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Faire tomber la pluie du bout des ailes d'un avion
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Le regard vif, Takeshi Imai captive son auditoire lorsqu'il détaille son expérience. Cet ingénieur sexagénaire a inventé un procédé pour provoquer des pluies naturellement, sans recourir aux produits chimiques testés depuis 1938, comme la neige carbonique ou l'iodure d'argent. Il ensemence d'eau pure un nuage, et la pluie tombe entre quinze et quarante minutes plus tard.
Pour cela, il faut un nuage : chaud, généralement un cumulocongestus, en formation sur l'horizon ou signalé par un radar météorologique adapté. Il doit également comporter au moins 2 grammes d'eau par mètre cube. Si ces conditions sont réunies, Takeshi Imai fait décoller son bimoteur, un Piper Navajo. A l'extrémité de chaque aile, des ailettes fixées sur un axe giratoire vont semer des gouttes à taille contrôlée (de 2 à 6 mm) dans le nuage. Chaque "goutte collectrice" va ensuite grossir, de 100 à 250 fois, en rassemblant, par collision, entre 1 et 10 millions de gouttelettes prisonnières de la masse nuageuse. Alourdies, elles se transforment en précipitations. Un litre d'eau semée produit 6 milliards de gouttes, l'avion sème 120 milliards de gouttes par minute : un quart d'heure de vol suffit pour obtenir l'effet escompté.
"On m'appelait le Japonais fou", avoue cet ingénieur descendant d'immigrés asiatiques et formé à l'Institut de technologie aéronautique militaire de Sao José dos Campos (Etat de Sao Paulo). Mais depuis 2001, année où son système est breveté, Takeshi Imai a provoqué 250 pluies artificielles. Notamment au-dessus des immenses réservoirs Cantareira, de la compagnie Sabesp, qui alimentent en eau les 10 millions d'habitants de Sao Paulo. La région souffrait, en 2003, d'une terrible sécheresse : "Alors que nous étions angoissés, les pluies localisées ont apporté une solution immédiate à un problème momentané", reconnaît le chef de la planification hydrologique de la Sabesp, Rodolfo Baroncelli.
Ces travaux ont enthousiasmé les participants du symposium international de l'eau en 2005 à Cannes, et Takeshi Imai a reçu la médaille d'or. En juin, l'ingénieur brésilien promet d'être à Cannes, et de faire pleuvoir, si le temps s'y prête.
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- Publié dans : Géologie & Géophysique
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