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Les infections augmenteraient la survenue de troubles psychiatriques chez l’enfant et l’adolescent
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Une vaste étude épidémiologique danoise a pu relier maladies infectieuses, sévères ou non, et apparition de certaines affections neuropsychiatriques comme les troubles obsessionnels compulsifs chez les adolescents ou le retard mental chez les jeunes enfants. Les investigateurs ont, en effet, trouvé que le risque de développer un trouble mental était augmenté de 80 % après une infection sévère.
De même, l’utilisation d’anti-infectieux, en particulier d’antibiotiques, pour traiter l’infection était associé à une augmentation du risque d’environ 40 % de développer une maladie psychiatrique par la suite. L’association entre infection et risque de troubles psychiatriques, comme la dépression ou la schizophrénie, était déjà connu, mais cette étude apporte de nombreuses précisions. « À notre connaissance, cette étude est la première à montrer que toute infection traitée, y compris une infection peu sévère, est associée à un risque accru d’un grand nombre de troubles mentaux de l’enfance et de l’adolescence », affirment les auteurs.
C’est « la première sur une population aussi large et chez les enfants, a confirmé le Docteur Pierre Ellul, psychiatre à l’hôpital Robert-Debré à Paris (AP-HP) auprès de Medscape édition française. « Les Danois sont bien rodés à ces études de cohorte. Si seulement on pouvait faire la même chose en France sur les données de l’Assurance Maladie… » a-t-il ajouté. Les auteurs ont mené cette vaste étude sur l’ensemble de la population danoise.
Les données de santé de plus d’un million d’enfants et adolescents issus des registres danois ont été analysées entre novembre 2017 et février 2018. En détail, la cohorte a inclus tous les individus âgés de plus de 18 ans nés au Danemark entre 1995 et 2012. Tous les individus ont été suivis pendant environ 9,76 ans (4,91). Pendant ce suivi, 42,462 (3,9 %) ont été hospitalisés pour un trouble psy, quel qu’il soit, et 56 847 (5,2 %) ont reçu une prescription de médicament psychotrope.
Il s’avère que les infections ayant entraîné une hospitalisation sont associées à une augmentation de 84 % du risque d’apparition de trouble psychiatrique et à une augmentation de 42 % du risque de prescription de traitements psychotropes, chez les enfants et les adolescents. Toutes les infections traitées de façon médicamenteuse, même en ville, sont également concernées, bien que l’augmentation soit moindre : + 40 % de troubles psychiatriques, + 22 % de médication psychotrope. L’usage d’antibiotiques est associé à un risque plus important que les autres traitements.
Ils ont aussi procédé à l’étude de groupes de référence et de fratries : « les estimations de risques restaient significatives mais atténuées dans les fratries, ce qui indique que nos découvertes doivent être interprétées à la lumière d’autres cofacteurs : génétiques, familiaux et socioéconomiques », précisent-ils. Le stress lié à l’hospitalisation pourrait-il être la cause des troubles mentaux ?
L’hospitalisation pourrait-elle expliquer un surdiagnostic ? Non, puisque l’augmentation du risque est observée également pour des infections bénignes, soignées en ville. Grâce à ses contrôles et son étude des fratries, l’étude a pu écarter certains biais et suggère donc, sans le prouver, un lien de causalité biologique.
Plusieurs mécanismes sont suspectés. D’une part, l’infection elle-même peut traverser la barrière hémato-encéphalique et affecter le cerveau. D’autre part, les agents anti-infectieux peuvent modifier le microbiote intestinal, ce qui peut secondairement affecter le cerveau via le nerf-vague ou une altération de la barrière hémato-encéphalique. Enfin, des études génétiques ont montré une association entre troubles mentaux et gènes du système immunitaire.
Pour le Docteur Pierre Ellul, il faut distinguer deux types de pathologies sans doute reliées aux infections par des mécanismes différents. « Les théories neurodéveloppementales actuelles considèrent que les troubles psychiques, comme la schizophrénie, sont d’abord liées à des facteurs de prédisposition in utero puis à un élément déclencheur qui peut être la consommation de cannabis ou, comme ici, une infection. En revanche, pour d’autres affections, comme les troubles obsessionnels compulsifs, on est sur un effet plus direct : l’infection crée des super-antigènes qui ont des effets croisés : ils se fixent sur les noyaux de la base », explique-t-il. Il pointe aussi des résultats discordants : dans cette étude, les traitements antibiotiques augmentent le risque de troubles du spectre autistique alors qu’on sait par ailleurs que les antibiotiques pourraient améliorer les symptômes chez certains enfants autistes…
« Peut-être que les antibiotiques ne font ici qu’augmenter les symptômes chez un enfant au développement subnormal et présentant des difficultés dans les interactions sociales », avance le Docteur Ellul.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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