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Un espoir de traitement pour enrayer la maladie de Huntington

Une équipe de chercheurs français dirigés par Anne-Catherine Bachoud-Lévi et Marc Peschanski (unité 421 de l'Inserm, faculté de médecine de Créteil, Assistance publique-Hôpitaux de Paris) publie dans le numéro de mars 2006 de la revue Lancet Neurology les premiers résultats de ses recherches sur le traitement expérimental de la maladie de Hungtinton à partir de greffes intracérébrales de cellules foetales. La maladie (ou chorée) de Huntington est une affection héréditaire du système nerveux central, due à une dégénérescence neuronale dans des régions spécifiques du cerveau, dont le fonctionnement est essentiel au contrôle de l'exécution des messages élaborés par le cortex. Jadis dénommée "danse de Saint-Guy" elle a été identifiée en 1872 par le médecin qui lui a donné son nom. Cette affection est d'évolution à la fois progressive et inexorable.

Elle se caractérise par l'apparition, vers la quarantaine, de symptômes neurologiques, dont le plus caractéristique est la chorée (mouvement involontaire, imprévisible et illogique, irrégulier et bref, de grande amplitude), associés à d'autres signes de nature neuropsychiatriques (troubles du caractère, de l'humeur et de la personnalité). La maladie, d'origine génétique, se transmet sur un mode héréditaire. Elle touche, sans distinction de sexe, près d'une personne sur 10 000 et représente de ce fait la plus fréquente des maladies rares. En France, les couples risquant de donner naissance à un enfant porteur de l'anomalie génétique peuvent depuis quelques années avoir recours à la technique du diagnostic pré-implantatoire. En 1998, un groupe dirigé par Philippe Hantraye (service hospitalier Frédéric-Joliot, CEA, Orsay) annonçait, dans les colonnes de Nature Medicine, avoir mis au point un modèle expérimental chez le singe Macaca fascicularis, chez lequel ils avaient induit des lésions et des symptômes comparables à la chorée de Huntington et greffé ensuite des cellules neuronales prélevées sur des embryons de ces primates. C'est sur la base de ces travaux qu'un essai pilote a été lancé chez un groupe de cinq malades dans le cerveau desquels on a greffé des cellules neuronales foetales prélevées après une interruption de grossesse.

Un premier bilan avait été publié en 2000. Celui qui est rendu public aujourd'hui permet une analyse avec six ans de recul. "Sur les cinq malades du groupe, deux n'ont pas eu d'amélioration, sans doute à cause du stade évolué de la maladie au moment de la greffe, explique le docteur Anne-Catherine Bachoud-Lévi, membre de l'équipe Avenir de l'Inserm spécialisée dans la neuropsychologie interventionnelle. En revanche, pour les trois autres, les conclusions sont positives puisque nous avons observé une rémission des symptômes moteurs durant quatre à cinq ans et une rémission des troubles intellectuels, qui demeure dès lors que la motricité n'est pas sollicitée. En d'autres termes, il ne s'agit pas du traitement qui permettrait de guérir, mais bien d'une avancée qui, pour la première fois, ouvre de réelles perspectives thérapeutiques."

Un essai européen prolongeant ce travail a été lancé. Il prévoit de réaliser de telles greffes chez soixante personnes souffrant de la maladie de Huntington. Une trentaine d'opérations ont déjà été pratiquées et les premiers résultats seront présentés dans deux ans. Pour les médecins, les chirurgiens et les biologistes engagés dans cette recherche, il ne fait aucun doute que les greffes de cellules d'origine foetale seront, à court ou moyen terme, prolongées par des greffes intracérébrales de cellules souches humaines.

LM

Web MD

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