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Une étude inédite prouve les liens entre cancer du sein et exposition à des polluants de l’air
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Selon une étude lancée à l’initiative du centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard de Lyon et Rhône-Alpes, avec le soutien de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, certains polluants présents dans l’air seraient susceptibles d’augmenter le risque de cancer du sein chez les femmes. Ce travail repose sur un échantillon de plus de 10 000 femmes, malades et non malades, suivies entre 1990 et 2011. « Si les facteurs génétiques, reproductifs et hormonaux du cancer du sein sont bien identifiés, ils ne permettent pas d’expliquer l’ensemble des cas », souligne le département «prévention cancer environnement» du centre. « Des études épidémiologiques et expérimentales ont suggéré que l’exposition à des polluants environnementaux, en particulier ceux à effet perturbateur endocrinien, pourrait avoir un rôle dans le développement du cancer du sein ».
C’est sur la base de cette hypothèse et à l’issue de ce programme scientifique inédit, baptisé Xenair, que les chercheurs ont pu établir un lien entre l’exposition chronique – à faible dose – aux polluants atmosphériques et le risque de cancer du sein, cancer féminin le plus fréquent dans le monde avec 58 500 nouveaux cas en France en 2020. Sur les huit polluants de l’air étudiés et classés pour six d’entre eux comme cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), cinq sont mis en cause dans l’augmentation du risque de la maladie. Le NO2 ou dioxyde d’azote, principalement émis par le trafic routier, augmente le risque de cancer du sein d’environ 9 % chez les femmes les plus exposées aux polluants. Même constat concernant les particules (PM10) et les particules fines (PM2.5), issues du chauffage au bois, des carburants routiers et des secteurs des chantiers et de l’industrie manufacturière, avec respectivement +8 % et +13 % de risque.
Le benzo[a]pyrène (BaP), trouvé dans le goudron de houille, les fumées de combustion du bois et de végétaux, la fumée de cigarette, les vapeurs des pots d’échappement ou les viandes grillées (au barbecue notamment), accroît, quant à lui, le risque de tumeur d’environ 15 %. Enfin, cinquième et dernier mis en cause, le polychlorobiphényles (PCB153), provenant des combustions industrielles, atteint le pourcentage le plus élevé avec environ +19 % de risque. Un danger quotidien qui perdure, et ce malgré la baisse continue et globale de l’exposition à ces polluants entre 1990 et 2011.
Pour arriver à ces résultats, «nous avons comparé les expositions des femmes du même âge malades avec celles non malades sur une période donnée (1990-2005 ou 1990-2000 par exemple), en estimant les expositions moyennes annuelles de leurs lieux de vie pour les différents polluants atmosphériques, ce qui nous a permis d’estimer le risque qu’elles encourent pour chacun des polluants sélectionnés. Polluants pour lesquels il était possible d’estimer les expositions rétrospectivement depuis 1990 », détaille Delphine Praud, chercheuse en épidémiologie environnementale ayant travaillé sur l’étude Xenair. Ce qui n’était pas le cas à l’époque des particules ultrafines (PUF) qui font l’objet désormais d’inquiétudes croissantes de la part des autorités sanitaires.
En parallèle, des analyses supplémentaires ont démontré un risque plus élevé « chez les femmes ayant été exposées pendant leur transition ménopausique – période de sensibilité accrue – pour le BaP et le PCB153, deux polluants classés comme perturbateurs endocriniens », ajoute l’étude. A contrario, cette dernière ne fait pas de lien entre cancer du sein et exposition au cadmium et aux dioxines, issus tous deux des procédés industriels, bien que le cadmium ait été identifié comme étant une cause importante du cancer du sein via l’alimentation. D’autres analyses en cours concernent l’exposition à l’ozone, huitième et dernier polluant pris en compte dans l’étude Xenair.
Face à de tels résultats, l’amélioration de la qualité de l’air reste donc un levier majeur pour contribuer à la prévention du cancer du sein en France. Pour preuve : « Si on prend comme référence les seuils de l’Europe pour les particules PM2.5., les particules PM10 et les dioxydes d’azote (NO2), respectivement près de 4 %, 1 % et 1 % des cancers du sein des femmes de notre étude auraient pu être évités », relaient les deux scientifiques qui travaillent aussi actuellement sur la question de l’effet combiné de l’exposition à ces polluants multiples, avec un soutien de la Ligue contre le cancer, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et de l’Anses. « En revanche, si les niveaux d’exposition au NO2 ou dioxyde d’azote étaient en dessous des recommandations de l’OMS de 2022, 7 % des cancers du sein de la population Xenair auraient été évités ». Des estimations qui restent à confirmer pour les particules PM2.5 et les particules PM10.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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