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Du gaz pour enfouir la haute tension
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Enterrer les lignes à très haute tension (THT) de 400 000 volts, c'est désormais possible. Si EDF le veut, dans dix ans, nos plus beaux paysages ne seront plus défigurés par ces monstrueux pylônes d'acier, les cieux ne seront plus balafrés par une ribambelle de câbles électriques. Depuis plusieurs années, les poids lourds de l'industrie électrique, Siemens, Alstom et ABB, peaufinent chacun la ligne à isolation gazeuse (LIG). Ce câble est capable d'acheminer sous terre, sur plus de 100 kilomètres, cinq fois plus de courant qu'une ligne aérienne ! Jusqu'à présent, les câbles enterrés étaient composés d'un fil conducteur enserré dans une gaine synthétique isolante. Jusqu'à 225 000 volts, cela passe, mais, au-delà, l'isolation se détériore. Il faut donc trouver une nouvelle matière isolante pour transporter des voltages supérieurs. Déjà, en sortie de centrale nucléaire, l'isolation gazeuse est utilisée sur quelques dizaines de mètres. La LIG destinée aux grandes distances se présente comme un tube creux en aluminium de 50 centimètres de diamètre, protégé par un revêtement. A l'intérieur, un câble plein, également en aluminium, épais de 17 centimètres, assure le transport des 400 000 volts. Entre les deux, l'isolation est donc assurée par un gaz composé à 90 % d'azote et à 10 % d'hexafluorure de soufre (SF6) sous 8 atmosphères ! Comme le courant acheminé par EDF est triphasé, il faut trois gaines de ce type. L'an dernier, le laboratoire de recherche des Renardières d'EDF choisissait ABB pour construire une ligne prototype de 300 mètres de longueur. « Nous en sommes à la moitié des 6 000 heures de tests programmés et, pour l'instant, ils sont plutôt positifs », remarque avec satisfaction Jacques Jouaire, chef du service matériel électrique du centre des Renardières. L'enfouissement de la LIG réclame l'ouverture d'une tranchée d'une dizaine de mètres de largeur sur deux de profondeur. Elle est ensuite refermée et rien n'empêche de cultiver du blé ou du maïs par-dessus. Seule la plantation d'arbres sera interdite. En montagne, le passage s'effectuera plutôt par des tunnels de 4 mètres de diamètre, de façon à permettre l'accès aux équipes de réparation. Le constructeur ABB, qui vient de présenter son procédé lors du Salon Cigré Expo, au Palais des congrès de Paris, affirme que le champ électrique est nul et que le champ magnétique est cinq fois inférieur à celui d'une ligne aérienne. Si l'obstacle technique de l'enfouissement est franchi, le barrage financier reste, lui, un vrai rempart ! L'établissement d'une LIG coûte dix fois plus cher que la pose d'une ligne aérienne facturée autour de 1,5 million de francs le kilomètre. En revanche, la ligne gazeuse connaît des pertes de courant bien inférieures à celles d'une ligne aérienne (les électriciens disent qu'elles équivalent, au bout de quarante ans, au prix de construction de la ligne). Même alors, on voit mal EDF enfouir ses 20 800 kilomètres de lignes THT.
Le Point : http://www.lepoint.fr/data/PNT1459/5903401P.html
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