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Les forêts mondiales, émettrices de CO2 ou puits de carbone ?

Des scientifiques du Global Forest Watch ont réalisé une étude sur les émissions et absorptions de dioxyde de carbone des forêts mondiales. Ils ont constaté que ces dernières absorbent deux fois plus de CO2 qu'elles n'en émettent.

On le sait aujourd'hui : les forêts jouent un rôle primordial dans la régulation du climat. Ces étendues recouvrent 31 % de la surface terrestre et constituent le deuxième plus grand puits de carbone de la planète, après les océans. Mais les forêts ne font pas qu'absorber le dioxyde de carbone, elles en relâchent aussi lorsqu'elles sont dégradées.

Pour quantifier ce phénomène, des chercheurs ont mené une nouvelle étude à partir d'un vaste ensemble d'observations satellite et de mesures au sol collectées entre 2001 et 2019. Des données qui ont permis de dresser des cartes et un bilan plus précis des flux de carbone qui animent ces ensembles mondiaux.

Cette étude montre que les forêts ont absorbé deux fois plus de gaz qu'elles n'en ont émis sur cette période. Chaque année, elles ont ainsi piégé 16 milliards de tonnes de CO2 par an contre une moyenne annuelle de 8,1 milliards de tonnes libérées à cause de la déforestation et d'autres perturbations. « Les forêts représentent un "puits de carbone" qui absorbe une quantité nette de 7,6 milliards de tonnes de CO2 par an, soit 1,5 fois la quantité émise annuellement par les Etats-Unis », expliquent, Nancy Harris et David Gibbs, tous deux chercheurs pour le Global Forest Watch (GFW) et co-auteurs de l'étude.

Toutes ces étendues ne se valent toutefois pas en la matière. Les forêts tropicales constituent les écosystèmes les plus importants dans la régulation du climat. Pourtant, elles perdent de plus en plus de terrain face aux activités humaines. Et ce recul n'est pas sans conséquence sur leur pouvoir de puits de carbone.

Dans leur étude, les chercheurs ont considéré les trois principales zones de forêts tropicales de la planète : le bassin de l'Amazone en Amérique du Sud, le bassin du Congo en Afrique centrale et l'Asie du sud-est. Ils ont conclu que seule l'une des trois - celle du Congo - constituait encore un important puits de carbone. Les estimations indiquent que cette forêt, l'une des plus denses et riches au monde en terme de biodiversité, séquestre encore 600 millions de tonnes de CO2 de plus qu'elle n'en émet par an, ses moyennes d'émissions et d'absorption atteignant respectivement 530 millions et 1,1 milliard de tonnes de carbone.

Le bassin de l'Amazone est lui également apparu comme un puits de carbone mais à l'efficacité diminuée. Selon les estimations, sa forêt absorbe chaque année 1,2 milliard de tonnes de CO2 mais en libère quelque 1,1 milliard de tonnes. Soit un bilan annuel de 100 millions de tonnes de CO2 séquestrées. « Le bassin de l'Amazone a subi une déforestation accrue au cours des quatre dernières années due au défrichage pour l'élevage de bétail et à la dégradation par les incendies », rappellent les auteurs. Le bassin « est toujours un net puits de carbone mais est au bord de devenir une nette source si la perte de la forêt continue au rythme actuel ». Les forêts d'Asie du sud-est sont un triste exemple de cette bascule. Au cours des vingt dernières années, elles sont collectivement passées d'un important puits de carbone à une nette source d'émissions en raison des coupes destinées à les remplacer par des plantations, les incendies incontrôlés et le drainage des tourbières. Sur la période d'étude, ces étendues ont absorbé chaque année 1,1 milliard de tonnes de carbone tout en émettant 1,6 milliard. Soit un bilan négatif de 490 millions de tonnes de CO2 émises par an.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Nature

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