulement 1,1 % des foyers européens dispose d'un accès ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line), et les connexions par câble ne concernent que 7,8 % des ménages. Au total, moins d'un foyer européen sur 10 utilise l'Internet à grande vitesse, contre 2 foyers sur 10 aux USA, un retard qui pourrait avoir de sérieuses conséquences pour la compétitivité de l'économie et du commerce sur notre vieux continent. (voir http://www.01net.com/rdn?oid=141491). Aux USA, de récentes études confirment le retard européen dans ce domaine. Le rapport du cabinet d'affaires américain PriceWaterhouseCoopers, " European Economic Outlook » mérite à cet égard d'être consulté :
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http://www.pwcglobal.com/gx/eng/ins-sol/spec-int/eeo/pwc_euro_ec_out-jan2001.pdf). Ce rapport souligne qu' « il n'y a aucun élément montrant une accélération de la croissance de la productivité en Europe due aux technologies, alors que plusieurs études ont pu montrer que cela avait été le cas aux Etats-Unis à la fin des années 1990 ». L'étude de Goldman Sachs (« The IT revolution, new data on the global impact ») montre, pour sa part, qu'aux Etats-Unis, dans les années 1990, les gains de productivité ont été deux fois plus importants qu'en Europe. Enfin, Christian de Perthuis, expert au Bipe (Bureau d'information et de prévisions économiques), précise dans la revue Sociétal (premier trimestre 2001) que « ce redressement de la productivité américaine reflète, au moins partiellement, le formidable choc d'offres résultant de la diffusion accélérée des technologies de l'information ». La Commission européenne constate, pour sa part, dans son document eEurope 2002, que les entreprises et les citoyens de l'Union européenne ont été plus lents à adopter cette économie nouvelle que ce ne fut le cas aux États-Unis. Les indicateurs révèlent un retard des investissements dans la mise au point et l'introduction de nouvelles technologies par rapport aux États-Unis, même si on estime que leur contribution annuelle à la production de l'UE se situe entre 0,5 et 0,7 % depuis la moitié des années 1990. Les répercussions de ces investissements se ressentent dans l'économie toute entière. Cependant, la productivité horaire du travail a connu une croissance plus lente en Europe depuis la moitié des années 1990 et est encore inférieure à celle des États-Unis dans la plupart des États membres. Loin d'améliorer la situation, la position prise par les principaux pays européens pour le déploiement du téléphone mobile de troisième génération (UMTS) avec ses enchères et concours de beauté atteignant des coûts exorbitants risque d'approfondir encore le fossé qui est en train de se creuser entre l'Europe et les Etats-Unis. En effet, les sommes folles exigées par les Gouvernements européens sont autant de capitaux qui ne seraient plus disponibles (si les Gouvernements ne reviennent pas sur leurs aberrantes décisions) pour déployer rapidement les larges débits sur notre vieux Continent. Quand on sait par ailleurs, comme viennent de le confirmer plusieurs études récentes, tout le retard pris par la France dans l'usage d'Internet par rapport à ses principaux concurrents européens (Grande Bretagne, Allemagne, Pays du Nord...) il est grand temps que notre Pays prenne conscience qu'il doit, sans retard, faire un effort hors du commun, comme il en a parfois le secret quand une volonté consensuelle se dégage, si nous ne voulons pas qu'un fossé, que nous ne pourrions plus combler ultérieurement, se creuse avec les Pays les plus avancés de notre Planète. Il est plus que temps que l'Europe et plus particulièrement la France se donnent les moyens politiques et économiques susceptibles d'accélérer le développement et la diffusion des nouvelles technologies de l'information, non seulement dans les entreprises et le commerce, mais aussi dans nos foyers, nos administrations et nos écoles. Nous devons comprendre que le passage vers l'économie de l'information n'est qu'une étape dans un processus historique planétaire, plus vaste et plus fondamental, qui va aboutir, en moins d'une génération, à une civilisation globale de la connaissance. Au lieu de redouter cette extraordinaire mutation et de la subir, sachons la penser, la prévoir et l'accompagner.
René TRÉGOUËT
Sénateur du Rhône
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