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Un gène commun à l'obésité et au diabète de type 2

L'équipe du professeur Philippe Froguel (CNRS, Université de Lille 2), en collaboration avec des chercheurs de l'Imperial College de Londres et de l'Université de Californie à Los Angeles, vient d'identifier le premier lien génétique et physiologique entre l'obésité commune de l'enfant, l'obésité sévère de l'adulte et le diabète de type 2. Il s'agit du gène ENPP1, un inhibiteur du récepteur de l'insuline dont les mutations, retrouvées dans plusieurs populations européennes, entraînent une résistance à l'insuline au niveau du foie, du pancréas et probablement du cerveau. Ces mutations sont responsables d'obésité précoce et de diabète. Ces résultats ouvrent des perspectives nouvelles dans la compréhension, la prévention et le traitement de la « diabésité », maladie qui associe obésité de l'enfant et de l'adulte et sa complication principale, le diabète. Ces données sont publiées en ligne le 17 Juillet, dans la revue Nature Genetics.

L'obésité de l'enfant progresse partout de façon épidémique. En Europe, en 2005, près d'un enfant sur trois est en surpoids et si rien n'est fait la grande majorité d'entre eux seront obèses à l'état adulte. Près de la moitié développeront ensuite un diabète et leur espérance de vie sera plus faible que celle de leurs parents. La sédentarité, la mauvaise nutrition sont en cause au niveau collectif, mais à l'échelon individuel l'hérédité joue un rôle important dans le risque de survenue et la gravité de ces affections. L'équipe CNRS de Philippe Froguel a contribué à identifier, depuis 1998, les formes monogéniques d'obésité de l'enfant. Cependant, jusqu'à présent les bases génétiques des formes communes (polygéniques) de l'obésité de l'enfant restaient inconnues.

Pour élucider cette maladie, les chercheurs ont établi la plus grande collection mondiale de familles d'enfants obèses. L'exploration du génome entier de 115 familles françaises avait permis de localiser une région du chromosome 6 prédisposant à l'obésité de l'enfant, où se situe le gène de l'Ecto-Nucleotide Pyrophosphatase/Phosphodiesterase 1 (ENPP1). Ce gène est un inhibiteur du récepteur de l'insuline dont l'expression exagérée dans le foie de souris transgéniques entraîne une insensibilité aux effets de l'insuline et un diabète.

Le travail actuel publié dans Nature Genetics repose sur l'étude de plus de 6000 sujets européens. Il montre que la présence simultanée de 3 mutations du gène ENPP1 augmente de 50-70 % le risque de développement d'une obésité pendant l'enfance, puis d'une obésité massive à l'âge adulte, et, dans les mêmes proportions, le risque de diabète de type 2.

ENPP1 est le premier déterminant génétique commun entre obésité de l'enfant, obésité morbide de l'adulte et diabète de type 2. La découverte de ce gène de « diabésité » est importante car elle montre qu'au delà des perturbations de la prise alimentaire et de la satiété, il existe des obésités très diabétogènes d'origine purement métabolique. Ces obésités devront être prévenues ou prises en charge de manière différente de celles liées à des troubles du comportement alimentaire. Ainsi des régimes moins « insulino-résistants », une activité physique importante voire des médicaments spécifiques pourraient être très efficaces pour lutter contre la « diabésité », première épidémie d'origine non infectieuse de l'histoire de l'humanité.

CNRS

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