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Imagerie médicale : le retard français

Si une IRM n'est pas faite dans les jours suivant les premières manifestations des maladies qui compressent la moelle épinière, le patient peut perdre l'usage de ses jambes. Définitivement. » Le professeur Jean-Marc Orgogozo, chef du service de neurologie à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux, s'alarme du sous-équipement français en radiologie moderne, donc en imagerie par résonance magnétique (IRM), super-radio sans rayons X, et en scanners. Il n'est pas le seul. « S'il faut cinq semaines pour obtenir une IRM cérébrale lors de suspicion de métastase cérébrale, cela risque de réduire les chances de survie du malade », ajoute le professeur Michel Marty, chef de service à l'institut Gustave-Roussy de Villejuif. Quelques chiffres montrent l'ampleur du problème : fin 1999, il y avait 182 IRM en France, contre 1 148 en Allemagne et 340 en Espagne. Soit, rapporté au nombre d'habitants, à peine plus qu'en Turquie, lanterne rouge de l'Europe. L'Allemagne dispose actuellement de 1 654 scanners, l'Italie de 1 154 et la France de 531. Enfin, 5 pet scan (sorte de scintigraphie particulièrement utile en cancérologie) fonctionnent dans notre pays, contre 75 en Allemagne et 13 en Grande-Bretagne. En France, l'encadrement administratif (carte sanitaire) de l'installation de ces équipements en a empêché le développement. A cela il faut ajouter de grandes disparités régionales. L'Ile-de-France dispose de 37 IRM, contre 7 en Franche-Comté. Tout comme les délais d'accès à ces examens : en moyenne, trente-sept jours pour une IRM (mais plus de deux mois dans le Tarn ou l'Aveyron) et treize jours pour un scanner. . C'est ainsi que l'on multiplie, en France, les examens moins performants, souvent irradiants et parfois invasifs. Le nombre d'actes de radiologie par an et par habitant y est supérieur de 25 % à celui de l'Italie et de 85 % à celui de la Grande-Bretagne. Les pouvoirs publics ont autorisé l'installation de 44 IRM en 1998 et de 94 nouveaux appareils en février 2000 . Mais 20 des 44 IRM autorisées en 1998 n'ont toujours pas été installées, en raison de procédures très longues. Celles annoncées cette année ne seront en fonction qu'en 2002. Pour les scanners, en revanche, il semble urgent d'attendre. Si l'on en croit le rapport de la Société française de radiologie, 40 % des examens de ce type pourraient être évités si l'accès à l'IRM était plus facile. Mais il faudra encore bien des années avant que la France comble son impressionnant retard.

Le Point : http://www.lepoint.fr/

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