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Hépatite : percées thérapeutiques en vue

Le traitement des hépatites virales chroniques est en passe d'être bouleversé par l'arrivée de nouvelles molécules, comme l'a été, il y a dix ans, celui du sida avec l'introduction des trithérapies. Le sujet a occupé une bonne part du 12e Symposium international sur les hépatites virales et les maladies du foie, qui s'est tenu à Paris du 1er au 5 juillet.

Les hépatites dues aux virus B (VHB) et C (VHC) touchent respectivement de l'ordre de 300 000 et 370 000 personnes adultes en France, selon une estimation récente de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l'InVS ont évalué à 2 646 le nombre de décès dus à l'infection par le VHC et à 1 327 celui de ceux dus au VHB, soit un total de 3 973 morts pour l'année 2001.

La gravité de ces deux maladies est accrue chez les personnes touchées à la fois par les virus des hépatites B (VHB) ou C (VHC) et par celui du sida (VIH). "Le fait d'être aussi infecté par le VIH entraîne une progression plus rapide et une évolution plus sévère des hépatites virales chroniques, explique le professeur Jean-François Delfraissy, directeur général de l'Association nationale de recherches sur le sida (ANRS). Par ailleurs, les malades co-infectés répondent moins bien au traitement de l'hépatite C et les stratégies de traitement sont complexes." Un quart des porteurs du VIH sont aussi atteints d'une hépatite C chronique et 7 % des séropositifs ont une hépatite B chronique.

Le grand changement vient des nouveaux traitements des hépatites virales. Comme le rappelle le professeur Jean-Michel Pawlotsky, de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, "après de longues recherches, de nombreuses molécules sont sur le marché ou en développement. C'est un phénomène comparable à ce que fut l'arrivée des inhibiteurs de protéase pour le traitement contre le virus du sida".

L'hépatite B chronique est incurable. Le génome du virus s'intégrant dans celui de la personne infectée, il n'est pas possible de l'éradiquer. Le traitement vise à freiner l'évolution de la maladie. Il repose sur deux types de molécules : l'interféron alpha, utilisé sous sa forme retard dite "pégylée" à administration hebdomadaire, et les inhibiteurs spécifiques du VHB.

Parmi les nouveaux inhibiteurs, l'entécavir a obtenu son autorisation de mise sur le marché au niveau européen le 28 juin. Utilisé contre le VIH, le ténofovir seul ou sa combinaison avec une autre molécule anti-VIH appelée FTC ont déjà montré une "très bonne efficacité contre le VHB", indique le professeur Pawlotsky. Actuellement en cours d'évaluation clinique en vue d'une autorisation dans l'indication du traitement de l'hépatite B, ils sont déjà employés chez des malades pour qui les autres traitements ont échoué. Une autre molécule, la telbivudine, est aussi en fin d'évaluation clinique.

Le traitement de l'hépatite C fait appel, lui aussi, à l'interféron alpha pégylé, combiné à la ribavirine, qui permet de guérir la moitié des malades. Pour les autres, plusieurs pistes sont explorées, en particulier celle des inhibiteurs spécifiques des enzymes du VHC. Les inhibiteurs de l'ARN polymérase du virus empêchent la multiplication de ce dernier. Un inhibiteur de protéase bloque la maturation des protéines du VHC.

Des travaux sont également menés pour mettre au point des vaccins, certains préventifs contre le VHC, d'autres thérapeutiques, destinés à stimuler l'immunité des personnes infectées par le VHC afin que leur propre système immunitaire puisse contrôler la réplication virale. "Cela libérerait les malades de la prise d'antiviraux pendant de longues années", estime le professeur Marie-Louise Michel, de l'Institut Pasteur. Un premier essai de vaccin thérapeutique contre le VHC va entrer en phase clinique à l'automne en France.

LM

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