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La France émet encore trop de gaz carbonique

C'est une forme d'aveu d'échec. En annonçant la refonte du Programme national de lutte contre le changement climatique (PNLCC), lancé par Lionel Jospin voici presque trois ans, le gouvernement reconnaît que celui-ci n'a pas rempli sa mission. Car, sauf à passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre l'effet de serre, jugé responsable du réchauffement climatique, la France ne parviendra pas à tenir les engagements qu'elle a pris dans le cadre du protocole de Kyoto, à savoir maintenir ses émissions de CO2 (dioxyde de carbone) et autres gaz nocifs d'ici à 2010 au niveau de 1990 (144 millions de tonnes d'équivalent carbone). C'est la Mission interministérielle de l'effet de serre (Mies) qui le reconnaît elle-même, dans le bilan annuel de ce programme gouvernemental, présenté aujourd'hui et demain à Lyon dans le cadre du salon de l'environnement Pollutec. Composé de cent mesures, ce plan a contribué à réduire les rejets de gaz à effet de serre de la France de 2,7 % entre 1990 et 2001. Une performance honorable, comparée à l'augmentation de 15 % constatée aux États-Unis au cours de la même période. Mais qu'on ne s'y trompe pas : cette évolution a été facilitée par la récession économique. Il reste qu'avec une croissance économique annuelle de 2,2 %, la poursuite des seules actions déjà engagées nous conduirait encore à une hausse d'environ 10 % des émissions globales. Et pour cause : « Les mesures mises en place à ce jour ne correspondent, en émissions évitées, qu'à moins de 10 % des mesures du PNLCC », regrette amèrement le Réseau Action Climat. Cette fédération d'associations mobilisées sur la lutte contre l'effet de serre « déplore plusieurs reculs : opposition française au projet de directive européenne harmonisant les taxes sur l'énergie, tentatives d'affaiblir le projet de directive créant des quotas de gaz à effet de serre dans l'industrie, remise en cause de certains projets ferroviaires, baisse du budget maîtrise de l'énergie de l'Ademe » (agence dépendant du ministère de l'Ecologie et chargée de délivrer des aides pour promouvoir notamment l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, NDLR). Il faut rappeler que le projet d'écotaxe énergie, qui a été censuré par le Conseil constitutionnel, devait représenter 40 % de l'objectif total du programme gouvernemental français. Il a été remplacé par des engagements volontaires de réductions d'émissions de la part des industriels. Dominique Dron, présidente de la Mies, n'exclut pourtant pas une nouvelle fiscalité en ce domaine, « qui doit s'inscrire dans le cadre des discussions communautaires de taxation de l'énergie et des permis négociables ». L'augmentation du fret ferroviaire, pourtant annoncée, est elle aussi restée lettre morte : sa part de marché a chuté de 9 % en 2001 en tonnes transportées. « D'autres mesures, qui ont été prises, n'avancent pas assez vite, relève Dominique Dron : c'est le cas de la réhabilitation de l'existant dans le bâtiment, où il est plus difficile d'intervenir que dans le neuf et, dans une moindre mesure, des plans de déplacement urbains. » Le plus inquiétant, c'est que de nombreux points noirs devraient inverser la tendance à la baisse des émissions à l'avenir. A commencer par le secteur des transports : non seulement c'est le plus polluant, avec 28 % du total des émissions françaises (il a déjà presque atteint son niveau prévu pour 2010) mais c'est celui dont le bilan devrait déraper le plus au cours des dix prochaines années (les prévisions tablent sur + 10,3 %). On connaît le poids des infrastructures et des lobbys liés à ce secteur. Moins connu, en revanche, est le rôle du secteur du bâtiment, résidentiel et tertiaire, dans ce processus. Au global, note le bilan, ces deux « secteurs à fortes inerties représentant ensemble 47 % des émissions nationales, montrent des évolutions préoccupantes ». En revanche, l'industrie, à qui incombe la majeure partie de l'effort effectué depuis 1990, a bien joué le jeu. Cela suffira-t-il à éviter une augmentation de la température de la planète de 1,5 à 6 degrés et une élévation du niveau des mers de 50 centimètres d'ici à 2100, comme le prévoit le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) ? Les climatologues répètent que même si tous les pays développés maintenaient en 2010 leurs rejets de carbone au niveau de 1990 comme ils s'y sont engagés, l'effet serait minime compte tenu de l'inertie des phénomènes atmosphériques. Il s'agit seulement d'un premier pas, déjà difficile à franchir.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20021126.FIG0137.html

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