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Identification d'une aire cérébrale responsable d’un puissant biais cognitif
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Des chercheurs chinois de l'Université de Chongqing ont découvert une structure cérébrale responsable de la mémorisation préférentielle des informations nous concernant. De nombreuses expériences ont montré qu'un sujet est capable de repérer rapidement (voire presque instantanément) les éléments qui les concernent directement, par exemple son nom dans une liste, son visage sur une photographie, sa date de naissance au milieu d’une série de dates historiques… Ce biais centré sur soi-même peut également être élargi à notre mémoire, plus particulièrement à notre mémoire de travail.
La mémoire de travail correspond à ce que l’on mobilise quand on réfléchit activement à quelque chose, lorsqu’on manipule consciemment des informations. Par exemple, si vous tentez de retenir un numéro de téléphone, le temps de le composer, c’est sous la forme de la mémoire de travail que les chiffres sont stockés. Une fois la manipulation d’informations achevée, certaines peuvent être “enregistrées” dans notre mémoire à long-terme : on parle d’encodage et de stockage. Ultérieurement, si vous avez à nouveau besoin d’une information (par exemple si vous recomposez le même numéro de téléphone), elle pourra être “récupérée” depuis la mémoire à long-terme et repasser en mémoire de travail pour la durée nécessaire.
En plus de remarquer plus vite et avec plus de précision les informations qui nous concernent directement, l’être humain s’en souvient également significativement mieux : les stimuli perçus, et donc traités en mémoire de travail, que l’on associe spontanément et arbitrairement à soi-même (par exemple, encore une fois, son nom dans une liste), y sont priorisés automatiquement. Ce biais pourrait influencer notre façon de prendre des décisions, puisque la mémoire de travail est un pilier cognitif central. Il est donc important de comprendre les mécanismes cérébraux sous-jacents.
C’est précisément ce qu’a étudié une équipe de chercheurs, dont le but était d’identifier la source cognitive de ce biais. Pour ce faire, ils ont dans un premier temps entraîné leurs participants à former des associations entre trois couleurs et trois types d'individus : une première couleur avec eux-mêmes, une deuxième avec un ami proche et une troisième avec un inconnu.
Une fois cette étape achevée, les participants effectuaient une tâche mobilisant cet apprentissage et leur mémoire de travail : des points de couleur leur étaient présentés sur un écran, puis une indication sur le type de personne que cela désignait (en l’occurrence les caractères chinois pour “soi-même”, “ami” et “inconnu”, puisque l’étude était menée en Chine).
La mission des participants consistait à indiquer si les deux indices présentés (la couleur et le caractère) correspondaient bien l’un à l’autre, ou non. Leur temps de réaction, c’est-à-dire le temps mis pour indiquer si oui ou non le caractère correspondait selon eux à une couleur présentée, était mesuré : les meilleurs temps enregistrés (les plus rapides) étaient bien ceux des situations dans lesquelles les participants devaient se rappeler du point de couleur qu’ils avaient arbitrairement associé à eux-mêmes.
Pendant qu’ils effectuaient cette tâche, les chercheurs ont observé leur activité cérébrale en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Ils ont alors pu identifier un circuit neuronal impliqué dans ce biais cognitif. Les chercheurs ont observé que lorsque les participants avaient le point de couleur associé à eux-mêmes en mémoire de travail, une certaine région du cerveau était particulièrement active : le cortex préfrontal ventromédian (VMPFC, de l’anglais “ventromedial prefrontal cortex”). Il s’agit d’une zone cérébrale impliquée dans le traitement d’informations relatives à notre propre personne.
Plus précisément, elle module l’activité de régions fronto-pariétales du cerveau, responsables de la production de représentations mentales à partir des informations sensorielles perçues comme relatives à nous-mêmes. Pour s’assurer que c’est bien cette zone cérébrale qui biaise notre faculté de mémorisation, les chercheurs ont perturbé son activité par stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS). Cette technique d’électrostimulation du cerveau leur a permis de stimuler ou d’inhiber le VMPFC : son inhibition faisait disparaître le biais cognitif de mémorisation !
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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- Publié dans : Neurosciences & Sciences cognitives
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