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La grippe est associée à un nombre plus élevé d’infarctus du myocarde

Plusieurs études ont déjà montré que la grippe était associée à une augmentation des infarctus du myocarde (IDM). Une équipe néerlandaise a voulu préciser ces données à l'aide d'une étude observationnelle recueillant à la fois les cas de grippe documentés par PCR (Polymerase Chain Reaction) et les hospitalisations pour IDM. L’étude était autocomparative ("self controlled case series" [SCCS]), chaque sujet étant aussi son propre témoin, de façon à mieux contrôler certains facteurs de confusion ne variant pas dans le temps.

Il était programmé de comparer l'incidence des IDM (mesurée sur la base des hospitalisations pour infarctus ou des décès par IDM) au cours d’une période dite à risque, soit les 7 jours après le début de l'infection (date de la PCR positive), à celle d’une période témoin couvrant l’année précédant et l’année suivant la semaine à risque.

Sur 158 777 tests PCR de la grippe effectués entre 2008 et 2019, 26 221 étaient positifs parmi lesquels 23 405 correspondaient à un épisode infectieux unique. Parallèlement, parmi les 586 IDM colligés via les registres d'hospitalisation et de mortalité, 406, survenus chez 401 individus, ont été inclus dans l'analyse principale (les autres événements ont été exclus, car le test PCR avait été réalisé au cours de l’hospitalisation et pas avant).

L'âge médian de la population étudiée était de 74 ans et 85 % des patients ont été admis à l’hôpital au moment où le prélèvement pour PCR avait été réalisé. Près des deux tiers (64 %) avaient déjà été hospitalisés pour une coronaropathie.  Dans les sept jours suivant le diagnostic de grippe, 25 cas d'IDM se sont produits contre 394 au cours de la période témoin.

L'incidence relative ajustée d'infarctus au cours de la semaine à risque était, comparativement à l’année précédente et à la suivante, de 6,16 et elle a décliné de J1 à J7. Mais, cette différence n'était pas la même selon que les patients avaient ou non déjà été hospitalisés pour un épisode coronarien. De façon pouvant paraître contre-intuitive, l'incidence relative était bien plus élevée en l'absence d'antécédents de ce type d’événement cardiovasculaire.

Dans les analyses post-hoc, l'utilisation d'antithrombotiques était associée à une incidence relative moindre d'IDM, de 4,10, contre 13,5, en l’absence de ces traitements. Ces résultats conduisent à diverses réflexions. En premier lieu, ils confirment ce qui avait déjà été constaté : dans les jours qui suivent un diagnostic prouvé de grippe, l'incidence des infarctus du myocarde apparaît six fois plus élevée qu'à l'accoutumée.

Un autre point notable est aussi que l’incidence relative des IDM est bien plus importante chez les personnes n'ayant pas d'antécédents coronariens par rapport à celle des patients ayant déjà été hospitalisés pour un événement cardiovasculaire de ce type. Une des hypothèses est que les premiers sont en principe sous traitement antithrombotique et possiblement mieux protégés.

Quant aux mécanismes permettant d'expliquer l'association grippe-IDM, ils restent hypothétiques. Il pourrait s'agir d'un effet sur les voies de l’inflammation et de la coagulation, avec une demande métabolique accrue, conduisant à une déstabilisation des plaques athéromateuses. Cette étude confirme l'intérêt de la vaccination antigrippale.

Pour exemple, une étude observationnelle, menée au Royaume-Uni sur plus de 193 000 individus, a montré une réduction de la survenue d’un premier événement cardiovasculaire chez les personnes ayant reçu un vaccin antigrippal par rapport à celles n’ayant pas été vaccinées. En cela, cette mesure préventive aurait un effet du même ordre de grandeur que l’arrêt du tabagisme, le recours aux statines ou aux antihypertenseurs.

En 2023, la Société européenne de cardiologie a d’ailleurs actualisé ses recommandations, à la suite d’un essai ayant comparé la vaccination antigrippale à l’injection d'un placebo (sérum physiologique) immédiatement après un infarctus du myocarde et montré que le vaccin était associé à la diminution d’un critère composite comprenant décès de toutes causes, IDM et thrombose de stent à 12 mois.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

NEJM

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