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Gènes humains : la France veut combler son retard dans les sciences du vivant
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L'Académie des sciences a publié, mercredi 7 juillet, le rapport " Développement et applications de la génomique, l'après-génome ", réalisé à la demande de Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Ce document, coordonné par François Gros, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, est le premier de toute une série de rapports sur les sciences et techniques, qui renoue avec une tradition abandonnée depuis que Napoléon Bonaparte avait chargé Cuvier d'un tel travail. Il trace très clairement un état des lieux technique de la génomique en France et des perspectives de cette nouvelle discipline dans des domaines aussi divers que la médecine humaine, la pharmacie, la science vétérinaire, les progrès de l'élevage et de l'agriculture, mais aussi dans l'étude des migrations humaines, de l'évolution des espèces et de leur classification. L'Académie recommande de " compléter et développer les investissements et les implantations industrielles françaises et étrangères à la Génopole d'Evry, d'encourager les recherches au Génoscope ", mais aussi de " développer au plus vite d'autres génopoles en régions et de les coordonner par un réseau national ". La génomique est l'étude exhaustive et multidisciplinaire des génomes, tant en ce qui concerne le nombre et la disposition précise des gènes sur les chromosomes, que leur séquence et leur fonction. Elle fait appel à une technologie industrielle robotisée et informatisée qui seule permet d'appréhender ces énormes objets biologiques, constitués de la succession et de l'enchevêtrement de milliards de nucléotides, ne différant entre eux que par la base, laquelle constitue une partie de la molécule d'acide désoxyribonucléique (ADN).Le projet de déchiffrage de l'intégralité du génome humain a été lancé dans le début des années 1990, lorsque les progrès convergents dans les techniques de la biologie moléculaire du gène, du génie génétique, de l'information, de la robotique et de la physico-chimie ont permis à quelques visionnaires d'envisager que cela serait possible. La France s'est vu confier le décryptage total du chromosome 14 (le génome humain est réparti entre 24 chromosomes), en cours au Génoscope dirigé par Jean Weissenbach, à Evry (Essonne). Le rapport de l'Académie des Sciences pointe aussi le retard pris ces dernières années par la recherche en France, malgré un très beau départ, et sur les difficultés de l'" après-génome ", liées à l'exploitation des résultats de la simple séquence de l'ADN. On compare volontiers ces données à un gisement minier : il faut, pour les exploiter, des outils, soit à inventer, soit anciens, mais alors le plus souvent trop rares. Le développement de ces outils est primordial si la France veut rester dans la course. Et c'est là que le constat est angoissant pour la recherche française. Si les bio-informaticiens ne sont pas suffisamment nombreux en France, " les séquences que nous produisons à grands frais seront analysées, interprétées et exploitées par d'autres, principalement les Etats-Unis " met en garde Jean-Michel Claverie, un des co-auteurs du rapport, qui dirige une unité de recherche au CNRS, spécialisée dans l'information génétique et structurale. Les mêmes problèmes sont décrits dans le rapport de l'Académie concernant les techniques de chimie, en particulier combinatoire, et de biologie structurale, qui devraient être considérablement développées pour la mise au point de médicaments s'appuyant sur les données issues du séquençage des génomes. Quelques très bons laboratoires s'y emploient, mais leurs capacités ne sont pas à l'heure actuelle à l'échelle requise pour la génomique. Le document rappelle aussi l'absence de toute industrie française de " puces à ADN ", ces supports qui permettent de mettre en évidence l'expression de centaines ou de milliers de gènes. La maîtrise de cette technologie est une nécessité pour la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques, pour l'identification bactérienne, et pour de nombreux tests diagnostics. Ce domaine est totalement dominé par des sociétés américaines. Cela dit, c'est un domaine de recherche dans lequel sont impliqués quelques très bons laboratoires français qui, s'ils étaient soutenus, pourraient doter la France de méthodes d'analyse originales. " La connaissance de la séquence du génome ne saurait se suffire à elle-même. Le rapport l'a bien souligné ; elle va devoir impérativement requérir une `nouvelle physiologie', et de nouveaux outils associés, de façon que l'accumulation impressionnante d'informations puisse se traduire en connaissances organisées, et par là utiles ", conclut François Gros.
Le Monde http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2031-14737-QUO,00.html
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