De la fonte accélérée du Groenland aux migrations climatiques du Sahel
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Loin d’être un processus continu, la fonte d’une calotte glaciaire se produit par secousses. Le niveau de la mer s’élève, le sol remonte, des masses glaciaires glissent et se détachent… Les paléoclimatologues ont pu documenter de tels événements, tels que ceux dits de Heinrich. Ce sont de vastes débâcles d’icebergs provenant de l’instabilité des calottes, au cours de la dernière ère glaciaire. Pour chacun d’entre eux, la fonte brutale de la calotte groenlandaise correspond à une phase d’aridification de l’Afrique de l’Ouest.
Les événements de Heinrich correspondent à des débâcles massives d'icebergs dans l'océan Atlantique Nord qui ont eu lieu lors des glaciations quaternaires, notamment lors de la dernière période glaciaire il y a environ entre 119 000 et 12 000 ans. Ces débâcles sont dues à une instabilité des calottes polaires et des glaciers qui couvraient alors une partie des continents de l'hémisphère Nord.
En fondant, les icebergs ont libéré les sédiments qu'ils contenaient, ce qui a formé des couches de sédiments spécifiques sur le plancher océanique, les IRD (de l'anglais « Ice Rafted Debris »). La définition stricte d'un événement de Heinrich est la présence d'une telle couche d'IRD observée dans les carottes marines de l'Atlantique Nord.
Une collaboration associant climatologues, agronomes et anthropologues a voulu savoir quelles seraient les conséquences d’un tel événement à l’échelle de notre siècle. Pour cela, les chercheurs ont choisi le plus pessimiste des quatre scénarios examinés par le GIEC1, malheureusement considéré aujourd’hui comme le plus réaliste.
Avec ces hypothèses d’émissions de dioxyde de carbone, ils ont effectué des simulations climatiques globales, en considérant une fonte supplémentaire de la calotte glaciaire groenlandaise, entre 2020 et 2070, comprise entre 0,50 et 3 m d’élévation du niveau marin (la fonte totale correspondant à environ 7 m).
Ces simulations révèlent un mécanisme similaire aux conséquences climatiques dues aux précédents événements de Heinrich. L’apport d’humidité au Sahel diminue, la « barrière des pluies » est déviée au sud. Résultat : la mousson africaine est très fortement atténuée pendant cette perturbation climatique sur le Sahel, rendant impossible la culture du sorgho et du millet dans ces zones.
Compte tenu de la démographie du Sahel, des dizaines ou des centaines de millions de personnes devraient alors rejoindre les zones urbaines les plus proches, faute de ressources alimentaires locales. Ce résultat montre qu’une fonte accélérée du Groenland au cours du 21ème siècle aurait, en plus des conséquences dévastatrices et connues sur les zones côtières, également un impact à l’intérieur des continents lié à la modification des zones de moussons.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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- Publié dans : Climat
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