La France de 2060 vue par les scientifiques
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En 2060, la France subira un climat moins doux dans un monde plus chaud. C'est la conclusion des expériences numériques menées par Météo France. Quelles en seront les conséquences? Bonnes pour le bâtiment, se réjouiront certains. L'élévation du niveau de la mer (environ 50 cm) et donc une grande fréquence de hautes eaux menacent les installations côtières lors des tempêtes conjuguées aux grandes marées. D'où la nécessité de bâtir de nouvelles digues et protections. Si les maçons peuvent se réjouir, l'addition présentée par Dame Nature sera saumâtre. Comme l'eau douce côtière, de surface ou de sous-sol - souvent exploitée -, qui sera envahie par le sel de mer. En Camargue, les plans d'eau salée s'étendront au sud de l'étang de Vaccarès et les marais salants des Salins-de-Giraud et d'Aigues-Mortes seront envahis par la mer. Partout, les lagunes seront redessinées, au profit des eaux salées et au détriment des étangs, modifiant les écosystèmes et les activités des ostréiculteurs. Côté catastrophes, si la prévision de tempêtes plus fréquentes se vérifie, il faudra durcir les normes de construction... ou élever les primes d'assurance. Les paysans seront diversement servis. Les sols de l'Hexagone, dopés par la hausse des températures et un gaz carbonique plus abondant, fourniront une alimentation supplémentaire à la végétation. Résultat: la production végétale pourrait augmenter de près de 30 %, mais de façon très variable selon les espèces. Ce qui se paiera par une sensibilité accrue aux épisodes de sécheresse. Pour les arbres fruitiers, des hivers trop chauds vont déclencher des floraisons trop précoces. La limite nord des cultures va remonter, mais, simultanément, la zone sud, touchée par le stress hydrique estival, fera de même. Pour la forêt, il va falloir s'adapter. Pin maritime, pin d'Alep, chêne pubescent et chêne vert, limités par les froids d'hiver, vont passer la Loire. Dans le nord, le hêtre ou le chêne pédonculé vont souffrir durant l'été sur les sols à faible réserves d'eau, alors que le chêne sessile devrait bien le supporter. Comme les fruitiers, la plupart des espèces forestières seront sensibles aux gelées de printemps survenant après des débourrements trop précoces pour cause d'hivers trop cléments. En montagne, les sapins grimperont vers les sommets, surtout dans les Alpes du Nord, tandis qu'au Sud, la végétation devra supporter de longues sécheresses estivales. Les forestiers vont devoir gérer des modifications des proportions entre espèces, travailler les sols et éclaircir les sous-bois pour améliorer l'alimentation en eau des arbres et lutter contre les maladies cryptogamiques et les pullulations d'insectes, favorisés par les hivers trop chauds. Quant à la sécurité civile et aux pompiers, ils peuvent s'attendre à des incendies plus fréquents au Sud. Pour le paludisme, l'Institut Pasteur estime sa réintroduction en France métropolitaine peu probable. Enfin, mauvaises nouvelles pour les skieurs... et les capitaux investis dans les stations de sport d'hiver de moyenne altitude. Météo France prévoit une nette diminution du nombre de jours enneigés à 1 500 m dans les Alpes : 30 de moins dans les Alpes du Nord, 37 pour celles du Sud, 59 de moins pour le Mercantour et jusqu'à 49 dans les Pyrénées. Ce sera trottinette sur herbe, été comme hiver.
Libération :
http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20010222jeuh.html
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- Publié dans : Climat
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