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Hollywood s'ouvre à Internet

Depuis le 2 avril, «Brokeback Mountain» est le premier film que l'on peut acheter en téléchargement le jour même de sa sortie en DVD. Depuis 2002, les grandes majors d'Hollywood (Paramount, Universal, MGM, Warner Bors et 20th century Fox) étaient associées au sein de Movielink, société de vente de films en ligne qui alignait quelque 200 titres. Mais désormais l'accès est simultané en DVD et sur Internet. Le client peut créer sa propre bibliothèque de films numériques, visibles sur trois ordinateurs, ou a la possibilité de télécharger des films en location pour 24 heures. Cette décision confirme que l'évolution de la consommation cinéphilique est désormais actée par l'industrie du cinéma. Et l'année 2006 sera une année de transition pour permettre à l'industrie du cinéma de peaufiner sa nouvelle stratégie.

Malgré une année 2005 morose en termes d'entrées et de bénéfices et le ralentissement du marché des DVD, les grands groupes multimédias américains ou internationaux implantés à Hollywood investissent à tour de bras. Pourquoi ? Parce que les hauts débits permettent désormais de télécharger des images d'une qualité commercialement porteuse. Et parce que Hollywood a compris que pour lutter contre le piratage, il faut rencontrer la demande croissante de découverte asap (as soon as possible) des derniers films : en prenant de vitesse les pirates, l'industrie leur coupe l'herbe sous le pied. Depuis plusieurs mois, cette reconversion s'est amorcée.

L'été dernier, Intel, leader mondial des microprocesseurs, annonçait ainsi la création de ClickStar, créée en commun avec la société de production Revelations Entertainment, fondée par l'acteur Morgan Freeman. Objectif: créer un service en ligne permettant de télécharger en primeur des films non encore sortis sur DVD, voire des chaînes de divertissements en ligne. Le credo de ClickStar est de rendre les films «plus faciles à acheter qu'à pirater». Mais aussi de permettre «l'émergence de nouveaux modèles d'activités débouchant sur des opportunités de revenus plus élevés pour l'industrie du cinéma» concluait le communiqué d'Intel.

Le 27 janvier, enfin, le réalisateur Steven Soderbergh a donné un coup d'accélérateur en sortant son nouveau film, «Bubble», simultanément en salles, en ligne (sur le réseau HDN) et sur DVD (quatre jours plus tard). La formule séduit évidemment les auteurs indépendants, qui peuvent y trouver une méthode efficace de toucher le public faute de disposer de l'infrastructure de distribution des studios (dont les campagnes de promotion peuvent engloutir jusqu'à 30 pour cent du budget d'un film).

Le récent rachat de Pixar par Disney résume la situation. C'est bien Disney, représentant du vieil Hollywood, qui était moribond. Et l'intégration de Pixar, héraut des nouvelles technologies dans l'animation, consacre au contraire la victoire du modèle développé par le jeune studio en deux décennies. C'est aussi le succès de Steve Jobs, à la fois patron d'Apple et de Pixar. En lançant l'iPod il y a deux ans, il a amorcé la mutation de l'industrie du divertissement, pour la musique d'abord, pour les images en mouvement maintenant. Grâce à un accord avec ABC (propriété de... Disney), Jobs a pu offrir aux propriétaires de l'iPod la possibilité de visionner les séries «Lost» et «Desesperate Housewives». Il y avait la télévision et le DVD, il y a maintenant Internet et les baladeurs vidéos. La recette, pour le cinéma de demain, sera la même : accès simultané des oeuvres sur supports multiples. Faites votre choix.

LB

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