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Infarctus : réparer le coeur avec des cellules souches embryonnaires

Le professeur Philippe Menasché de l'hôpital européen Georges-Pompidou a montré il y a quelques années qu'il était possible d'injecter des cellules musculaires prélevées sur un malade atteint d'infarctus, dans son propre coeur, afin d'améliorer la contractilité cardiaque. Si les cellules injectées semblent avoir gardé une certaine fonctionnalité, elles restent des cellules musculaires et ne se substituent pas à celles du myocarde aux propriétés particulières. Le point sur les 83 premiers patients ayant bénéficié d'un tel traitement en Europe devrait être publié dans les mois qui viennent. Le même professeur Menasché associé à l'équipe de biologistes de Michel Pucéat (CNRS, Montpellier) parallèlement à ces travaux avec le muscle humain, s'interroge également depuis des années sur la manière dont on pourrait fabriquer vraiment du muscle cardiaque à partir de cellules souches embryonnaires pour réparer complètement un coeur malade.

Ces cellules embryonnaires sont l'objet de multiples recherches dans des domaines variés puisqu'elles ont la capacité de se transformer en toutes sortes de cellules (coeur, neurones, muscles...) selon le milieu dans lequel on les cultive. Les premiers travaux qu'ils publient dans The Lancet portent sur les essais sur le mouton.

Ces chercheurs ont donc dans un premier temps cultivé des cellules souches embryonnaires de souris génétiquement marquées afin de les rendre «traçables» et les ont transformées in vivo en cellules myocardiques. Dans un deuxième temps, ils ont fait subir à 18 moutons un infarctus du myocarde expérimental. «Neuf d'entre eux ont servi de «témoins». Quand aux neuf autres, ils ont bénéficié, 15 jours après l'infarctus, d'une injection des cellules souches embryonnaires transformées en cellules myocardiques, directement dans la zone lésée du coeur», explique Michel Pucéat. Un mois plus tard, les fonctions cardiaques des moutons traités par les cellules souches ont été comparées avec celles des non-traités. Ces cellules souches de souris "s'étaient différenciées totalement dans le coeur de mouton et avaient colonisé environ 20 à 30 % de la zone nécrosée" lors de l'infarctus, a précisé Michel Pucéat, expliquant qu'il aurait fallu injecter cinq fois plus de cellules pour réussir à régénérer la totalité de la zone atteinte.

Par le biais de l'échocardiographie, il est apparu que la capacité d'éjection du sang par le ventricule gauche s'était améliorée de 7 % pour les moutons ayant reçu les cellules embryonnaires, et dégradée de 10% pour ceux non traités. Par ailleurs, l'examen du coeur des animaux - après leur sacrifice - a montré que les cellules souches greffées s'étaient bien transformées en cellules cardiaques fonctionnelles et qu'elles étaient bien restées dans la zone où elles avaient été injectées. La tolérance a été excellente, même si la greffe provenait de la souris. Devant ces résultats favorables, la même équipe a décidé de se rapprocher du modèle humain et commencé un programme similaire sur douze primates.

Lancet

NS

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