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Handicap moteur : une solution d’électrostimulation reproduit les mouvements

Lancé il y a quelques semaines au Cercle de l’aviron de Lyon, le projet Avistim s’adresse à des personnes avec un handicap moteur des membres inférieurs, lié à une atteinte médullaire, un accident vasculaire cérébral, une sclérose en plaques ou encore une maladie de Parkinson. Développé conjointement par la Fédération française d’aviron, l’Association des paralysés de France et une association, Stimule ton handicap, il devrait progressivement s’étendre dans toutes les régions.

L’appareil, qui comprend une batterie d’électrodes placées sur la peau, s’apparente aux stimulateurs grand public ou professionnels utilisés pour renforcer la tonicité musculaire, mais avec une particularité. « Il s’agit d’électrostimulation fonctionnelle (SEF), qui, au-delà des contractions musculaires, consiste à reproduire des mouvements comme la marche ou le pédalage », précise le chercheur Amine Metani (laboratoire de physique de l’ENS de Lyon), directeur scientifique de Kurage, la start-up qui développe ces rameurs connectés. « L’essentiel de notre travail dans ce projet est de contrôler les mouvements obtenus pour que l’exercice soit le plus bénéfique possible ».

Pour envoyer les stimulations au bon moment, les rameurs sont équipés de capteurs communiquant avec le stimulateur. Les séances d’entraînement sont personnalisées en fonction de la pathologie et des objectifs de l’utilisateur. L’intensité de stimulation est ainsi adaptée selon les sensations de l’utilisateur, pour éviter d’atteindre le seuil douloureux. La start-up Kurage s’attelle aussi à simplifier l’équipement, avec un système de vêtement intégrant les électrodes, pour s’affranchir d’une pose manuelle.

Pour Gaëlle Deley, maîtresse de conférences à la Faculté des sciences du sport de Dijon et chercheuse au laboratoire Inserm CAPS 1093, Avistim est l’aboutissement de plus de dix ans de recherches. C’est en 2008, lors d’un stage postdoctoral à Boston, qu’elle découvre le principe des rameurs assistés par électrostimulation. « Je voyais des personnes arriver en fauteuil roulant, puis ramer comme si de rien n’était », se souvient-elle, enthousiaste. Convaincue des bénéfices potentiels de cette approche pour des patients avec un déficit moteur, la jeune chercheuse décide de s’y investir à son retour en France.

De fait, il est bien établi que la sédentarité, fréquente chez les personnes avec une lésion médullaire (responsable d’une paraplégie, voire d’une tétraplégie) a des conséquences majeures sur la santé, dont des risques accrus de fracture, liés à une ostéoporose précoce. Dans la foulée de travaux américains attestant des bienfaits de séances de quelques semaines d’électrostimulation fonctionnelle chez des paraplégiques, elle a mené une étude pilote chez une femme de 36 ans, bénéficiant de trois séances hebdomadaires pendant un an. L’article, publié en 2015 dans The Journal of Spinal Cord Medicine, fait état d’un gain notable au niveau des muscles (+ 136 % pour l’épaisseur et + 151 % pour leur force), de la densité osseuse (+ 19 %) et des capacités d’endurance (+ 76 % de la VO2 max).

Depuis, la chercheuse a créé l’association Stimule ton handicap, avec le soutien du laboratoire Inserm 1093, afin de proposer une application concrète de ses travaux. Des programmes d’entraînement personnalisés ont été proposés à une centaine de personnes à Dijon et à Lyon, avant d’être interrompus par la pandémie. Lauréat de l’appel à projets « Impact 2024 », Avistim va permettre de déployer cette solution de sport santé au niveau national.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Le Monde

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