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Les infections graves réduiraient les risques de cancer
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Lié à une infection grave, bactérienne ou virale, comme la Covid-19 ou la grippe, le sepsis (aussi appelé "septicémie") est une inflammation généralisée massive, à l’origine d’un dysfonctionnement d’organes potentiellement mortel. Selon le ministère de la Santé, il tue chaque année près de 57 000 Français. Mais chez ceux qui en réchappent, ce fléau pourrait, par la suite, protéger d’une autre maladie redoutable : le cancer, première cause de décès en France. C’est ce qu’a découvert l’équipe nantaise de Jérémie Poschmann et d’Antoine Roquilly, en collaboration avec des chercheurs parisiens, rennais et australiens. « Étonnants, car en général l’inflammation est plutôt connue pour augmenter le risque de cancer, nos résultats pourraient mener à de nouvelles stratégies thérapeutiques susceptibles d’aider à prévenir et à traiter les tumeurs », commente le chercheur Inserm Jérémie Poschmann.
Tout d’abord, les scientifiques ont analysé les données de santé de plus de 110 000 Français hospitalisés entre 2010 et 2016. La moitié était atteinte d’un sepsis et l’autre d’une infection moins grave. Observation : à facteurs de risque égaux (âge, sexe, obésité…), les premiers ont eu, en moyenne, 12,5 % de risque en moins de développer un cancer que les seconds. Pour certains types de cancers, notamment celui de la peau, ce taux atteignait même 30 %. Les chercheurs ont ensuite tenté de décrypter les mécanismes qui sous-tendent cette inattendue protection. Cela grâce à de nombreuses expériences de biologie cellulaire et moléculaire chez la souris. « Pris ensemble, nos résultats indiquent que lors du sepsis, certaines cellules immunitaires appelées “macrophages” deviennent “entraînées”, à savoir formées pour réagir rapidement en cas de nouvelle infection. Ces cellules libèrent ensuite des petites protéines qui contrôlent la migration des cellules immunitaires : des chimiokines. Lesquelles attirent et retiennent au niveau des organes touchés d’autres cellules immunitaires : des cellules T résidentes. Une fois le sepsis murin guéri, ces dernières ne disparaissent pas, mais persistent au niveau des tissus concernés, pendant plusieurs semaines ou mois [ce qui équivaudrait à plusieurs années, voire des décennies chez l’humain, ndlr.]. Là, elles augmentent la surveillance immunitaire antitumorale et pourraient ainsi favoriser une réponse plus rapide et plus efficace en cas d’apparition d’un cancer », développe Jérémie Poschmann.
Forts de leur découverte, les scientifiques ont ensuite cherché à reproduire pharmacologiquement l’immunité entraînée induite par le sepsis. Ceci, en injectant à des souris de la bêta-glucane, une fibre soluble issue de la levure de bière, connue pour sa capacité à activer les macrophages. Et bingo : ces derniers sont devenus "entraînés" et ont permis le recrutement de cellules T résidentes… comme lors du sepsis ! Le hic : la bêta-glucane présente un risque potentiel pour l’humain, car elle n’est pas suffisamment purifiée : « Il s’agit d’un ensemble de molécules de tailles différentes, dont la partie “active” n’a pas été isolée ; or en tant qu’agent immunomodulateur, cet ensemble peut avoir des effets imprévisibles sur le système immunitaire, explique Jérémie Poschmann. D’où la nécessité de « tenter d’identifier la partie minimale indispensable à son activité de stimulation des macrophages ». Il faudra aussi « mieux comprendre comment les T résidents recrutés par les macrophages diminuent le risque de cancer ».
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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